#BacPhilo : la nature, naissance ou essence ?
LE BAC PHILO : À partir de 2021, les élèves de Terminale se confrontent à une réforme du Baccalauréat. iPhilo se propose donc de publier des extraits d’analyses de notions de philosophie faites par Sylvain Portier dans Philosophie, contrôle continu (Éd. Ellipses). Ce mois-ci, la nature.

Docteur en philosophie, Sylvain Portier est professeur de lycée en Loire-Atlantique, conférencier et rédacteur en chef d’iPhilo. Il a notamment publié Fichte, philosophe du Non-Moi (Éd. L’Harmattan, 2011), Philosophie, les bons plans (Éd. Ellipses, 2016) et Philosophie, contrôle continu (Éd. Ellipses, 2014 et 2020). Il a réalisé des conférences pour les Éditions M-Éditer. Un compte philosophique Instagram peut être suivi.
La nature (terme que l’on écrit parfois avec un N majuscule pour la personnifier) désigne l’ensemble de ce qui, dans le monde physique, n’a pas été transformé par la main de l’homme. Le mot vient d’ailleurs du latin natura, qui renvoie à l’idée de naissance. De plus, la nature possède des régularités, des lois qui ne peuvent changer ou être changées, contrairement aux lois qui régissent les sociétés humaines.
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L’homme va ainsi tenter de donner une forme humaine à la nature, mettre son empreinte sur le monde. C’est pourquoi Descartes considérait, dans le Discours de la méthode, que «l’homme est comme maître et possesseur de la nature». On notera ici la triple importance du mot comme : il indique d’une part la limite des capacités humaines, l’homme ne pouvant pas modifier les lois de la nature elle-même : il ne peut que les maîtriser intellectuellement, les comprendre, et les faire jouer physiquement les unes contre les autres. Ainsi, pour voler, l’avion ne viole pas les lois relatives à la gravité mais, au contraire, les utilise. D’autre part, cette expression souligne le fait que l’homme restera toujours soumis à certaines contraintes technologiques, et que la puissance de la nature dépasse souvent de beaucoup les siennes
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Le terme nature désignant aussi l’essence de quelque-chose, ce qui peut la définir une fois pour toute, on peut dire qu’il est paradoxalement dans la nature de l’homme de ne pas avoir de nature. L’existentialisme de Sartre a fortement critiqué l’idée selon laquelle il y aurait une nature de l’humanité en général, ou des hommes par opposition aux femmes. Il n’y voyait au contraire que des constructions sociales intégrées par les individus tout au long de leur existence. Il y a bien sûr une nature biologique de l’homme et de la femme, un mâle n’étant pas une femelle, mais tout le reste n’est que productions historiques. C’est en ce sens que Simone de Beauvoir (compagne de Sartre) disait, dans Le deuxième sexe, que si l’on naît bien sûr mâle ou femelle (ou autre), «on ne naît pas femme, on le devient» – et il en va de même pour l’homme.
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Pour aller plus loin : Sylvain Portier, Philosophie, contrôle continu, Éd. Ellipses, 2020.
Inclus, un corrigé de dissertation : La nature peut-elle servir de norme morale ?

Docteur en philosophie, Sylvain Portier est professeur de lycée en Loire-Atlantique, conférencier et rédacteur en chef d'iPhilo. Il a notamment publié Fichte, philosophe du Non-Moi (Éd. L’Harmattan, 2011), Philosophie, les bons plans (Éd. Ellipses, 2016) et Philosophie, contrôle continu (Éd. Ellipses, 2014 et 2020). Il a réalisé des conférences (disponibles en ligne) pour les Éditions M-Éditer. Un compte philosophique Instagram peut être suivi, ainsi qu'une chaîne YouTube.
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par iPhilo » L’Édito : «Méfiez-vous de votre prochain ou fiez-vous à lui ?» - le 10 novembre, 2020
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