Les animaux au service de la science ?
GRAND ENTRETIEN : Laurence Harang, docteur en philosophie, interviewe Audrey Jougla, qui vient de publier Profession : Animal de laboratoire (éd. Autrement, 2015). Elle y interroge « la nécessité » de l’expérimentation animale et ses conséquences : en quoi est-il légitime moralement d’exploiter et de faire souffrir des êtres vivants ? Il s’agit dans cette enquête inédite de montrer les limites du modèle animal sur la santé humaine.
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iPhilo : Quelles ont été vos motivations pour enquêter dans les laboratoires dédiés à l’expérimentation animale ?
Audrey Jougla : J’ai toujours été révoltée contre l’exploitation et la maltraitance animales, mais l’expérimentation animale me paraissait particulièrement opaque comme pratique et difficile à appréhender comme sujet. À l’inverse de la fourrure, du cirque ou de l’alimentation, où l’on comprend facilement ce qui est en jeu et quelles sont les pratiques, je trouvais que l’expérimentation animale restait difficile à cerner.
Au-delà, c’est la question de l’abus de pouvoir en milieu confiné ou, osons le mot, carcéral, sur des êtres vulnérables qui me révoltait, à l’instar de la maltraitance en asile psychiatrique ou en maison de retraite.
iPhilo : Votre livre a le mérite de porter un regard lucide sur la science et le travail des chercheurs notamment les expérimentateurs. Pourquoi la prétendue vérité de la recherche est-elle remise en cause par le désir d’être publié (p. 24) ? Pourquoi les scientifiques en majorité refusent-ils de changer de modèle – le modèle animal ?
AJ : Il y a plusieurs éléments d’explication, et même s’il faut se garder de faire des amalgames, on trouve clairement des leitmotivs dans cet attachement au modèle animal : le besoin de publier pour un chercheur (donc d’expérimenter) peut aboutir à des expériences n’ayant aucun apport en « mieux être » pour la société, et c’est l’un des problèmes de la recherche fondamentale, qui consomme plus de 46% du total européen des animaux de laboratoire. Il y a des expériences dont on peut clairement interroger la pertinence scientifique. Quant au modèle, c’est souvent une question de formation : on fait comme on sait faire.
iPhilo : Vous soulevez une question très grave, celle de la possibilité d’un trucage de l’expérience et du choix d’une espèce afin de valider des résultats (p. 129). Pouvez-vous nous en dire davantage ?
AJ : Effectivement c’est un point que le grand public ignore complètement et c’était d’autant plus important de le souligner pour montrer que la science n’est pas forcément objective, impartiale, experte, avec l’aura que notre société lui confère aujourd’hui et toutes les conséquences que cela implique sur un tel débat, où l’autorité du chercheur n’est jamais remise en question. Cette question de biais induit dans les expériences par le choix d’une espèce ou d’une lignée de souris spécifique par exemple n’est pourtant pas un secret : l’étude Séralini l’a d’ailleurs exposée auprès des médias. Il ne s’agit pas de dire que toutes les expériences sont « truquées », mais de porter un regard un peu plus curieux sur la manière dont elles sont conduites.
iPhilo : Peut-on parler d’une désinformation au sein de l’univers de la vivisection parce que les enjeux financiers sont énormes ?
AJ : Il y a un grand problème de formation des chercheurs aux méthodes alternatives et d’encouragement financier de ces méthodes. Expérimenter sur les animaux est un passage obligé pour un chercheur : il n’y a pas d’objection de conscience possible malheureusement. Je pense que l’on peut s’interroger sur le manque de remise en question des expériences menées : pourquoi changer une méthode qui marche et qui permet de valider des essais ? Les méthodes alternatives seraient-elles plus objectives ? De quoi a-t-on peur sinon ?
iPhilo : En vous lisant, on a l’impression de sortir d’un cauchemar : les souffrances des animaux sont constantes, les animaliers sont dans le déni ou la honte. Pouvez-vous nous parler des expériences faites sur les singes ? (« Pour mettre les électrodes, il faut faire une incision sur le crâne, couper et détacher tissus par tissu toutes les couches de la peau. Puis visser le tout. Mais pour cela, il faut, au préalable, polir un peu la boîte crânienne », p. 50)
AJ : C’est très violent. On a tendance à oublier qu’il n’y a pas « que » les expériences. Les conditions de détention des animaux et leur rapport avec les humains peuvent s’avérer tout aussi violentes que les expériences en elles-mêmes. Bien traiter celui à qui l’on fait du mal : voilà l’impossible situation dans laquelle sont plongés tous les chercheurs et animaliers (et je ne les défends pas).
Les singes vivent des années et des années dans des cages où ils n’ont aucune liberté de mouvement, et n’en sortent que pour les expériences. Ils ne voient plus la lumière jour. Que l’on se figure bien ce que cela implique pour des animaux qui sont d’une intelligence et d’une sociabilité incroyables, et, malheureusement pour eux, terriblement proches de nous. Les grands singes ont été épargnés par la législation européenne : il est interdit d’expérimenter sur eux. Mais alors quelle est la logique ? Pourquoi les macaques ne le sont pas ? Qui sommes-nous pour décider de la frontière qui nous interdit ou nous autorise à les instrumentaliser ?
iPhilo : Vous rencontrez une personne du groupe Harlan ; persuadé du bien-fondé de son travail il affirme « Nous œuvrons pour le bien de l’humanité et l’humanité n’est pas capable de la reconnaître – c’est tout (P 70). Un tel discours peut-il être sincère face à la souffrance des animaux ?
AJ : C’est terrifiant. Je pense qu’il était très sincère justement, et que c’est peut-être le seul moyen pour réussir à vivre quand on coopère activement à l’industrialisation de la souffrance animale. Cette rhétorique s’apparente aussi pour moi à la justification la plus courante du mal : « si je ne le fais pas, d’autres s’en chargeront de toute façon ». C’est à mon sens un processus de déculpabilisation, de même que l’argument du bon traitement des cobayes.
iPhilo : La cruauté des expérimentations sur les animaux : comment les scientifiques peuvent-ils parler de bien-être quand les animaux sont confrontés au test de la nage forcée, aux chocs électriques et à l’obligation de marcher sur des plaques électriques ? Comment est-il possible d’accepter moralement la souffrance des chiens lors des recherches financées par le Téléthon ?
AJ : L’expression de « bien-être animal » est devenue pour moi, au fil de cette enquête, l’un des marqueurs du glissement moral : quand on y est attentif, à chaque fois que cette expression survient, une justification d’exploitation ou de maltraitance animale se cache derrière. Le langage permet de travestir la réalité : c’est pour cela que les expérimentateurs parlent de « recherche animale » auprès du grand public. Dire que l’on respecte « strictement la législation en vigueur » permet aussi de se convaincre que tout est encadré, maîtrisé, respecté. On ne précise pas que cette législation n’impose pas l’anesthésie des cobayes, par exemple, que les comités d’éthique sont des écrans de fumée, ou que le chercheur est toujours juge in fine de l’arrêt d’une expérience ou des « points limites » de celle-ci.
Quant à l’acceptation morale de la souffrance des animaux de laboratoire, elle est systématiquement ramenée à ce choix ridicule et faux : préférez-vous l’homme à l’animal ? Pour le Téléthon, c’est donc encore plus fort : préférez-vous l’enfant à l’animal ? Quand on sait la quantité d’expériences menées, les raisons qui les sous-tendent, leurs objectifs, ou même leurs conséquences imprévues voire dangereuses sur la santé humaine, on comprend que rien n’est plus faux que cette question-là.
iPhilo : « L’expérimentation apparaît comme un mal nécessaire » semble être une formule magique. Dans quelle mesure peut-on dénoncer les préjugés dangereux, la stupidité de certains propos ? Je cite un expérimentateur d’un laboratoire de Lausanne « Je pense que l’expérimentation animale va dans ce sens également : améliorer sans cesse notre condition. Pour moi, il ne s’agit pas d’un mal nécessaire mais juste d’un sens naturel. »
AJ : L’argument du « sens naturel » consiste à dire que l’homme a toujours été au sommet de la pyramide des êtres vivants et qu’expérimenter sur des animaux s’inscrit donc dans cette logique : un droit, voire même un devoir, selon certains expérimentateurs.
Le danger de cette idée est double : d’abord, cela permet de justifier une pratique simplement parce qu’elle a toujours existé, qu’elle fait partie de nos gènes pratiquement. C’est donc nier toute évolution ou progrès moral. Ensuite, cela justifie une société qui approuve la loi de la jungle : tout est permis, et nous n’avons que faire des êtres les plus vulnérables. Or, nous avons tous été et serons tous vulnérables. Notre humanité ne devrait-elle pas justement se définir par l’exact opposé ? Par un progrès moral souhaitable et par une attention particulière aux plus faibles ? C’est en cela que l’expérimentation animale pose cette question plus vaste : dans quelle société voulons-nous vivre ?
iPhilo : Les associations des victimes de médicaments dénoncent les liaisons dangereuses entre l’expérimentation animale, la production pharmaceutique et les pouvoirs publics (P83). Pouvez-vous nous en dire davantage ?
AJ : Curieusement, lorsqu’un scandale pharmaceutique est médiatisé, le grand public s’indigne mais ne semble pas s’étonner : les collusions semblent connues par tout un chacun et les laboratoires décriés à l’unanimité. Il y a une forme de consensus. En revanche, dès que l’on parle d’expériences sur les animaux, c’est la parole des défenseurs des animaux qui est systématiquement mise en doute, et opposée à une parole scientifique jugée fiable, neutre, objective. Cette différence de crédibilité n’est jamais dénoncée : pourquoi ?
Ce n’est qu’en 2012, soit cinquante ans plus tard, que Grünenthal, le fabricant de la thalidomide, a présenté ses excuses aux victimes de ce médicament testé avec succès sur les animaux, mais ayant des conséquences désastreuses sur l’homme. Le modèle animal est imparfait, mais c’est par lui que l’on parvient à commercialiser des médicaments : interrogeons-nous sur cette logique étrange.
Enfin, quand on parle de « mal nécessaire » on oublie systématiquement que cette affirmation est aussi prononcée par des industries qui n’ont rien de philanthropique. Il y a une amnésie subite. Je dis simplement : n’oublions jamais qui finance les expériences sur les animaux, n’oublions jamais que des médicaments inutiles ou dangereux sont commercialisés dans un seul but de profit, et que cette logique commerciale, qui n’a plus rien à voir avec la bien de l’humanité, coûte la vie à des millions d’animaux chaque année et leur occasionne d’atroces souffrances.
iPhilo : La question morale, question centrale de votre livre. Vous affirmez avec raison : « l’expérimentation animale est l’illustration de la tragédie du choix car il est impossible de la justifier moralement : pourquoi ce qui serait intolérable pour l’espèce humaine serait tolérable pour d’autres espèces ? » A votre avis, comment votre propos (si juste) peut-il être entendu par le grand public ?
AJ : Je pense que même si chacun est capable de comprendre à quel point l’expérimentation animale est cruelle, insoutenable même, immorale et injustifiable, le plus difficile dans ce débat est la peur du grand public pour sa santé : la peur que pour de la « sensiblerie » envers les animaux on remette en cause la recherche et notre santé. Et c’est sur cette crainte que les expérimentateurs et pro-expérimentation jouent, et uniquement. Si l’on parvient à déstabiliser la figure scientifique, alors seulement le grand public sera sensible ensuite à l’argument moral. C’est pourquoi des associations scientifiques opposées à l’expérimentation animale, comme Pro-Anima et Antidote Europe, sont indispensables.
Dans les dernières pages de votre ouvrage, vous affirmez avec beaucoup de conviction que les défenseurs de la cause animale sont « les garde-fous de notre humanité ». C’est une formule lourde de sens. Pouvez-vous nous dire quelle est l’origine de votre intuition ?
AJ : C’est en militant que j’ai découvert à quel point l’engagement de bénévoles auprès des animaux me redonnait confiance en l’humanité quelque part, même si cela peut sembler un naïf ou niais, dit comme cela. Avant de militer, j’avais l’impression de vouloir défendre les animaux mais de ne rien faire de concret. J’ai découvert auprès des militants des valeurs qui font bien défaut à notre société individualiste : un amour inconditionnel pour l’autre, une tolérance immense, de l’entraide, de l’empathie, de la gratitude, un sens aigu de la justice… C’est en cela que je pense que les défenseurs de la cause animale mériteraient une considération et une prise en compte bien supérieures dans les débats.
iPhilo : Pour terminer, pensez-vous que le combat des militants, militantes pour la cause animale a pour but essentiel de « dénoncer l’abus de pouvoir sur des êtres vulnérables » ?
AJ : Oui je pense que c’est l’essence même de ce combat. Le rapport à la souffrance est très complexe dans la cause animale : elle est omniprésente, et les militants y sont, justement, les plus sensibles. Le lien entre la souffrance animale et les souffrances personnelles est aussi présent dans bien des cas (même s’il n’est pas systématique, bien sûr). Dénoncer les violences subies par ceux qui ne peuvent pas s’exprimer, qu’ils soient animaux ou humains, reste, à mon sens, l’une des plus grandes preuves d’humanité. Et c’est peut-être comme cela qu’il faudrait que les médias ou le grand public commencent à voir la cause animale en 2015.
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Pour aller plus loin : Audrey Jougla, Profession : animal de laboratoire, éd. Autrement, 2015.
Diplômée de Sciences Po Paris et de l’Université Paris-Nanterre, Audrey Jougla enseigne la philosophie au lycée. Spécialiste d’éthique animale, elle a publié Nourrir les hommes : un dictionnaire (éd. Atlande, 2009), Profession : animal de laboratoire (éd. Autrement, 2015, Prix Roger Bordet 2016) et Animalité : 12 clés pour comprendre la cause animale (éd. Atlande, 2018).
Commentaires
« Nous » (le grand « nous », l’Occidental), sommes encore à cheval sur deux cosmogonies, deux cosmogonies qui établissent des places différentes pour l’homme dans le monde, y compris dans son rapport avec l’animal.
Le triomphe d’une vision darwiniste, et la cosmogonie qui l’accompagne font apparaître l’homme comme membre de la catégorie animal.
Nos ancêtres vivaient dans un autre monde… et que nous voulons le voir ou non, nous restons déterminés par cette cosmogonie de nos ancêtres, et le statut entre la bête et les anges qui était celui de l’homme.
La présence d’une expression comme « la loi de la jungle » témoigne encore de la vivacité de l’ancienne cosmogonie dans nos esprits.
Une telle expression… réduit la vie des animaux (sauvages) à une perpétuelle hantise de prédation. « Nous » avons les moyens, à l’heure actuelle, de savoir que les animaux ne vivent pas leur vie dans la hantise perpétuelle d’être bouffées, et que ceci est.. notre fantasme…
J’ai plein d’interrogations à l’heure actuelle. La hantise de la santé est bien celle exprimée par Descartes dans « Le Discours », et j’aime répéter, certes, que l’utopie cartésienne (se souvenir qu' »utopie » veut dire « nulle part » quand même…) est devant nos yeux.
Ce qui est pleinement problématique à mes yeux est la manière dont nous avons cantonné le.. lieu de la « science » au temple du laboratoire, en sachant que le laboratoire est bien le lieu où nous… fantasmons maîtriser toutes les variables de… l’EXPERIENCE (mot très important). Et j’ai bien dit « temple » pour une raison qui n’est pas neutre, car il s’agit de notre foi dans CE cadre pour l’expérience VRAIE.
Ceci dit, j’ai d’autres interrogations : comment se fait-il qu’à l’heure actuelle, de plus en plus de personnes tissent des relations privilégiées avec des non bipèdes, alors qu’ils ne parviennent pas à vivre avec des bipèdes ?
On dirait que… un certain nombre de personnes vivent des relations..exclusives avec les non bipèdes…
Je crois que notre… militance en faveur de l’animal qui ne parle pas notre langage vient largement des conséquences de la nouvelle cosmogonie, et du statut qu’elle donne à l’homme comme animal PARMI d’autres. Il s’agit d’une nouvelle formation de compromis entre les aspirations universelles de notre ancienne cosmogonie, élargies à d’autres… « prochains ».
Mais, comme je me répète ici, le noeud du problème, c’est le sadisme qui permet à un animal, herbivore ou pas, d’aller à la recherche de sa nourriture, la mastiquer, et la manger. Il faut.. du sadisme pour pouvoir accomplir ces actes. Un sadisme/agressivité fondamental.
Se demander si nous avons le droit de faire souffrir l’animal, ça revient fondamentalement à se demander si nous sommes des prédateurs, et au delà, si nous sommes DES ANIMAUX VIVANTS (et pas des plantes, par exemple… une plante ne mastique pas, et encore…la végétation est bien capable de fendre les pierres pour pousser, tant la vie veut vivre et se reproduire…).
Un dernier détail, et pas les moindres… dans le livre de Christopher Browning « Des hommes ordinaires », Browning révèle qu’une partie des.. expériences nazies avait pour but de produire des.. exécutants qui ne ressentiraient aucun plaisir dans l’acte de tuer…on pourrait se demander ce qu’il en est des chercheurs dans leur rapport avec la souffrance des animaux…
Mais, le monde est bien compliqué… dans l’hôpital moderne, qui ressemble beaucoup à un laboratoire, vous pouvez aller en réanimation néonatale, et voir des bébés (infans) intubés, piqués, monitorés, avec des soins qui sont… très violents, je vous l’assure, pour leur bien, et pour assurer leur survie. Sont-ils torturés ? Si NOUS, nous pouvons faire la différence (dans les intentions….), eux, peuvent-ils faire la différence ?…
Peut-être que plus nous nous vantons de nous connaître, plus nous épaississons notre méconnaissance (de nous mêmes).
Je me demande maintenant ce qu’EST l’industrialisation… il y a forcément des idées derrière l’industrialisation, qui va main dans la main avec les laboratoires, et la recherche scientifique. C’est une organisation..du travail. (Se souvenir aussi que le travail a forcément un rapport avec… la souffrance. Ça, c’est dans les mots.)
Je soupçonne que l’industrialisation va main dans la main avec la nouvelle cosmogonie… mais je m’arrêterai là.
Ouff, hein ? 😉
par Debra - le 25 octobre, 2015
Bonjour,
Il ne s’agirait que de cela.Si nous ne nous exprimons pas, foncièrement,sur le devenir « de l’animal humain » (quoique nous en disions) « il », est appelé, dans un proche avenir, à changer de statut en regard de la nature du » règne » animal.
J’ai été témoin pour avoir vu, un pathétique cheval, seul, dans un enclos, étroit, les yeux affolés sortants de leurs orbites, les oreilles frémissantes de panique, et sa robe couverte de blessures purulentes.(un usine « produisant » en diables, d’honteux médicaments) pour qui, pourquoi ?)
Je n’ai pu refréner, à la vue de cette nature morte, catastrophique, le terrible rapprochement avec notre condition d’humains. Ces tortures ne sont pas de la nature du registre animal. Cela nous distinguerait. Par-delà le pire, plus que jamais, il nous faut y croire !
Les animaux, meilleurs que nous, sont devenus des refuges affectifs ou des souffre-douleurs. Certains laboratoires spécialistes en tortures, des états,des mystiques, des chercheurs, (inexpugnables corollaires) profitant de la sidération des médias, pour le voyeurisme de la souffrance et de la mort (séries télévisées et autres joyeusetés) et dans le registre de l’image spectacle qui s’est emparé de l’humanité, se laissent aller à leurs instincts déshumanisés. Froidement, instrumentalisent, à hauteur de leurs féroces et basses imaginations : hommes et bêtes.
Ils ne sont, définitivement, ni hommes ni bêtes.
Des entités inqualifiables,
Pas enviables,
Invivables;
Hors champ du vivant;
Des fantômes du passé, peuplant :
Des néants.
par philo'ofser - le 26 octobre, 2015
Je ne crois pas que nous savons vraiment grand chose des animaux, dans le fond.
Et de moins en moins, peut-être, parce que nous ne nous donnons pas trop le temps de les observer dans le détail, et dans leur milieu (mais je peux me tromper).
Je crois que les animaux (qui ne sont pas nous) sont capables de torture… dans certaines circonstances…même ceux auxquels nous sommes attachés comme étant de pures proies.
Certes, ils sont capables de tuer sans avoir faim, pour le.. plaisir ? de tuer. Contrairement à ce que certains préjugés basés sur un.. idéalisme ? cartésien nous feraient croire.
Cette qualification (« dans certaines circonstances ») est importante.
Je ne crois pas non plus que nous sommes tant que ça des animaux dénaturés. Mais nous CROYONS BIEN que nous sommes dénaturés. Une nuance importante.
Il n’y a pas tant de cosmogonie, ni tant de différence que cela entre s’imaginer… « meilleur » que l’on est, et… « pire » que l’on est.
J’ai dit ailleurs, sans être comprise, que l’idéalisation est souvent une forme de sentimentalisme… réducteur et généralisant avec des conséquences qui paraissent d’abord… toute bienveillantes, mais qui se révèlent par la suite être plus perverses qu’on ne l’avait d’abord imaginées.
C’est diablement dur de tenir à se tenir entre l’ange et la bête…
Et si être un animal parmi d’autres était un nouveau.. péché originelle qui pourrait nous limiter en nous assignant une place viable ?
Cela nous serait bénéfique, je crois.
Pour comprendre l’industrialisation, il est intéressant de voir les signifiants « homme »/ »animal »/ »machine » comme des plaques tectoniques constamment en train de se heurter, se choquer pour établir notre identité « par rapport à ».
« La machine » est un signifiant de choix, là…
par Debra - le 26 octobre, 2015
Re,
En savons-nous davantage sur nous-mêmes ?
Et l’animal, ne serait-il pas un maître étalon; une plaque sensitive par défaut ? Des cobails, pour voir ce que ça fait de voir souffrir un être de chair, de sang et de nerfs sensitifs à fleur de peau (pourquoi, dès lors, les coiffer d’autant d’électrodes ?
Le mauvais comportement: en réponse la douleur, la récompense pour le bon chemin choisi dans le labyrinthe !
Plus le champ de leurs environnements rétrécie, plus les animaux veulent nous imiter, attirer l’attention. Un anthropomorphisme versus. Des animaux tortionnaires ? Je n’y crois pas, tant que l’homme ne les approche pas. Les loups ne tuent pas par plaisir. Il stockent la nourriture pour la meute pour se nourrir à la saison froide. C’est un réflexe instinctif de survie. Ce sont des animaux. On ne doit ni juger leur comportement, ni davantage les condamner. Gestion des équilibres.
Nous ne sommes « plus » de cette nature. Qu’est-ce que l’inconscient ? Qu’en est-il de l’inné…,des réminiscences, et de l’évolution de l’acquis ?
Je me suis exprimé sur la course au machinisme, de l’avenir des futures technologies qui maturent. Il faudrait, tuer définitivement la mort. (éléments de langage )
Pus d’angoisse, bonjour l’ennui et la tristesse !
par philo'ofser - le 26 octobre, 2015
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