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Un dialogue entre les cultures est-il possible ?

25/12/2012 | par Anne Carvallo | dans Monde | 11 commentaires

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Lorsque nous entrons au Musée du Quai Branly, dénommé aussi, Musée des « Arts Premiers », nous lisons, « Musée du dialogue entre les cultures ». Rentrons dans le Musée, y percevons-nous les conditions d’un dialogue ?

Ici, les objets sont exposés, présentés et décrits dans toute leur magnificence, mais séparés de ce qui leur donnait du sens dans leur culture d’origine, objets inertes et morts, offerts à la curiosité gourmande ou blasée du visiteur occidental, soucieux d’accroître sa « culture », mais inconscient du meurtre accompli et de la pauvreté de ce qu’il en retire ; il « consomme » de la culture, et reste intégralement dans la sienne. Ceci pourrait nous faire penser au personnage d’Italo Calvino, dans Les vacances de Monsieur Palomar ; monsieur Palomar se rend au Mexique en vacances et, visitant les pyramides de Teotihuacan près de Mexico, il entend un touriste européen, qui, nourri de lectures savantes sur le sujet, se croit autorisé à délivrer l’interprétation, incontestable selon lui, de toutes ces sculptures qui ornent les édifices, alors qu’un jeune instituteur autochtone qui accompagne ses élèves, ne donne, lui, que des bribes d’explication et clôt ses discours par : « sur ce point, on ne sait rien », faisant surgir chez ses jeunes auditeurs tout le mystère de ces civilisations disparues. Il ne s’agit pas de nier l’importance et la fécondité des savoirs que l’Europe élabore depuis si longtemps sur les autres cultures mais, comme le souligne Marc Bloch, à propos de l’histoire, s’ils nous proposent des explications, nous permettent-ils vraiment de comprendre ces sociétés ? et où réside l’obstacle à cette compréhension ? est-ce dans un manque de traces, de documents et témoignages sur ces sociétés ? peut-être en partie, mais ne faudrait-il pas aussi que celui qui cherche à connaître une autre culture se demande si ce n’est pas en lui que se trouve l’obstacle le plus grand à cette connaissance ; son regard qu’il croit neuf et libre porte les traces de toute la culture à laquelle il appartient, et sa soif de connaissances, sa prétention à la vérité n’est peut-être qu’un des masques de sa volonté de domination, un autre visage de la conquête.
De même qu’il est dérisoire de prétendre connaître parfaitement autrui, peut-on résoudre l’énigme du sens des sociétés, et prétendre les connaître intégralement. Ces discours savants, si l’on pense qu’ils peuvent nous permettre de comprendre totalement une culture, ne finissent-ils pas par étouffer en nous toute possibilité d’interrogation sur ce qui constitue sans doute le fond de toute culture, à savoir l’énigme de l’homme, de la vie et de la mort ?
Ces discours prétendent qu’avec les progrès des connaissances, il n’y a plus de place pour ces zones obscures qui irisent le savoir, et pourtant n’est-ce pas là le moteur de la pensée : l’inconnu, et peut-être l’inconnaissable, moteur de toutes les grandes aventures et explorations, que celles-ci soient géographiques, intellectuelles ou artistiques ?

Toute culture est transculturelle

Certes, il est incontestable qu’il existe des cultures qui ont une identité propre à peu près repérable : la culture chinoise, la culture indienne, ou occidentale etc. ; mais, si l’on se penche sur chacune de ces grandes entités, nous voyons qu’elles se fractionnent en une grande diversité de « mondes , (tout comme Proust dans La Recherche, nous montre comment la langue française se démultiplie en des manières de parler si différentes selon le milieu social des interlocuteurs ).
Nous pouvons dire que toute culture est « transculturelle », c’est-à-dire résulte de rencontres, d’échanges, de métissages multiples. Ces échanges ont pu prendre la forme de conquêtes, de guerres coloniales, de commerce… Marco Polo et son père pensent tout d’abord au négoce lorsqu’ils prennent la route de Pékin, et , au Quattrocento lorsque les marchands qui sillonnent l’Europe emportent des tableaux d’Italie aux Pays-Bas, ce qui circule, ce ne sont pas seulement des tableaux, de l’argent et des tissus, mais aussi des manières de peindre, de voir, de vivre.
Matteo Ricci, lui, lorsqu’il part vivre en Chine à partir de 1582 est un jésuite missionnaire soucieux de l’expansion de cette Eglise « catholique », c’est-à-dire à visée universelle, à laquelle il appartient. Il deviendra astronome et mathématicien de l’empereur et adoptera une attitude syncrétique qui sera plus tard à l’origine de la querelle des rites chinois, mais qui montre qu’il s’était avancé très loin dans la connaissance intime de la culture chinoise même si ses liens avec sa propre culture, et principalement avec l’Eglise catholique et Rome, avaient fini par l’emporter.
Ainsi toute culture est « transculturelle », car son identité n’est pas figée, donnée depuis ses commencements immémoriaux ; cette identité s’est construite dans le temps, elle est un résultat, en recomposition permanente, avec des moments douloureux, voire tragiques dans lesquels elle a éprouvé le risque de la mort. Pensons à la culture grecque, à l’empire romain, à ces moments où la rencontre entre deux cultures devient une question de vie ou de mort pour l’une des cultures.
Dans l’histoire de la pensée, mêmes rencontres, mêmes assimilations et mêmes pertes, ou disparitions.
Paul Ricœur, dans Finitude et culpabilité souligne cette « transculturalité » de la philosophie : « Notre philosophie est grecque de naissance. Son intention et sa prétention d’universalité sont situées ; le philosophe ne parle pas de nulle part, mais du fond de sa mémoire grecque… La rencontre de la source juive avec l’origine grecque est l’intersection fondamentale et fondatrice de notre culture ; la source juive est le premier « autre » de la philosophie, son autre le plus « proche » ; le fait abstraitement contingent de cette rencontre est le destin même de notre existence occidentale. Puisque nous existons à partir d’elle, cette rencontre est devenue nécessaire, en ce sens qu’elle est le présupposé de notre irrécusable réalité ».

Les obstacles au dialogue

Comment s’effectuent ces rencontres ? Nous avons vu qu’elles pouvaient être conflictuelles dans les guerres et les rivalités économiques, ou plus pacifiques comme le commerce des biens ou des idées l’exige .
Cependant dans les domaines apparemment plus rationnels de la sociologie et de l’anthropologie, ou bien encore dans celui apparemment inoffensif du tourisme moderne , le dialogue se noue-t-il plus facilement ?
Dans ces approches, bien différentes, il est vrai, un même péril : nous croyons rencontrer l’autre mais, bien souvent, ce n’est que parce que nous l’avons ramené, ou plutôt réduit, à quelque chose de semblable à nous-même ; nous projetons nos schémas, nos modèles, nos savoirs, notre imaginaire occidental sur l’autre, refusant inconsciemment d’accepter l’autre réellement c’est-à-dire avec (et non malgré) sa différence.
Le tourisme moderne sait bien exploiter cette résistance aux différences et propose des « paradis » qui, sous d’autres latitudes il est vrai, ne perturbent en rien nos manières de penser et de vivre.
N’y aurait-il pas une sorte d’inaptitude au dialogue chez chacun de nous ? Prisonniers de notre regard et de nos savoirs, nous sommes inconscients de tous nos présupposés, et de tous les montages aussi bien intellectuels qu’institutionnels qui façonnent nos esprits, nos sensibilités, et , à notre insu, ferment toute possibilité de dialogue avec d’autres cultures que la nôtre. Nous retrouvons notre question initiale : où est l’obstacle principal à la connaissance d’une autre culture ? est-ce dans l’objet à connaître ou dans le sujet ?

« Ce que l’Occident ne voit pas de l’Occident »

Nous reprenons ici le titre d’une conférence prononcée par Pierre Legendre au Japon en 2004 (ed. Mille et Une Nuits). Ce titre nous installe, de suite, dans cette idée essentielle : aucune société ne peut être transparente à elle-même , car toute culture est prisonnière de sa propre genèse, dans la langue d’abord qui structure dès sa naissance le rapport des individus au réel, à la nature, à autrui comme à soi-même, dans les institutions ensuite à l’intérieur desquelles le sujet construit son identité, la fabrique. Pierre Legendre parle de « la fabrique de l’homme occidental ».
Ces institutions, qu’il s’agisse de la famille, de l’Etat, de tous les domaines du droit, des religions mises en scène par les Eglises, de tous les codes sociaux , sont le nœud où s’articulent l’individu et la société, où se met en place et se consolide donc le lien social ; tout ceci nous « fait tenir debout » pourrait-on dire, comme nous le reconnaissons lorsque nous déplorons la « perte des repères » d’un individu : il s’agit bien de repères culturels qui donnent du sens à nos vies en nous disant comment vivre, en élaborant des normes de conduites.
Cependant nous ignorons ces processus, infatués de nous-mêmes que nous sommes et facilement auto-convaincus que nous sommes les auteurs absolus de nos pensées, de purs commencements ! Notre vision moderne de l’histoire nous pousse à cette illusion : l’utilité de notre connaissance du passé nous semble surtout résider dans ses capacités de prospective, tournée vers l’avenir, cette « page blanche » que nous avons à écrire ; c’est à une toute autre conception de l’histoire que nous invite P. Legendre : une histoire pensée sur le modèle de la géologie, chaque époque laisse des sédiments qui, même recouverts par la suite, n’en sont pas moins actifs sous la croûte superficielle qui les masque ;
La psychanalyse repose sur la même idée, cette idée que Joseph Conrad nous livre dans Lord Jim au chapitre 7 : « Nul homme ne comprend jamais tout à fait ses propres esquives et ruses pour échapper à l’ombre sinistre de la connaissance de soi ».
Aveuglement sur soi, et si toute culture était cet immense jeu de fictions, de représentations, nous permettant ,en obéissant à des normes communes, de trouver du sens, de donner une direction à nos vies, de nous sentir proches de ceux dont nous partageons les montages culturels ? Mais c’est en même temps ce qui nous empêche de rencontrer d’autres cultures, de parvenir à une « connaissance réciproque » ; nous restons prisonniers et inconscients de nos œillères, de nos certitudes, de nos valeurs que nous ne parvenons pas à questionner sauf à percevoir dans le regard étonné ou effaré de l’autre le reflet de notre identité. La nouvelle de Jorge Luis Borges « La forme de l’épée » ( in Fictions) met en scène un personnage : « Une balafre rancunière lui sillonnait le visage » rappelant à tout jamais la conduite honteuse qu’il avait eue bien des années auparavant ; impossible de l’effacer, ni même de l’oublier tellement toute rencontre lui faisait croiser le regard dégoûté de ceux qu’il était amené à fréquenter ; nous portons tous des balafres, signes indélébiles de notre appartenance à une culture ; grâce au regard de l’autre, nous pouvons en prendre conscience et parvenir à une connaissance réciproque dans laquelle les différences ne sont pas escamotées mais reconnues et acceptées.

Alors, nous pouvons dire qu’un dialogue entre les cultures est possible, à condition que chacun renonce à vouloir dominer l’autre d’une manière ou d’une autre, que chacun tente, à l’aide du regard de l’autre, de se connaître. La vérité n’est plus possédée par l’un ou l’autre, mais se joue dans la rencontre entre les deux.

 

Anne Carvallo

Professeur agrégée en philosophie, Anne Carvallo a enseigné en classes préparatoires au Lycée Louis-le-grand jusqu'en 2010. Elle est membre du Conseil scientifique et du Conseil d'administration de l’Institut Transcultura, réseau universitaire international créé par Umberto Eco et Alain le Pichon en 1988. Relié à de nombreuses universités en Asie, en Afrique et en Europe, il vise à répondre à l’exigence croissante de connaissance réciproque entre les cultures européennes et non-européennes.

 

 

Commentaires

Fort bien, le dialogue des cultures et le transculturel. Encore faudrait-il savoir quelles sont ces cultures qui échangent, ce qui fait leur unité et leur identité. Ce préalable est esquive au profit d’un primat de l’autre et de la différence. On inverse les choses, l’autre précède l’un, la différence précède l’identité, dans une métaphysique inversée, qui ignore toujours la dialectique des deux, qui suppose de poser AUSSI l’un, l’identique, le soi, sans nier l’un des deux termes de l’échange.
A moins de prendre le point de vue de Dieu surplombant des autres qui échangent…..

par Patrick ghrenassia - le 25 décembre, 2012


@ Patrick Ghrenassia : C’est bien tout l’enjeu ! Cependant, dans la fable de Borges, par exemple, c’est l’identité qui est rappelée au travers de l’autre. J’oublie la cicatrice que je porte au visage et c’est l’étonnement de l’autre qui me rappelle que je suis balafré !
Mais vous avez raison, il faudrait une extériorité en surplomb, que ce soit pour marquer l’altérité ou … l’identité ! On cherche toujours le référentiel du train qui est en mouvement.

par L'équipe d'iPhilo - le 26 décembre, 2012


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par Un dialogue entre les cultures est-il possible ? | iPhilo | Asean Weaver For Business Blog - le 13 juillet, 2013


Intéressante réflexion sur les objets séparés de leur contexte et jetés en vrac à notre consommation, comme c’est le cas pour le MUCEM à Marseille, à la superbe architecture mais à la bien pauvre exposition de ce qui fait les civilisations méditerranéennes ! Le musée lui-même, comme d’ailleurs le zoo avec ses « échantillons animaux » sont une conception très occidentale, riche tant que la culture et l’érudition suivent, dénuées de sens sans l’acculturation que mit en oeuvre le Père Ricci. Mais s’agit-il vraiment d’invitation à un dialogue, nécessairement nourri de contradictions et de paradoxes, ou d’incitation à un monologue sans contradiction possible ?

par Elizabeth Antébi - le 13 juillet, 2013


Faut-il déplorer la perte des repères ? Quels repères ? La langue qui « structure notre rapport au réel », et les institutions qui « fabrique notre identité », sont certainement à renforcer, non pas tant pour les repères culturels qu’elles apportent aux individus, que pour l’unité, qu’elles promeuvent, de la communauté politique dans laquelle chaque individu se trouve. Car si la langue et les institutions fabriquent des repères, ce sont certes des repères culturels, qui serviront dès lors d’attaches identitaires aux individus, mais ce sont aussi et surtout des repères politiques, outils pour les individus citoyens, pour s’orienter dans la cité : la loi, les droits de l’homme, la morale commune, l’instruction élémentaire (lire et écrire la langue de la communauté politique). Et c’est là tout le paradoxe de ces repères, à la fois enracinement dans une culture et leviers d’émancipation des individus. Le politique et le culturel y sont mêlés, et il convient dès lors de toujours bien distinguer ce qui est vecteur d’enracinement dans une culture et ce qui est outil d’émancipation par rapport aux préjugés et aux croyances. Donner du sens à notre vie passe t-il pas plutôt par notre investissement dans les outils de l’émancipation que nous offrent les institutions, que par le retour à nos racines culturelles?
Ce paradoxe se retrouve dans le dialogue : Lieu de la critique de nos repères (comme le dialogue socratique nous l’enseigne) ou bien lieu de l’affirmation de ceux-ci dans un but d’échange et d’enrichissement (selon le sens courant que l’on donne au dialogue, y compris dans cet article). En effet, plus qu’un exercice d’échange d’opinions, de croyances, d’idées, le dialogue n’est-il pas plutôt une condition de la perte de nos repères culturels, en même temps que la perte de nos repères est la condition d’un véritable dialogue ?
En effet c’est en découvrant l’autre au travers de ce qu’il nous dit de ses repères culturels que nous sommes amenés à douter de nos propres repères culturels, et à l’inverse c’est parce-que nous doutons de nos propres repères (je sais que je ne sais rien disait Socrate) que nous ressentons le besoin de dialoguer avec l’autre, c’est l’ignorance (a travers le doute) qui nous pousse à savoir et à interroger l’autre. Ce que chacun apporte au dialogue, n’est-il pas, au final, ses propres interrogations sur ses propres repères, plus que l’affirmation de ses particularités culturelles. Dans un dialogue, l’interrogation de chacun des interlocuteurs, non pas sur la culture de l’autre pour s’en enrichir au travers de ses réponses, mais l’interrogation mutuelle de chacun sur les repères de l’autre comme sur ses propres repères culturels (repères que l’on découvre d’ailleurs ainsi, au cours du dialogue), est ainsi mise en commun dans l’espace du dialogue.
Dès lors, que signifie le dialogue des cultures ? Il ne peut y avoir, concrètement, dialogue qu’entre deux individus, dont les repères ont certes été façonnés par une ou plusieurs cultures, mais qui précisément, les interrogent, les remettent en question, et donc s’en détachent par le dialogue avec l’autre. Ce sont toujours deux singularités, et non pas deux particularités, qui dialoguent. Ce sont deux singularités, c’est-à-dire deux individus non réductibles à leur(s) culture(s), qui dialoguent en découvrant leur commune universalité, par déblaiement de leurs particularités culturelles, par questionnement réciproque de leurs repères. Chacun, en questionnant l’autre sur ses repères, et en acceptant de se laisser questionner, est ainsi conduit à s’interroger lui-même sur ses propres repères. C’est la force du dialogue socratique, exercice spirituel, selon le mot de Pierre Hadot, qui nous amène au savoir, à l’universel, par questionnement et réfutation de nos opinions ; opinions qui reflètent nos préjugés et donc nos repères culturels.
Le dialogue est un combat à coups d’arguments rationnels, qui détruisent les opinions des uns et des autres, et les émancipent ainsi de leurs attaches culturelles, et non pas un échange, qui viendrait dès lors nous enrichir mutuellement, par affirmation de nos propres repères culturels, et acceptation réciproque des repères culturels des autres.
On connait la critique des multi-culturalistes qui s’offusquent de l’universel abstrait, qui selon eux caractérise la tradition intégratrice française. Mais au contraire ce qui est universel, ce que nous partageons, notre commune humanité, n’est-il bien plus concret, que les particularités, culturelles ou autres, qui nous différencient, et qui ne sont bien souvent que des catégories, définies en fonction de critères extérieurs aux individus ? La religion, la nationalité, l’ethnie, la classe sociale, ne sont-elles pas plus abstraites, aux contours vagues, aux multiples variantes ? Une catégorie, dans la simplicité de sa définition, n’est-elle pas plus abstraite que les traits communs à tout homme, que chacun peut découvrir en l’autre par le dialogue. Dialoguons pour nous enrichir mutuellement, mais sachons d’abord d’où nous venons, disent-ils. A quoi nous pouvons répondre : forçons-nous d’oublier d’abord d’où nous venons, pour dialoguer et rencontrer l’autre au sein d’une commune humanité.

par Bernard Cretin - le 14 juillet, 2013


L’Arabe aux yeux de l’orientalisme français

Tout au long de l’Histoire, l’être occidental s’est construit un système de représentations concernant son voisin de la rive sud de la Méditerranée. L’« Arabe » est devenu ainsi pour l’Européen «l’Autre» par excellence.
Miroir de la société, la littérature va emboiter le pas et avec l’arrivée de la mode orientaliste pendant le 19 siècle, la littérature française va mettre en scène d’une manière continue l’Arabe et son univers. Des écrivains comme Chateaubriand, Lamartine ou encore Flaubert vont entamer des voyages en Orient et vont créer une altérité arabe (religieuse, culturelle, politique voire raciale) et changer définitivement la perception des Arabes par l’Occident. Ainsi, ces promoteurs de l’esprit français vont entretenir avec l’Orient et ses habitants une relation pour le moins étrange. Tout d’abord, ils prennent la direction de l’Orient pour y rechercher un peu d’exotisme susceptible de les inspirer. Cependant, la magie qu’exerce ce lieu et la fascination qu’ils éprouvent à son égard font place rapidement à une déception et à une désillusion donnant lieu, à son tour, à une agressivité insoutenable. Quelques uns parmi ces écrivains vont même devenir de grands chantres du colonialisme.
Quatre étapes y peuvent être nettement reconnus, qui marquent de la sorte ces «voyages en Orient» : une étape de fuite et d’exotisme, une autre de fascination et d’attirance, une troisième de déception et de désillusion et une ultime d’animosité et de malveillance qui va aller jusqu’à préfigurer l’Histoire et annoncer les affres du colonialisme. (lire à ce sujet : Rachid Naim/ L’Arabe aux yeux de l’orientalisme littéraire)

par Ghouti - le 10 janvier, 2014


Permettez-moi de poser une question, abominablement sacrilège je le crains , en cette époque où le communautarisme tente de s’imposer comme le nouveau  » vivre ensemble « , avec la bénédiction des bien-pensants : n’y aurait-il pas une hiérarchie des cultures ? N’est-ce pas, après tout , la thèse principale de Max Weber, dans son livre  » L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme  » ? Commentant cette oeuvre capitale dans  » Les étapes de la pensée sociologique « , Raymond Aron remarquait :  » Les traits spécifiques du capitalisme occidental, la combinaison de la recherche du profit et de la discipline rationnelle du travail , ne sont apparus qu’une seule fois au cours de l’Histoire. Le capitalisme de type occidental ne s’est développé nulle part en dehors de la civilisation occidentale. (…)Cette singularité économique s’expliquerait-elle au moins en partie par les traits singuliers des conceptions religieuses de l’Occident ?  » Or j’ai la faiblesse de préférer une société capitaliste, organisée grâce aux règles de la démocratie, et notamment celle de la laïcité, à tout autre régime politique, notamment celui de la théocratie. Qu’un dialogue entre les cultures soit nécessaire, c’est une évidence. Mais pas question de le vivre au prix de la perte de notre identité . Pour le dire clairement : oui à l’intégration mais non à la dilution. C’est bien aux personnes de culture étrangère de s’adapter à la France et non l’inverse .

par Philippe Le Corroller - le 20 février, 2014


Oh que j’aimerais avoir l’assurance de MA culture et de voir les autres y adhérer….
Mon arrière grand père se méfiait des gens du village d’à côté, » ils ne pense pas comme nous, donc… », mon grand pére se méfiait des citadins et mon pére des Américains. Mon immigrant m’a changé, comme j’ai changé mon autochtone il y a 300 ans, il m’a appris à survivre au Québec, il changé ma culture française pour en faire une culture québécoise. Tout ça pour dire que me change, que je le veuille ou non. Je peux exiger qu’il s’intègre ou souhaiter qu’il le fasse en me montrant qui il est et qui je suis. De toute façon nous ne serons plus les mêmes après notre rencontre, autant le faire de bonne foi que par la coercition. Je ne crois pas qu’aucune culture ne puisse se targuer d’être La Culture,
L’occident rencontre de plus en plus l’orient, si on veut parler choc des cultures… Et que dire de la/les cultures africaines… Tous ces dialogues vont nous permettre de mieux nous connaître et surement nous obliger à une remise en question plus ou moin pénible selon que nous le fassions de bon ou mauvais gré. La tribu, le troupeau grossit et notre individualié devra s’adaptée à cette nouvelle réalité
; mon voisin est de plus en plus près et parfois très différent. Je dialogue et change ou je me bute et….

Yvan Picotin

par Yvan Picotin - le 5 mars, 2014


[…] Anne Carvallo, « un dialogue entre les cultures est-il possible ? », iPhilo, […]

par iPhilo » Souffrant de phobie intersubjective, il ne reconnaissait pas autrui - le 11 septembre, 2014


Remise en question ? Certes ! N’est-ce pas ce que propose le philosophe musulman Abdennour Bidar dans sa très belle et désormais très fameuse  » Lettre ouverte aux musulmans  » ?

par Philippe Le Corroller - le 18 janvier, 2015


[…] aussi : Un dialogue entre les cultures est-il possible ? (Anne […]

par iPhilo » L’activisme tue la politique - le 10 juillet, 2019



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