ANALYSE : Descartes n’a pas pu donner une forme cohérente à ses pensées relatives à la santé et à la médecine, laissant un ensemble composite traduisant les limites du programme qu’il s’était fixé : «trouver une médecine qui soit fondée en démonstrations infaillibles», raconte le médecin et philosophe. N’est-on pas, fondamentalement, devant les limites inhérentes à toute rationalité médicale ?
Une intelligence artificielle peut-elle juger ?
ANALYSE : Le progrès technologique est si vertigineux que l’on peut sérieusement imaginer aujourd’hui une justice rendue non par des hommes mais par des algorithmes capables d’ingérer une somme d’informations qu’aucun juge, même le plus savant en jurisprudence, ne serait en mesure de maîtriser. Néanmoins, même si elle était omnisciente, une machine ne serait pas pour autant capable d'appliquer une justice singulière.
Le progrès : des paradis artificiels à l’enfer pavé de bonnes intentions
ANALYSE : La technique sert à l'homme d’échasses pour toiser les autres espèces animales et ses propres congénères au mode de vie primitif, mais les techniques rudimentaires que ceux-ci utilisent assurent leur survie quand les nôtres préparent notre apocalypse. Outillé à l’excès, l’homme surnuméraire s’extermine à en faire le moins possible.
Ecologie politique : Luc Ferry et Bruno Latour, le vilain et le tricheur ?
LIVRES : Le philosophe Michel Juffé a lu «Les sept écologies» de Luc Ferry et «Où suis-je ? Leçons du confinement à l'usage des terrestres» de Bruno Latour et... n'a apprécié ni l'un ni l'autre, pour des raisons opposées. Le premier se veut adepte d’une modernité caricaturale. Le second prend constamment la pose du «déconstructeur» (et «reconstructeur».
Le scepticisme de Montaigne envers la médecine est-il toujours d’actualité ?
ANALYSE : L'auteur des Essais doutait de la pertinence d'objectiver scientifiquement la maladie. Malgré les progrès incroyables de l'art médical, quelque chose demeure vrai dans la critique de Montaigne : à chaque étape de la croissance de la scientificité de la médecine, il semble que l’expérience propre du malade s’efface comme source de connaissance.
L’univers n’est-il qu’une fiction heuristique ?
ANALYSE : L’univers est comme un objet qui se dérobe à chaque fois que l’on cherche à en déterminer les caractéristiques. Plutôt que d’être un objet qui inclurait l’ensemble des objets matériels, ne serait-il pas plutôt une fiction heuristique nous permettant de donner du sens à nos observations du ciel ?
Déconstruire le transhumanisme
ANALYSE : L'ancien chercheur au laboratoire maritime du Collège de France à Concarneau conçoit l'idéologie transhumaniste comme la façade derrière laquelle néolibéraux et libertariens accaparent les richesses du monde.
ANALYSE : Le philosophe Michel Juffé, qui a longtemps travaillé sur la question des catastrophes naturelles, se livre à un petit exercice pour imaginer ce que serait (et devrait être selon lui) une véritable «mobilisation générale» pour parvenir à vacciner 50 millions de Français en quelques mois.
L’Édito : «Face au Covid, tous épidémiologistes ?»
LA LETTRE D’IPHILO #3 : Recevez chaque mois dans votre boîte «mail» une lettre écrite par notre rédaction. En plus d’une sélection d’articles – ici ceux parus en novembre mais aussi certains «classiques» à (re)lire – vous pouvez découvrir «L’Édito», un court billet en lien plus ou moins étroit avec l’actualité.
L’Âge du Minotaure : penser la technique
BONNES FEUILLES : Depuis ce début de millénaire, les avancées scientifiques sont stupéfiantes, mais en viennent à brouiller les frontières entre corps, esprit et machine. Dans "L'Âge du Minotaure. Penser la technique", Pierre Dulau et Guillaume Morano s'interrogent sur cette étrange hybridation qui fait que l'homme, tel le Minotaure, est à la fois augmenté et dénaturé par certaines inventions qu'il a lui-même engendrées.
L’horloge et le métronome : les temps de Michel Serres
ANALYSE : Ayant eu l’occasion d’aborder plusieurs fois le thème du temps avec Michel Serres, Olivier Joachim décrit les dessous philosophiques de l'horloge et du métronome, deux objets que le philosophe des sciences mort en juin 2019 a lui-même convoqués aux extrémités de son œuvre pour illustrer les représentations du temps.
Connaissez-vous l’«ocytocine» ?
ANALYSE : En 1906, le chercheur britannique Henry Dale découvre les surprenantes propriétés d'une hormone : l’ocytocine. On découvrira qu'elle intervient lors de l'accouchement, de l'allaitement, mais aussi dans le cadre de la sexualité ou simplement des relations avec autrui. Boris Misura y voit le signe de la symbiose entre nature et culture, un coup de pouce vers l'ouverture à l’autre, un générateur d’empathie et une source de bien-être social.
Les esclaves psychiques d’internet ou la naissance de la «captologie»
BONNES FEUILLES : Si Internet nous offre de nouvelles libertés, ne nous conditionne-t-il pas tragiquement ? C'est la question que pose Thomas Flichy de La Neuville dans son dernier ouvrage, "Les esclaves psychiques d'Internet".
Lorsque Paul Valéry imaginait le piratage d’un cerveau humain
BILLET D'HUMEUR : Le développement des nouvelles technologies ne cesse d'agiter les débats contemporains et de nous questionner sur notre avenir proche. Et si, quelques cent ans plus tôt, l'auteur, poète et philosophe Paul Valéry (1871-1945) avait anticipé une telle situation ?
TRIBUNE : Classique parmi les classiques, le roman "La Peste" d'Albert Camus mérite d'être relu en pleine crise de coronavirus. La leçon du grand écrivain n'est pas seulement d'accepter l'absurde mais aussi d'agir moralement.
«Dessine-moi un chat de Schrödinger»
LECTURE : Avec la physicienne Virginie Langlois et l'illustratrice Cécile Decorte, le philosophe bien connu des lecteurs d'iPhilo publie un livre inclassable mais très réussi illustrant (au sens propre et figuré) les implications paradoxales de la mécanique quantique sur notre vie quotidienne.
Intelligence artificielle : du fantasme à l’idée adéquate
ANALYSE : La puissance potentielle de l'intelligence artificielle, à la fois, nous fascine et nous effraie. Il nous faudra apprendre à vivre, même bâtir une «nouvelle alliance» avec cette nouveauté si proche de nous, trop peut-être.
Le règne discret mais prospère des idoles
TRIBUNE : La modernité a-t-elle vraiment envoyé aux oubliettes de l'histoire mythes et croyances pour faire triompher science et raison ? Dans son dernier essai, l'économiste analyse au contraire la revanche contemporaine des idoles, les idéologies n'ayant pas trépassé en 1991.
Les mains sales de Bergson
ANALYSE : Henri Bergson n’a pas bien été accueilli par la communauté des biologistes. Pourtant, sa philosophie est un garde-fou contre le mécanisme de la théorie de l’Evolution, qui est en réalité un finalisme «honteux», souligne la philosophe des sciences Mathilde Tahar, qui note que les questions que l’auteur de L’Evolution créatrice pose à la […]
La Blockchain, une philosophie crypto-anarchiste
ANALYSE : Les Bitcoins et autres crypto-monnaies, qui reposent sur le principe de la Blockchain, sont l’application d’un certain rapport politique voire idéologique au monde. La blockchain substitue l’anonymat du nombre à l’incarnation de l’autorité. Ce crypto-anarchisme veut liquider l'auctoritas en son sens classique au profit d'un monde horizontal et sans frontière.
Levinas et les robots
ANALYSE : L’auteur de "Totalité et infini" aurait certainement considéré que les robots, bien que développés de plus en plus à l’image de l’homme, n’ont pas de «visage», remarque le philosophe des techniques. Mais est-ce aussi simple ?
Anonymisation des données personnelles : l’arbre qui cache la forêt
BILLET : Tel un cheval de Troie, ce prétendu souci éthique des entreprises pourrait servir à renforcer encore davantage le "dataisme" , met en garde Julien de Sanctis. Dans la relation entre l'homme et les data, il pourrait s'agir d'un élargissement du concept heideggérien d'arraisonnement de la nature par la technique : nous devenons peu à peu «transparents» à des dispositifs techniques qui, eux, restent plus que jamais des boites-noires.
Sortir les intelligences artificielles de l’ombre
TRIBUNE - Les intelligences artificielles sont porteuses d'un risque, celui de rendre invisibles les technologies. Cela s'ajoute au fait qu'elles sont déjà des boîtes noires : nous savons les utiliser, mais ignorons comment elles fonctionnent. Une nouvelle hétéronomie risque de naître de cette technicisation du monde.
Neurologie, psychanalyse et philosophie : un triangle non-oedipien ?
ANALYSE : Michel Juffé rêve d'une union entre ces trois adultes consentants pour former une "psychologie stable en continuelle innovation". A cette fin, le philosophe, féru de psychanalyse et de sciences, conseille la lecture de l'ouvrage Le cerveau et le monde interne des chercheurs Mark Solms et Oliver Turnbull, qui réalisent dans leur essai de 2002, traduit en 2015, une formidable introduction à la neuropsychanlyse.
La science est-elle vraie ?
ANALYSE : La réponse positive semble aller de soi. Pourtant, sous la pression des faits eux-mêmes, les philosophes n’ont pu sauver la validité de la démarche scientifique qu’au prix d’une réflexion nuancée sur l’élaboration des théories. Quatre penseurs ont marqué cette réflexion au xxe siècle : Karl Popper, Thomas Kuhn, Imre Lakatos et Paul Feyerabend.
Conscience, liberté et mécanismes cérébraux
ANALYSE : Jean-Michel Muglioni s’oppose à une thèse prétendument scientifique qui réduit la conscience à n’être que l’accompagnement de processus cérébraux non conscients. Il lui oppose un mouvement de révolte : une objection de conscience ! Il importe que chacun ose juger ce qui se donne comme des travaux scientifiques ou comme des jugements d’experts et sache dire non.
Sommes-nous vraiment «déjà devenus des cyborgs» ?
ANALYSE : «Nous sommes déjà des cyborgs. Votre téléphone ou votre ordinateur sont des extensions de vous-même, mais vous utilisez vos doigts ou la parole comme interface. C’est très lent.», déclarait Elon Musk en février dernier pour introduire (et banaliser ?) Neuralink, une entreprise dont l’ambition est d’augmenter le cerveau humain en l’hybridant avec des implants neuronaux.
Les marivaudages du réel et du virtuel
ANALYSE : La technique joue maintenant au jeu du virtuel. Il ne s’agit plus seulement de faire décoller des avions, mais de créer et de montrer des images, de faire entrer du virtuel dans le possible.
Menace numérique : Big Mother is watching you
ANALYSE : Les choses sont allées peut-être trop vite pour nos capacités humaines d’adaptation si bien que la pensée est en retard sur la réalité et que nous manquons encore d’une critique de la raison numérique.
La création comme erreur
ANALYSE : En science, si les scientifiques évoluent «d’erreurs dissipées en erreurs dissipées», l’erreur est donc la brique dont l’édifice de la science est construit. Il faut dissiper l’erreur, la qualifier d’horreur, mais aussi savoir accueillir l’erreur qui remplacera l’erreur.
Einstein, philosophe créatif
ANALYSE : loin de n'être qu'un physicien révolutionnaire, Einstein est aussi un philosophe créatif. Il repousse les frontières de la science sans les rompre.
Éthique et nouvelles technologies
ANALYSE : Il faut penser ces outils numériques et virtuels comme "pharmakon" (tant poison que remède) pour mieux habiter ce nouveau monde et ne pas devenir esclave d'un nouveau technologisme.
Nietzsche, la fin de vie et la médicalisation
TRIBUNE : analyse de la nouvelle loi sur la fin de vie et la médicalisation par un médecin et philosophe spécialiste des soins palliatifs lecteur de Nietzsche.
Face à Google : pourquoi apprendre ?
ANALYSE : Apprendre en un sens, aujourd’hui, est un acte de rébellion. C’est se détacher de l’idée « prête à consommer », c’est laisser l’humanisme entrer dans nos vies.
Les animaux au service de la science ?
GRAND ENTRETIEN : Laurence Harang a interviewé Audrey Jougla, auteur de Profession : animal de laboratoire (éd. Autrement, 2015). Le spécisme est-il de trop dans les laboratoires ?
Le magicien et le barbare
ANALYSE : Bruno Jarrosson propose dans ce conte philosophique une analyse de l'impact des nouvelles technologies sur notre rapport aux autres et au temps.
Délinquance routière : la technique doit-elle nous empêcher de rouler trop vite ?
ANALYSE : Julien de Sanctis note que la philosophie des techniques est encore peu répandue en France. En s'interrogeant sur la question du bridage des moteurs face aux excès de vitesse en voiture, il en profite pour évoquer une branche de celle-là, la postphénoménologie.
Langage technique et humanisme
ANALYSE : L’histoire des sciences et des techniques est par définition imprévisible. Ainsi, en dérobant le feu de la connaissance, l’homme s’est engagé dans une histoire dont il ignore si elle finira bien pour son espèce. Il lui reste de s’y abîmer faute de pouvoir revenir sur ses pas.
Pour en finir avec le déterminisme : l’approche de Karl Popper
ANALYSE : Un ramasseur de champignons cherche des champignons, le physicien cherche des lois de la nature donc présuppose le déterminisme, mais cela ne prouve rien. Nonobstant le titre de cet article, la question reste ouverte.
GPA ou PMA : ne sacraliser ni les techniques ni la famille
ANALYSE : Jean-Sébastien Philippart cherche à sortir de l’opposition entre les tenants d’un traditionalisme se réclamant de l’Église catholique et ceux d’un progressisme sociétal soutenu par la prolifération des techniques en matière de procréation.
Positivisme et temps
ANALYSE : Connaissance qui alourdit le fardeau de l’ignorance. Sous la pression de la physique moderne, les a priori sont tombés, la nature a répondu dans une langue étrangère à la nôtre, appelant quelques interrogations linguistiques sur l’espace et le temps.
Einstein et Heisenberg : Dieu joue-t-il aux dés ?
ANALYSE : Pour Einstein, l’œuvre de sa vie avait consisté à analyser ce monde objectif des phénomènes physique qui se déroulent dans le temps et l’espace, indépendamment de nous, selon des lois fixes. Pour lui, les symboles mathématiques de la physique théorique devaient reproduire ce monde objectif et, par conséquent, rendre possibles des prédictions concernant son comportement futur. Et maintenant, on venait lui affirmer qu’au niveau des atomes un tel monde objectif, dans l’espace et le temps, n’existait pas ; et que les symboles mathématiques de la physique théorique ne pouvaient reproduire, à ce niveau, que le possible et non le réel.