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La nécessaire mise en pratique de la philosophie

6/02/2015 | par Maël Goarzin | dans Philo Contemporaine | 24 commentaires

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Pourquoi les philosophies antiques comme le stoïcisme ou l’épicurisme ont-elles autant de succès, aujourd’hui ? Pourquoi les conseils et les préceptes stoïciens pour atteindre l’ataraxie sont-ils repris, à l’heure actuelle, par les différentes théories du développement personnel ou par les psychothérapeutes ? Pourquoi la vulgarisation de la philosophie antique (avec ses bons et ses mauvais côtés) est-elle à la mode et se retrouve-t-elle chaque mois dans les différents magazines de philosophie ou de psychologie ? Pourquoi les méthodes de coaching ou de pensée positive visant essentiellement au bien-être s’inspirent-elles plus ou moins explicitement de la philosophie stoïcienne, entre autre ? Autant de questions qui jouent en faveur d’une pertinence actuelle du stoïcisme, ou du moins d’un questionnement au sujet d’une telle pertinence. Mais quelle est cette pertinence ? Qu’est-ce que l’on retient, aujourd’hui, du stoïcisme, et pourquoi ?

Pour ma part, j’ai simplement voulu rappeler à cette occasion une caractéristique du stoïcisme qui, à mon avis, en fait une philosophie intéressante et applicable pour mieux vivre aujourd’hui: la simplicité pratique. Cette caractéristique essentielle de la philosophie stoïcienne peut elle-même être divisée en deux traits caractéristiques et particulièrement importants pour aujourd’hui : la nécessaire mise en pratique de la philosophie et l’attention permanente du philosophe au quotidien.

Le stoïcisme n’est pas une théorie dénuée d’implications pratiques, mais un véritable mode de vie philosophique. Faire de la philosophie, quand on est stoïcien, ce n’est pas seulement connaître et réciter les principes de l’école stoïcienne. Ce n’est pas seulement connaître la célèbre distinction proposée par Epictète entre ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas. Faire de la philosophie, c’est vivre en philosophe, vie philosophique qui se concrétise, par exemple, dans l’attention quotidienne à nos jugements et nos choix, qui dépendent de nous, et dans le détachement progressif vis-à-vis des biens matériels dont nous nous servons et des événements extérieurs qui surviennent quotidiennement et qui ne dépendent pas de nous. Cet appel à la philosophie comme mode de vie, l’appel à dépasser le discours et à mettre en pratique les principes philosophiques auxquels on croit, n’est pas propre à la philosophie stoïcienne, et se retrouve dans la plupart des philosophies antiques. Cependant, les philosophes stoïciens expriment cet appel de manière très forte et surtout de manière insistante : « Si ce que tu as étudié, tu n’es pas capable de le faire passer dans la pratique, à quelle fin l’as-tu étudié ? » (Epictète, Entretiens, I, 29, l. 35). Je trouve intéressant cet appel à vivre en philosophe parce qu’il ouvre la réflexion philosophique, d’abord et avant tout théorique, y compris pour les stoïciens, à une dimension pratique et concrète que l’on a parfois tendance à perdre lorsqu’on passe ses journées dans les livres. Donc pour moi, ces textes stoïciens, dont je me contenterai aujourd’hui de vous citer un passage particulièrement frappant et théâtral, ces textes me rappellent à l’ordre, me rappelant la supériorité d’une vie bonne et juste sur la simple connaissance du bien et de la justice, et l’inanité d’une connaissance qui n’aurait pas d’impact sur ma façon de vivre.

Dans les Entretiens, Epictète s’adresse à ses élèves, discutant avec eux, de manière très précise, de la manière de mettre en pratique la philosophie stoïcienne dans toutes les circonstances de la vie, jusqu’au moment de mourir. Il suffit de parcourir la table des matières des Entretiens pour se rendre compte de la diversité des situations prises en compte par Epictète. De ce fait, les Entretiens sont un ouvrage extrêmement utile pour visualiser la manière de vivre d’un stoïcien à l’époque impériale. En outre, le style d’écriture et le ton employé est celui de la conversation. On imagine donc très bien Epictète discuter avec l’un de ses élèves et lui conseiller de ne pas s’en tenir aux beaux discours, aux principes philosophiques qu’il lui enseigne mais de les intégrer, de les digérer, pour reprendre une image présente à la fois dans le Manuel (Manuel, 46) et dans les Entretiens :

« Ceux qui ont reçu les purs principes, sans rien de plus, veulent aussitôt les vomir, comme font pour la nourriture ceux qui souffrent de l’estomac. Commence par les digérer, puis, ne les dégorge pas de cette façon. (…) Mais après les avoir digérés, montre-nous quelque changement dans la partie maîtresse de ton âme, de même que les athlètes montrent leurs épaules, résultats de leurs exercices et de la nourriture qu’ils ont prise, de même que les artisans montrent les résultats de l’enseignement qu’ils ont reçu. Le charpentier ne vient pas vous dire : « écoutez-moi disserter sur l’art des charpentes », mais il fait son contrat pour une maison, la construit, et montre par là qu’il possède cet art. Agis de même, toi aussi. (…) Montre-nous cela pour que nous constations que tu as réellement appris quelque notion de philosophie. » (Epictète, Entretiens, III, 21, lignes 1 à 6.)

Le résultat de la digestion des principes philosophiques doit être l’action, plus précisément l’action bonne. Afin de vivre véritablement en philosophe, il faut donc agir, et non seulement parler. C’est tout le propos de cet extrait, très imagé et frappant, que je recopie ici malgré sa longueur, car il montre la fermeté d’Epictète à l’égard de cette nécessité absolue de mise en pratique :

« Où sont donc, philosophe, ces beaux principes que tu expliquais ? Ton explication, d’où la tirais-tu ? De tes lèvres, et c’est tout. Pourquoi donc gâcher des ressources qui ne sont pas à toi ? Pourquoi jouer avec des matières qui sont de la plus haute importance ? Autre chose, en effet, est de mettre en réserve dans un cellier des pains et du vin, autre chose est de manger. Ce qui est mangé est digéré, distribué à travers le corps ; c’est devenu nerfs, chair, os, sang, teint florissant, saine respiration. Ce qui est en réserve, tu peux facilement le prendre et le montrer quand tu veux, mais tu n’en retires aucun profit, sauf celui d’avoir la réputation de le posséder. Quelle différence y a-t-il, en effet, entre commenter ces enseignements ou ceux des écoles opposées ? Assieds-toi, disserte sur la doctrine d’Epicure. Peut-être disserteras-tu plus habilement qu’Epicure lui-même. Pourquoi donc te prétendre stoïcien, pourquoi tromper la foule, pourquoi, étant grec, feindre d’être juif ? Ne vois-tu pas pour quelle raison chacun est dénommé juif, syrien ou égyptien ? Et quand nous voyons quelqu’un hésiter entre deux partis, nous avons coutume de dire : « Il n’est pas juif, mais il feint d’être juif. » Mais quand il prend l’esprit du baptisé et du sectateur, alors il est réellement juif et on l’appelle juif. Ainsi de nous également faux baptisés, juifs de bouche, mais en réalité toute autre chose, en désaccord avec notre langage, bien éloignés de mettre en pratique les doctrines que nous exposons, ces doctrines que nous nous enorgueillissons de connaître. Voilà comment, alors que nous ne pouvons même pas remplir la fonction d’homme, nous voulons assumer encore celle de philosophe, fardeau énorme ! C’est comme si un homme incapable de porter dix livres voulait soulever le rocher d’Ajax. » (Epictète, Entretiens, II, 9, lignes 17-22)

L’appel est vibrant, les images sont frappantes : connaître les principes du stoïcisme sans les appliquer dans sa propre vie, c’est feindre d’être philosophe sans l’être réellement, c’est « jouer avec des matières de la plus haute importance » sans en reconnaître la valeur. Si c’est pour en rester au niveau des discours, peu importe, pour Epictète, de discuter les doctrines d’Epicure ou d’une autre école. La philosophie alors ne serait qu’un jeu de langage, sans conséquence sur notre propre vie, ce que le stoïcisme ne cesse de combattre et de critiquer, dénonçant ainsi une tendance qui ne date pas d’hier mais qui existait déjà bel et bien dans l’Antiquité.

 

Maël Goarzin

Doctorant en Philosophie antique à l’Université de Lausanne et à l’École Pratique des Hautes Études (EPHE) à Paris, Maël Goarzin tient le blog Comment vivre au quotidien ? consacré à la philosophie comme manière de vivre et à l’(in)actualité de la philosophie antique. Il est membre de l’Association Stoa Gallica, pour l’étude et la pratique d’un stoïcisme contemporain. Suivre sur Twitter : @MaelGoarzin

 

 

Commentaires

Bien d’accord avec votre plaisante injonction à mettre en pratique tous les jours la philosophie , au lieu de se contenter d’en disserter . Un travers que le regretté Raymond Queneau dénonçait déjà dans son succulent  » Zazie dans le métro  » :  » Tu causes, tu causes , c’est tout ce que tu sais faire ! » .

par Philippe Le Corroller - le 6 février, 2015


C’est effectivement aussi aux stoïciens que l’on doit cette idée selon laquelle « être philosophe » (comme on dit) c’est être sage. Mais j’ai toujours du mal avec ce découpage entre discours et pratique. S’il s’agit d’exhorter les hommes à tenir davantage parole, je l’entends bien. Mais le discours philosophique qui se « fixe » dans une écriture est d’ores et déjà une pratique. Les idées s’éprouvent d’abord à travers une écriture qui fait sens. Par ailleurs, il faut rappeler que le stoïcisme correspond également à une obsession de l’équilibre cosmique tel que le sage doit rappeler constamment son corps à l’ordre dans un mépris pour la vie quotidienne, c’est-à-dire celle de la plupart des hommes que le stoïcien juge « inconvertibles ».

par Jean-Sébastien Philippart - le 6 février, 2015


Je comprends votre réticence en ce qui concerne le découpage entre discours et pratique, et je suis tout à fait d’accord avec vous sur la pratique de l’écriture, considérée par les stoïciens comme un exercice spirituel. Le meilleur exemple sont les Pensées pour moi-même de Marc-Aurèle. Ce qu’il faut bien comprendre, pour ne pas tomber dans cette séparation trop forte entre discours et pratique, c’est que l’un et l’autre sont nécessairement liés. Les principes philosophiques influencent mon action, ma manière de vivre, et le contraire serait incohérent, ce que le stoïcien ne veut pas! Mais sans ces principes, sans un certain discours, que ce soit celui d’un professeur, ou le discours écrit des premiers stoïciens, comment même connaître ces principes? Ce n’est pas possible! La philosophie et le philosophe a donc besoin du discours, mais doit être étroitement lié à la pratique.

par Maël Goarzin - le 6 février, 2015


Quant au mépris de ceux que le stoïcien ne pourrait pas convertir, je vous renvoie à ce passage des Entretiens d’Epictète et à de nombreux passages dans lesquels Epictète rappelle à ses élèves la manière d’agir face à l’homme qui agit mal:
« Qu’est-ce que cela signifie: des voleurs et des filous? Qu’ils ont erré sur les questions du bien et du mal. Faut-il donc s’irriter contre eux, ou les plaindre? Mais montre-leur l’erreur et tu verras comme ils se détournent de leurs péchés. S’ils ne la voient pas, ils n’ont rien à préférer à leur propre opinion. » (Epictète, Entretiens I, XVIII, 3-4)

Et de manière générale, je suis frappé par l’amour du prochain que les stoïciens recommandent sans cesse, et qui est très bien résumé par cette citation de Marc-Aurèle: « Prends garde à ne pas avoir, à l’égard des misanthropes, les sentiments que les misanthropes ont à l’égard des hommes. » (Marc-Aurèle, Pensées, VII, 65)

par Maël Goarzin - le 6 février, 2015


Mais n’est-ce pas de la vie elle-même, dans ce qu’elle a toujours de surprenant ou d’excessif, que nous pouvons en tirer quelque leçon ?

par Jean-Sébastien Philippart - le 6 février, 2015


Il y a très certainement une implication mutuelle du discours philosophique et du mode de vie philosophique, le discours philosophique venant justifier, renforcer ou modifier le mode de vie choisi, et le choix de vie venant déterminer le discours, d’une manière ou d’une autre… Je suis donc d’accord avec vous, même si je ne saurais pas vous dire exactement comment cette influence prend forme. En tout cas, je ne suis pas sûr que les philosophes stoïciens aient thématisé cette question.

par Maël Goarzin - le 6 février, 2015


Pardonnez-moi, mais ne s’agit-il pas davantage pour Marc-Aurèle de se retirer dans la tranquillité de l’âme plutôt que supporter autrui pour le meilleur et pour le pire ?

par Jean-Sébastien Philippart - le 6 février, 2015


Cela dit, votre engagement à nous tenir en éveil par cette belle sagesse afin qu’elle ne demeure pas lettre morte, témoigne philosophiquement en faveur de l’intelligence mêlée au coeur.

par Jean-Sébastien Philippart - le 6 février, 2015


Probablement les deux. L’homme étant pour Marc-Aurèle un être social, il doit supporter les autres, mais aussi préserver la tranquillité de son âme. Les deux aspects sont présents dans ce beau passage des Pensées (II, 1), dans lequel Marc-Aurèle se rappelle, au début de la journée, tous les maux qu’il va peut-être subir, afin de mieux les supporter dans la journée (exercice de la prévision des maux): « Se dire dès l’aurore: je vais rencontrer un indiscret, un ingrat, un violent, un perfide, un arrogant. » Mais il se rappelle aussi que tous les hommes ont la raison en partage, c’est-à-dire, dans la cosmologie stoïcienne, une part de divinité en eux: « Je connais aussi la nature du pécheur: c’est un être de même race que moi, non pas de même sang ni de même père, mais participant à la raison et ayant une part de la divinité ». C’est cette part de divinité en chacun de nous qui lie tous les hommes entre eux et empêche le sage de se couper du monde et des autres hommes: « il est contre nature de s’opposer les uns aux autres: et c’est s’opposer à eux que de s’irriter ou se détourner d’eux ».

par Maël Goarzin - le 6 février, 2015


Mais n’est-ce pas nier l’altérité de l’autre et toute la confrontation que cela implique que de le ramener à la raison (universelle) ? Je préfère pour ma part la figure d’un Jésus (et donc de Dieu) qui n’hésite pas à s’emporter violemment quand il le faut.

par Jean-Sébastien Philippart - le 6 février, 2015


D’accord avec J.S. Philipart dans son dernier commentaire sur l’agressivité naturelle et salutaire de Jésus. Ce qui nous ramène à la raison universelle est totalitaire, comme ce qui nous ramène à l’amour universel est totalitaire aussi.
Je crois.
Pour la parole et les actes, quand je dis « merci » au chauffeur du bus qui est rémunéré, je fais un acte important, que seule la parole peut accomplir. Elle n’est donc pas à négliger, ou disqualifier, comme nous avons tendance à faire. Ce n’est pas parce que nous passons des heures dans d’interminables discussions de salon que la parole est à dénigrer.
Pourquoi retombons-nous dans une opposition par paires, style « ou » exclusif, en lieu de penser ?

par Debra - le 6 février, 2015


Le conseil, pour pertinent qu’il soit, paraît néanmoins plus complexe dans sa mise en œuvre. Comment en effet, au delà du simple exercice de style, mettre en œuvre, par exemple,l’éthique Nietzschéenne de la « grande santé » et ses principes associés? Comment ne pas tomber dans l’écueil d’une facile illusion du « bonheur pour tous maintenant » que proposent à l’envi les promoteurs du développement personnel ou coaching de la réalisation de soi…triste et dévoyé recyclage des exigeants préceptes de l’exigeante sagesse antique…Peut-être justement parce que l’agir philosophique ne peut faire l’économie d’un important travail préalable de la pensée (celle-éminente- des autres pour féconder la sienne – plus modeste- ), digestion longue et difficile, pour permettre ensuite cette « sculpture de soi » propice à la mise en pratique effective d’une éthique de vie.

par Amanou Michèle - le 7 février, 2015


Pourquoi gâcher une thématique pertinente sur un sujet passionnant par une orthographe indigne ? Faîtes l’effort – stoïcien ? – de vous relire…

par Luc-Antoine Marsily - le 7 février, 2015


Merci Luc-Antoine Marsily pour votre commentaire, on a toujours besoin de relecteurs attentifs!

Debra, votre exemple est très intéressant, et je suis d’accord avec vous pour dire que dire merci au chauffeur de bus (ou à qui que ce soit) est très important, et pour aller dans votre sens, je dirais même que cette parole n’est pas un simple discours mais un acte à part entière. La performativité de votre parole est grande dans ce cas-là, et le discours tel que je l’entends et tel que les stoïciens l’entendent, serait d’expliquer théoriquement aux autres passagers du bus, ou au chauffeur lui-même, qu’il est important de dire merci, sans finalement le faire vous-même.
Dans le Manuel d’Epictète, vous avez un passage similaire concernant l’attitude du stoïcien à table:
« Ne te donne jamais le nom de philosophe, et ne bavarde pas beaucoup, en présence des non-philosophes, sur les principes théoriques, mais pratique ce qui est prescrit par ces principes, de même que, dnas un repas, tu ne tiens pas de discours sur la manière dont il faut manger, mais tu manges comme il faut manger. » (Manuel, 46)
L’important n’est pas de discuter autour des principes théoriques, mais de les appliquer.
Pour les aplliquer, néanmoins, il faut d’abord les connaître, et le discours théorique n’est donc pas exclu de la vie philosophique. Les principes philosophiques demandent d’être entendus, compris, digérés, avant de pouvoir être appliqués à notre manière de vivre. Et cela prend du temps, comme vous le rappelez très justement, Michèle Amanou. Vous avez donc raison, Debra, de rappeler qu’il ne faut pas tomber dans l’opposition, trop rapide, entre discours et manière d’agir. Les deux vont de pair. Et pour reprendre les mots de Pierre Hadot, discours philosophique et vie philosophique sont deux pôles d’une seule et même activité: la philosophie. L’un ne va pas sans l’autre, et les deux pôles se nourrissent de l’expérience acquise dans l’un comme dans l’autre.

par Maël Goarzin - le 9 février, 2015


« Afin de vivre véritablement en philosophe, il faut donc agir, et non seulement parler. ».

Là est en effet toute la difficulté, et je dirais même la double difficulté. La première – la plus essentielle à mes yeux – réside dans l’adéquation entre nos discours et nos actes. Bien souvent, et avec la meilleure volonté du monde, cette adéquation vient se briser contre le rocher de la réalité. J’ai eu l’occasion d’aborder cette question à partir de Montaigne dans mon article « La philosophie au coeur de notre vie ». Voir: http://iphilo.fr/2014/11/28/la-philosophie-au-coeur-de-notre-vie/

La seconde tient à l’articulation entre la théorique et la pratique; elle est d’ailleurs souvent abordée dans ce fil des commentaires. D’un côté, sans réflexion théorique préalable, il est impossible de déterminer les principes et de fixer le cap pour agir dans notre existence; de l’autre, sans action concrète, les pensées restent lettre morte.

C’est donc l’échange dialectique entre la théorie et la pratique qui est fécond et qui rend possible l’adaptation au monde tel qu’il est – vertu stoïcienne s’il en est! Pour éclairer ce point, il faut revenir à la notion d’exercices spirituels qui se pratiquaient dans les écoles antiques, et dont Michel Foucault et Pierre Hadot ont parlé avec beaucoup de pertinence. Par exemple, envisager le monde du point de vue de Sirius afin d’apprendre à relativiser. Ou encore, chaque matin, embrasser sa femme ou son fils en pensant que c’est peut-être pour la dernière fois, parce que la mort peut nous surprendre à tout moment…

En tout cas, j’aime beaucoup ce texte de Maël Goarzin. Incomplet sur certains points peut-être, mais vraiment fidèle à l’esprit du stoïcisme.

DGL

par Daniel Guillon-Legeay - le 9 février, 2015


Merci, à toutes ces personnes qui écrivent et partagent. J’aime vous lire , vous apportez un plus à ma vie.

par Vaillancourt Louise - le 9 février, 2015


Je ne suis pas philosophe mais je me sens philosophe, je suis par contre chrétienne et je ressens en lisant votre texte une grande similitude entre les stoïciens et les chrétiens. Le Christ était stoïcien ? Ne peut on dire alors que les ermites sont stoïciens ? je pense que non selon votre analyse car ils n’ont compris que la moitié des choses de la vie si leur isolement est un refus de l’acceptation de l’autre ?

par Lavarec-Goarzin - le 10 février, 2015


Merci beaucoup, Daniel, pour votre commentaire, avec lequel je suis tout à fait d’accord. Je rejoins votre position sur l’importance des exercices spirituels dans l’articulation entre théorie et pratique, et je vais précisément revenir sur la notion d’exercice spirituel à travers un exemple précis dans la deuxième partie de cet article, qui va paraître d’ici la fin du mois de février…

par Maël Goarzin - le 10 février, 2015


La ressemblance de certains principes stoïciens avec la religion chrétienne est frappante, en effet, quand on connaît bien les deux traditions. Pierre Hadot a mis en évidence, dans ses études sur les exercices spirituels, la présence, dans le christianisme, de certaines exercices pratiques que l’on retrouve dans différentes écoles philosophiques de l’Antiquité, notamment le stoïcisme: il sa’git, par exemple, de la confession, de l’examen de conscience, de la direction spirituelle, de la méditation, etc. La recherche de la paix de l’âme, par exemple, est également commune aux deux traditions. Pierre Hadot cite souvent Dorothée de Gaza à cet égard.
La grande différence, néanmoins, entre le chrisitanisme et le stoïcisme, c’est la conception immanente d’un côté (stoïcisme) et transcendante de l’autre (christianisme) de Dieu. Tandis que la Nature universelle est présente en chaque chose pour les stoïciens, il y a, dnas le chrisitanisme, une différence fondamentale, de nature, entre l’homme et le divin. Cela n’a pas empêché, cependant, la reprise, au cours des siècles, de certains principes stoïciens et de certains exercices spirituels par les auteurs chrétiens, notamment au niveau éthique.
Si cela vous intéresse, je vous renvoie à l’interview que j’ai réalisée avec Jordi Pià, spécialiste du stoïcisme, sur les présences du stoïcisme au cours des siècles, dès la find e l’Antiquité et jusqu’à nos jours. Il y présente de manière détaillée les différentes reprises du stoïcisme par les auteurs chrétiens de l’Antiquité tardive, du Moyen-Age, jusqu’à la Renaissance et la Réforme protestante. Cela vous aidera sans doute à mieux délimiter cet apport stoïcien dnas la religion chrétienne.

par Maël Goarzin - le 10 février, 2015


« Les présences du stoïcisme au cours des siècles: entretien avec Jordi Pià » http://biospraktikos.hypotheses.org/1748

par Maël Goarzin - le 10 février, 2015


Merci d’avoir répondu à mon modeste message ceci va me permettre de faire un approfondissement de ce parallèle entre christianisme et le stoïcisme.
Merci également d’avoir joint l’interview que vous avez réalisé avec Jordi Pià que je ne connais pas.
J’attends la fin de février pour lire la suite de votre article.

par Lavarec-Goarzin - le 11 février, 2015


Suite à un gros problème de santé, j’ai découvert Pierre Hadot, son oeuvre et cette voie me permets de faire avec , la douleur;ça m’aide énormément . J’ai découvert le travail de Mael, véritablement enchantée.La voie de la philosophie (epictète, épicure, Diogène, je mixe, pas trop dans le dogme, j’avoue, autodidacte) est une voie de guérison ou d’aménagement par rapport à la douleur psychique, physique.

par burgelin - le 12 février, 2015


Une philosophie qui n’influence pas l’existence de l’homme à quoi ?
Nous ne pouvons plus être le même à l’entrée et à la sortie de la philosophie.
Elle doit laisser forcément des traces sur notre façon d »aborder les situations de la vie

par Akintola john - le 1 décembre, 2015


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par iPhilo » Épictète, le bonheur par détachement - le 14 mars, 2020



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