iPhilo » «Fuck», «Sex», «Tech» and «Gender» : quand l’Amérique sombre

«Fuck», «Sex», «Tech» and «Gender» : quand l’Amérique sombre

13/06/2021 | par Michel Juffé | dans Art & Société | 4 commentaires

Download PDF

BILLET : Les séries TV américaines décrivent un rapport au sexe fait tant d’ignorance que de frustration, selon Michel Juffé. En réaction à cette uniformisation véhiculée par la Tech, le réflexe est alors de s’enfermer dans la recherche désespérée d’une identité singulière, particulièrement notable sur la question du genre avec par exemple les LGBT devenus aujourd’hui… LGBTQQI2SAA. Loin de dénormaliser le monde, cette lutte pour la singularité le renormalise au contraire dangereusement, note le philosophe.


Né en 1945, docteur en philosophie, Michel Juffé fut conseiller au sein du Conseil général de l’écologie et du développement durable (2003-2010) et enseignant aux Ponts-et-Chaussées, au CNAM et à l’Université de Marne-la-Vallée. Auteur d’une douzaine d’ouvrages, il a notamment publié Sigmund Freud – Benedictus de Spinoza, Correspondance, 1676-1938 (Gallimard, 2016), Café-Spinoza (Le Bord de l’eau, 2017), A la recherche d’une humanité durable (L’Harmattan, 2018) et dernièrement Nietzsche lecteur de Heidegger (L’Elan, 2020).


Depuis une quinzaine d’années, je consomme – sans modération – des séries TV, dont une bonne part d’américaines. Celles-ci – indépendamment de leur qualité, forcément très variable – présentent quelques caractères communs :

«Fuck» est prononcé au moins une fois par phrase. Et peut signifier à peu près n’importe quoi, à partir de frapper (XIIIe siècle) et baiser (à partir du XIVe siècle) : «fuck you !» (Va te faire foutre), «fuck off !» (Disparais de ma vue), «What the fuck is this ?» (De quoi s’agit-il ?) «Fucking bad…» (Très mal), «You, mother-fucker !…» (Baiseur de ta mère), «Go fuck yourself !…» (Baise ou encule toi-même), «No fucking way !…» (Rien à faire !), «You, fucking loser…» (Sale perdant), «Who would care a fuck ?» (On n’en a rien à foutre). Le commentateur du livre Parlez Globish (2005, Jean-Paul Nerrière Jacques Bourgon, Philippe Dufresne) propose quelques expressions, dans cette langue : «Si vous tombez dans le métro (ou ailleurs d’ailleurs) dites foc. Si on vous dévalise dans le Bronx (ou ailleurs d’ailleurs) dites foc. Si on vous crie de dessus en employant foc répondez foquiou tou. Si vous perdez votre passeport, avisez un policier et dites aï lost maï foquin peipppers. Si vous vous perdez en ville (ou ailleurs d’ailleurs), criez aï am foquin lost. Si vous voulez coucher avec cette belle blonde, dites-lui aï wanna foc wiz you. Si ce que vous faites ne marche pas, dites foc zat shit. Si on vous charrie demandez ariou foquin mi ?»

Lire aussi : Les marivaudages du réel et du virtuel (Bruno Jarrosson)

Chaque fois qu’il est question de relations sexuelles, on n’emploie plus qu’une seule formule : «to have sex», comme on «a» de l’argent, une pièce d’identité, une maison ou quelque possession ou qualité que ce soit. En français, on dira vulgairement «baiser» (mais pas si vulgaire que ça puisque dérivé du «baiser») ou encore couramment «faire l’amour» (qui n’est pas tout à fait du faire au sens de fabriquer mais plutôt au sens d’œuvrer). On ne dira plus «sexual intercourse» ou «copulation» ou «coït». Quand on voit, à l’écran, comment se passe «to have sex», on se dit qu’il s’agit bien d’une action mécanique, stéréotypée, et plutôt brutale. «To have sex» a remplacé «screw», qui n’était guère mieux, car «screw», c’est visser, froisser, arracher, tordre, etc. Quand la plupart des films et séries nous montrent que «to have sex» c’est se jeter l’un sur l’autre, de préférence dans un débarras, dans des toilettes ou contre le premier mur venu, et de régler ça en quelques minutes, avec orgasme garanti, on se demande dans quel état de frustration et/ou d’ignorance sexuelle vivent certains Américains.

Toute cette pauvreté d’expression est simultanée avec un autre phénomène : l’adoration de la Tech (dernière formulation de ce qui fut successivement : télécommunications, techniques d’information et de communication, nouvelles technologies d’information et de communication -NTIC –, high-tech).

Usage très appauvri des corps et de leurs prothèses

Quand on va dans un magasin comme la FNAC (qui commença par la vente et la réparation d’appareils photos et de caméras, en 1957), tous les rayons présentent des appareils plus ou moins sophistiqués, mais un seul est désigné comme high-tech : celui des ordinateurs et de leurs accessoires. Et s’il est admis que les techniques de pointe (high-tech) couvrent les domaines de l’aéronautique, des biotechnologies, des nanotechnologies et de la robotique, en plus de l’informatique, il est plutôt rare que l’on parle d’automatique (science sans laquelle toutes ces HT ne pourraient exister), et l’immense majorité des gens n’a pas la moindre idée du fonctionnement d’un microprocesseur. Quand on entend dire : «I love technology», pour signifier qu’on est heureux d’utiliser Zoom ou FaceTime, on se dit que «Tech» n’a ni plus ni moins de sens que «Fuck». D’ailleurs, les technophobes pourraient dire : «Fuck the Tech», et les technolâtres : «Have a sex Tech». À mes yeux, et peut-être de manière tout à fait inappropriée, la misère sexuelle et la misère technologique se rejoignent. Autrement dit, l’adoration aveugle (ignorante) du sexe est équivalente à l’adoration aveugle (ignorante) d’un objet ou système technique. Si j’ajoute que dans les deux cas on «communique», l’équivalence est peut-être fondée.

Puisque le «sex» et la «Tech» manifestent autant l’un que l’autre la très grande distance entre la connaissance réelle et l’usage très appauvri des corps et de leurs prothèses (le téléphone est produit par des humains, il ne pousse pas sur les arbres), existe-t-il un moyen d’inverser cette tendance uniformisante ?

Lire aussi : L’Âge du Minotaure : penser la technique (Pierre Dulau et Guillaume Morano)

Une réponse classique est de dire qu’on n’adhère pas à : une couleur, une nationalité, une orientation sexuelle, un parti politique, un type de musique ou tout autre type de choix exclusif. On peut mettre en avant l’idée «d’hybridation» (en évitant le terme de «métissage», puisque celui-ci est supposé découler d’un mélange de «races pures», lesquelles n’existent pas) ou «d’arborescences de variétés» (idée un peu plus complexe, découlant de la théorie de l’évolution). On peut aussi parler de pluri-appartenance, par exemple en parlant couramment plusieurs langues (assez fréquent), en pratiquant plusieurs modes de vie (jardinier, enseignant, musicien, assez rare), en «adhérant» à plusieurs confessions et/ou partis politiques (c’est extrêmement rare et généralement réprouvé, puisque ces appartenances sont réputées incompatibles).

Une réponse opposée, et en voie d’expansion, est l’hyperspécialisation, autrement dit l’appartenance à une variété très étroite au sein d’un champ plutôt vaste : pratique sportive (sports de glisse, une trentaine), styles musicaux (plusieurs centaines), styles vestimentaires (un site spécialisé en «décrypte» 36). On peut en rire ! C’est nettement moins amusant lorsqu’on ordonne les types de maladies psychiques (le DSM5 – manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux – compte 19 catégories, et des centaines de sous-catégories).

De LGBT à… LGBTQQI2SAA

Parmi toutes les hyperspécialisations, il en est une qui me fait peur car elle est lourde de conséquence sur le devenir humain. C’est celle de la prolifération des identités sexuelles et de genre, supposée être une libération du carcan de la société patriarcale-sexiste-colonialiste (établissant une identité, au sens mathématique, entre les trois). Ainsi «LGBT ou LGBTQIA +, sont des sigles utilisés pour qualifier les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles, c’est-à-dire pour désigner des personnes non-hétérosexuelles, non cisgenres ou non dyadiques.» (Wikipedia). «Non-hétérosexuelles», on comprend, bien qu’il soit plus simple de dire «homosexuelles» ; est-ce que cela veut dire qu’«homosexuel» reste une «marque» dépréciée ? Avec «cisgenre», les choses s’embrouillent : les uns disent que la personne cisgenre est celle qui accepte le sexe qu’on lui a assigné à la naissance ; d’autres que c’est celui qui accepte le genre assigné à la naissance ; d’autres que ce sont «les individus dont le genre de naissance, le corps et l’identité personnelle coïncident» (comprenne qui pourra) ; d’autres parlent de cissexuel pour décrire «les personnes qui ne sont pas transsexuelles et qui ont toujours connu leurs sexes physique et mental alignés». Bref, être cisgenre c’est être singulièrement borné, sexiste, normatif et normalisé. On l’est d’autant plus qu’on s’insurge contre l’idée (aberrante d’un point de vue biologique) que le sexe pourrait être «assigné» à la naissance, et qu’on persiste à penser – c’est mon cas – que le sexe est constaté à la naissance, de même qu’on constate que le nouveau-né a deux yeux, un nez, etc. Dans cette approche trans-, le transhumanisme n’est pas loin : il faut s’affranchir des limites «naturelles» (et «culturelles») de l’humanité «classique» (c’est-à-dire normée). Être «non-dyadiques» est sans doute le must de cette libération, car c’est être fluide dans le genre (et/ou le sexe), voire refuser toute appartenance à un «genre» (ou un «sexe») quel qu’il soit. À force de mélanger les aspects biologiques, psychologiques et sociologiques, tout en changeant fréquemment les appellations entre «sexe» et «genre», on aboutit soit à une adhésion sans faille à une éternelle position de victime (puisque personne ne sera reconnu dans sa stricte singularité), soit à un rejet en bloc de tout ce qui est considéré comme «déviance» dans les pratiques et/ou les identités sexuelles. Déjà qu’un même sigle assemble sous la même bannière les orientations sexuelles (lesbiennes, gay, bi —), les variétés physiologiques (trans-, a —, etc.), les choix ou non-sociaux (queers, intersexes) est un signe de grande confusion.

Ce qui est rebutant dans l’agglomération LGBTQIA +, c‘est qu’elle entraîne une quête sans fin, et parfois désespérée, d’une identité singulière, voire unique, de telle sorte que chacun soit à nul autre pareil, sous peine d’une réduction de cette «identité». Ce à quoi nous assistons lorsque nous apprenons que le sigle ne cesse de s’allonger : LGBTQQI2SAA. Q signifie «Queer» (un terme vague signifiant bizarre, curieux – et qui pourrait englober la plupart des autres) ; le second Q signifie «questionnement» (en transition vers tel genre et/ou sexe), 2S «bispirituels» (homme et femme à la fois), le premier A «androgyne» (quelque part entre homme et femme), le deuxième A «asexuels» (n’éprouvant aucune attraction sexuelle). Je pense qu’on pourrait prolonger cette liste indéfiniment, car on peut trouver autant de nuances qu’on voudra d’identités éprouvées et/ou marquées «dans le corps» [1].

Lire aussi : Du droit de préférer (Philippe Granarolo)

Ainsi la «dé-normalisation» que prônent les communautés LGBT n’est pas aussi funeste que la «re-normalisation» que proposent les DSM successifs, mais elle peut aboutir à un nouveau carcan, même négativement énoncé : non-hétéro, non-cisgenre, non dyadique… (résumé parfois en : dyacishet).

Et à un nouveau type de normalisation et moralisation. Par exemple, selon une étude publiée le jeudi 7 novembre 2019 par la GLAAD (Gay and Lesbian Alliance against Defamation, qui délivre tous les ans des Media Awards), «les personnages LGBTQ représentent aujourd’hui 10,2 % des rôles récurrents de séries diffusées à la télévision américaine […] soit 90 rôles sur un total de 879.[…] Pour suivre au mieux les évolutions de la société américaine, le groupe GLAAD a lancé un nouveau défi aux créateurs de séries : 20 % de personnages LGBTQ récurrents d’ici 2025, dont 50 % de personnes de couleur.»

Course sans fin à l’identité

Dans la perspective «différentialiste» c’est nettement insuffisant : «de couleur» reste très vague : il faut proportionner les rôles aux diverses origines ethniques (au niveau d’un pays ? D’un continent ? Du monde ? – cela dépendra sans doute de la distribution de chaque série), aux diversités de taille, de corpulence, de types de cheveux (couleur et courbure), de formes du nez et des oreilles, et d’autres variétés morphologiques. Le mieux, d’ailleurs, serait que chaque acteur se joue lui-même, et rien d’autre, dans une pièce ou un film qu’il composerait lui-même, sans la moindre influence normative. C’est à quoi servent la plupart des «posts» (publications) des réseaux sociaux !

Qu’en conclure ?

Quelles que soient les bonnes intentions – lutte contre les discriminations, reconnaissance des droits de chaque être humain, changement du regard des «autres» – cette course sans fin à l’identité de sexe/genre, qui ne tient aucun compte de l’histoire familiale et sociale des individus [2], réduit ceux-ci à des portemanteaux de «marqueurs» à une seule dimension (le sexe), réduisant la sexualité à une «fucking affair», où les sentiments éprouvés, partagés, transmis convergent en un sinistre «to have sex». Et la «Tech» dans tout cela ? Elle donne l’illusion que la perte de relations profondes (éprouvée par Winston dans 1984 de George Orwell) peut être compensée par l’accès à l’univers magique et chatoyant des «stories» et des «tweets» (gazouillis), commentés par un «like» qui n’engage à rien.

[1] L’association pour la visibilité asexuelle a créé un serveur Discord : «Afin de permettre aux communautés Aces (sur le spectre de l’asexualité) et Aros (sur le spectre de l’aromantisme) de pouvoir se rassembler et d’échanger dans un cadre convivial de bienveillance.» Aromantique signifie «qui n’est pas amoureux», et si on parle de «spectre», c’est pour signifier qu’on peut être aromantique (tout comme romantique) de diverses manières. «Celleux qui se considèrent comme étant sur le spectre de l’asexualité et/ou de l’aromantisme font partie de la communauté LGBTQ+ car leur orientation sexuelle et/ou romantique diffère de celle d’une personne cisgenre, hétéro-romantique ET hétérosexuel.le.» Grsmontreal : il s’agit d’une clinique chirurgicale spécialisée dans la réassignation de genre.
[2] Voir Jean-Pierre Lebrun, Au sujet de la « dysphorie de genre », Quinzaines, n° 1233, février 2021.

 

Michel Juffé

Né en 1945, Michel Juffé est un philosophe français, intéressé aux questions d'éthique, de philosophie politique et d'écologie. Il fut conseiller du vice-président du conseil général de l'écologie et du développement durable (2003-2010) et a enseigné dans plusieurs grandes écoles et universités. Auteur d'une douzaine d'ouvrages, il a récemment publié Sigmund Freud – Benedictus de Spinoza, Correspondance, 1676-1938 (Gallimard, 2016), Café-Spinoza (Le Bord de l'eau, 2017), Liberté, égalité, fraternité... intégrité (L'Harmattan, 2018), A la recherche d'une humanité durable (L'Harmattan, 2018) et, dernièrement, Éclats d’un monde disparu (Élan des mots, 2020), Nietzsche lecteur de Heidegger (Élan des mots, 2021) et Vlad le destructeur (Élan des mots, 2022).

 

 

Commentaires

Je connaissais la position du missionnaire ( et quelques autres , soyez rassuré ) , je redécouvre , grâce à votre papier, la place centrale occupée désormais , dans notre société , par la position de victime . Notre Génération J’ai le droit ( excellent livre de Barbara Lefebvre ) a parfaitement compris comment exercer sur notre démocratie une véritable tyrannie des minorités : en se revendiquant , en toutes occasions , comme une malheureuse victime du patriarcat blanc hétérosexuel . D’où la prolifération de ces associations faisant d’autant plus de bruit et d’esbroufe au sein du microcosme politico-médiatique qu’elles se savent ultra-minoritaires .Ce serait simplement risible et on en prendrait tranquillement son parti si la classe politique , oubliant qu’elle tire en principe sa légitimité de la défense de l’intérêt général , du bien commun , ne manifestait trop souvent ,à l’égard de tel ou tel lobby , une bienveillance relevant de la connivence . Résultat ? La majorité silencieuse se détourne de plus en plus de la démocratie représentative…par laquelle elle ne se sent plus représentée , justement . On peut craindre que ça finisse mal .

par Philippe Le Corroller - le 14 juin, 2021


Je partage assez largement le constat de M. Juffé, avec cette différence significative que ça fait belle lurette que je ne regarde pas les séries américaines. Je les ai abandonnées il y a des lustres, car elles m’ont semblé lisses, « slick », cyniques, et fières de l’être, en plus d’être souvent très mauvaises pour mon oeil critique.
Tant de mauvaise conscience de soi (haine de soi ?) m’afflige, et ne me donne pas envie de regarder. Pour un peu, ça me donnerait même honte et pitié pour les acteurs qui jouent dedans, réduits à se soumettre à un sous emploi terrifiant de vacuité. Et ça me donne honte pour un public qui accepte tant de mépris sans broncher.
Alors… j’aimerais savoir QUI regarde les séries américaines, où, et avec quels effets. (Il me semble que ces séries, et la colonisation qu’elles mettent en oeuvre, pourraient faire des ravages dans les pays du Moyen Orient…)
Je crois pouvoir dire que cette colonisation facile, de fauteuil, qui engage si peu les colons, sans les brasser du tout, fait des ravages dans les pays où les drogués de la télé, ou de l’écran s’imaginent que la vie se passe réellement dans les maisons comme elle se passe sur les écrans dans une série.
D’avoir quitté le continent américain il y a quarante ans, je peux dire à quel point la culture américaine est moralisatrice, conservatrice, voire pudibonde en dehors des écrans et des discussions de salon. Même à l’heure actuelle, où mon pays d’origine sombre dans la folie des délires identitaires, il reste… pudibond, et moralisateur.
Il est difficile pour les personnes qui regardent les écrans dans d’autres pays d’imaginer que dans les chambres à coucher, les maisons, les choses ne se passent pas comme sur les écrans…
Mais les fous délires identitaires qui nous éprouvent ne sont peut-être pas loin des fous délires identitaires qu’ont vécu les Athéniens il y a des lustres avant la naissance de Jésus. Cela m’interroge…

par Debra - le 14 juin, 2021


[…] Ce qui est rebutant dans l’agglomération LGBTQIA +, c‘est qu’elle entraîne une quête sans fin, et parfois désespérée, d’une identité singulière, voire unique, de telle sorte que chacun soit à nul autre pareil, sous peine d’une réduction de cette «identité». Ce à quoi nous assistons lorsque nous apprenons que le sigle ne cesse de s’allonger : LGBTQQI2SAA. Q signifie «Queer» (un terme vague signifiant bizarre, curieux – et qui pourrait englober la plupart des autres) ; le second Q signifie «questionnement» (en transition vers tel genre et/ou sexe), 2S «bispirituels» (homme et femme à la fois), le premier A «androgyne» (quelque part entre homme et femme), le deuxième A «asexuels» (n’éprouvant aucune attraction sexuelle). Je pense qu’on pourrait prolonger cette liste indéfiniment, car on peut trouver autant de nuances qu’on voudra d’identités éprouvées et/ou marquées «dans le corps» [1]. […]

par «Fuck», «Sex», «Tech» and «Gender» : quand l’Amérique sombre | Groupe Gaulliste Sceaux - le 15 juin, 2021


[…] Texto publicado originalmente em francês no site iPhilo. […]

par “Fuck”, “Sex”, “Tech” e “Gênero”: quando a América afunda. – Machine Deleuze - le 19 juillet, 2021



Laissez un commentaire