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Rousseau : de la perfectibilité à l’inégalité parmi les hommes

24/02/2016 | par D. Guillon-Legeay | dans Classiques iPhilo, Philo Contemporaine | 8 commentaires

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Comment établir une ligne de démarcation entre l’homme et l’animal ? Pour résoudre  la question anthropologique du propre de l’homme, la tradition philosophique n’a cessé de proposer différents critères : la main (Anaxagore), la politique (Aristote), le langage, la raison (Aristote, Descartes) … Mais ces critères sont-ils suffisamment pertinents ? Les discussions âpres entre philosophes témoignent que tel n’est pas le cas, dans la mesure où, peu ou prou, certaines espèces animales semblent posséder des aptitudes proches de celles de l’homme : la communication, l’organisation sociale… C’est pourquoi Rousseau propose un autre critère qui lui paraît incontestable : « la faculté de se perfectionner » grâce à laquelle l’homme, passant de la nature à la culture, devient à la fois autre (différent de l’animal) et pleinement lui-même (un être civilisé).

Toutefois, Rousseau nous avertit que cette perfectibilité est paradoxale, car si elle permet à l’humanité de progresser, ce faisant elle l’éloigne également de la nature. D’où la question : la perfectibilité est-elle pour l’homme un facteur d’humanisation ou, au contraire, un facteur de dénaturation? En outre, ce problème d’ordre anthropologique se redouble d’un problème d’ordre politique et moral ; car si l’on considère l’accroissement de l’inégalité parmi les hommes dans les sociétés modernes, peut-on encore que le développement de la civilisation constitue nécessairement un progrès ? 

« Mais quand les difficultés qui environnent toutes ces questions (concernant la différence entre l’homme et l’animal) laisseraient quelque lieu de disputer, il y a une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle  il ne peut y avoir de contestation : c’est la faculté de se perfectionner ; faculté qui, à l’aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l’espèce que dans l’individu, au lieu qu’un animal est, au bout de quelques mois, ce qu’il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu’elle était la première année de ces mille ans. Pourquoi l’homme seul est-il sujet à devenir imbécile? N’est-ce point qu’il retourne ainsi dans son état primitif et que, tandis que la bête, qui n’a rien acquis et qui n’a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, l’homme reperdant par la vieillesse ou d’autres accidents tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même ? Il serait triste pour nous d’être forcés de convenir que cette faculté distinctive, et presque illimitée, est la source de tous les malheurs de l’homme; que c’est elle qui le tire, à force de temps, de cette condition originaire dans laquelle il coulerait des jours tranquilles et innocents; que c’est elle qui, faisant éclore avec les siècles ses lumières et ses erreurs, ses vices et ses vertus, le rend à la longue le tyran de lui-même et de la nature. »
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755)

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La perfectibilité, marque distinctive de l’espèce humaine et facteur de progrès.

Par civilisation humaine, il faut entendre ici l’ensemble des réalités matérielles et immatérielles que les hommes ont inventées pour pourvoir à leurs besoins, partout à la surface du globe : les techniques, les arts, les sciences, les lois, les traditions, les religions… Or, qui ne voit que la civilisation n’a cessé de progresser depuis la préhistoire, et qu’elle a fini par instaurer une différence manifeste entre les hommes et les bêtes ? Rousseau, cependant, ne se borne pas à constater cette évolution; il tente d’en  ressaisir la condition de possibilité. Or, si l’homme seul fait des progrès, n’est-ce point parce qu’il possède la faculté de se perfectionner ?

Mais en quoi consiste exactement cette perfectibilité ? Curieusement et génialement, Rousseau affirme que cette faculté « à l’aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l’espèce que dans l’individu » ! D’abord, tous les êtres humains possèdent de façon innée cette perfectibilité ; ce n’est qu’ensuite, au contact de leurs semblables, qu’ils apprennent à développer la puissance de leur corps et de leur esprit. En somme, la nature rend possible, et la culture actualise. Et comme cette faculté est « spécifique » (littéralement : propre à une espèce), cela implique qu’aucun groupe humain n’en est dépourvu. D’un trait, Rousseau cerne ici tout le processus de l’éducation ! Cette dernière ne consiste-t-elle pas, en effet, à développer les potentialités innées des individus dans un cadre social approprié? En outre, Rousseau indique que cette faculté «développe successivement toutes les autres ». La perfectibilité entraîne le développement exponentiel de toutes les autres facultés humaines : l’observation, la réflexion, le calcul, l’imagination, la sensibilité, le langage, la sociabilité, l’habileté, l’agilité, la dextérité… En somme, cette faculté de se perfectionner atteste de l’extraordinaire plasticité de l’intelligence humaine ; elle est la marque de son génie. En transformant la nature sauvage, l’homme a édifié, ici et là, au cours des millénaires, une diversité de cultures.

Mais il y a plus : en transformant la nature (le monde extérieur), l’homme transforme sa propre nature (son essence). Si l’homme peut développer autant de facultés, c’est précisément parce qu’il n’est déterminé par aucune en particulier. En d’autres termes, cette plasticité des facultés prouve que l’homme n’a pas d’instinct ! Rousseau ne veut pas dire qu’il ne subsiste pas certaines formes de conduites instinctives dans l‘animal humain (pour la conservation, la sexualité, la défense, l’agression). D’ailleurs, quelques lignes avant ce texte, tout en reconnaissant la difficulté de dresser le portrait de l’homme à l‘état de nature, Rousseau croit pouvoir identifier dans l’homme naturel la présence de « deux principes antérieurs à la raison, dont l’un nous intéresse ardemment à notre bien-être et à la conservation de nous-mêmes, et l’autre nous inspire une répugnance naturelle à voir périr ou souffrir tout être sensible et principalement nos semblables ». Ainsi, le soin de notre conservation et la pitié pour les autres sont des mouvements spontanés de la nature. Par conséquent, Rousseau ne nie pas la survivance de cette animalité originelle en chacun de nous ; il montre que cette plasticité des facultés humaines est infinie, et que ce « plus », au fil des millénaires et au gré des circonstances, a fini par produire la civilisation.

C’est  pourquoi Rousseau oppose d’ailleurs la perfectibilité à la fixité de l’instinct animal: « un animal est, au bout de quelques mois, ce qu’il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu’elle était la première année de ces mille ans.» L’animal vit conformément aux instincts propres à son espèce, aux programmes comportementaux qui sont inscrits dans son corps, et qu’il partage avec ses congénères. L‘animal s’adapte à son environnement ; il n’éprouve pas le besoin de s’en extraire ni de le modifier radicalement. On le voit, ce jeu des oppositions paraît tourner à l’avantage exclusif de l’homme. La fixité de l‘instinct fait que l’animal se maintient dans les limites du strict nécessaire et qu’il ignore tout de la superfluité du luxe. L’homme, au contraire, grâce à la perfectibilité, s’arrache de son animalité originelle. Ce faisant, il devient l’auteur de sa destinée et il entre dans l’Histoire.

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Fragilité et réversibilité du progrès humain.

Pourquoi l’homme seul est-il sujet à devenir imbécile ? ” Par cette question abrupte, Rousseau fait voler en éclat cette prétendue supériorité de l’homme sur l’animal. Il observe en effet que les acquis de la civilisation ne sont ni définitifs ni irréversibles. La notion communément admise de « progrès » désigne un changement qualitatif et mélioratif dans l’ordre des choses. Or, Rousseau fait observer qu’un tel processus n’est ni linéaire ni irréversible, qu’il comporte des failles et des limites ; il demeure fragile dans ses avancées, et discutable dans ses acquis.

Paradoxalement, et du fait même de la perfectibilité, l’homme devient un être dépendant et vulnérable. Le progrès technique ne peut prémunir l’homme contre les injures du temps, de la vieillesse, de la maladie ni contre l’inéluctabilité de la mort. Ne dit-on pas d’un vieillard atteint de sénilité qu’il retombe en enfance ? De même, à l’échelle du genre humain, les désastres de la guerre, la pratique de l’esclavage, l’accroissement des inégalités sociales ne prouvent-ils pas que les développements sociaux, politiques et techniques n’impliquent pas nécessairement un progrès moral de l’humanité, voire même qu’ils peuvent l’entraîner sur la voie de la régression ?

Rousseau, une nouvelle de plus, procède par opposition, laquelle tourne, cette fois, à l’avantage non plus de l’homme, mais de l’animal. Ici, le renversement est saisissant ! Car ce qui semble une faiblesse chez les bêtes constitue, en réalité, un atout : « la bête, qui n’a rien acquis et qui n’a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct ». La fixité de l’instinct constitue un facteur de stabilité, de pérennité. Pour l’animal, les millénaires passent, mais sa nature demeure. Inversement, ce qui semble un avantage pour l’homme l’expose à une régression toujours possible : « N’est-ce point que l’homme, reperdant par la vieillesse ou d’autres accidents tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même ? ». Sitôt qu’il perd les acquis de la civilisation, l’homme est perdu.

Or, c’est sur ce point précis que se joue la véritable différence entre les hommes et les bêtes. Les uns comme les autres demeurent exposés à des accidents de toutes sortes. Mais s’agissant de l’animal, ou bien il périt, ou bien il survit ; mais toujours, il se fie à son instinct. En revanche, s’agissant de l’être humain, une telle régression ne peut que le condamner « à retourner dans son état primitif », voire même « à retomber plus bas que la bête même ». Certes, la culture est, par essence, une « anti-nature ». Mais il faut bien voir sa valeur ambivalente : elle est à la fois une conquête et une catastrophe, un facteur d’émancipation et un facteur de dénaturation.

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La critique des inégalités sociales.

Le progrès de sciences, des arts et des techniques est indiscutable ; pour autant, a-t-il contribué à rendre les hommes plus libres et plus heureux ? Rien n’est moins sûr… On a vu que le début du texte posait le problème anthropologique de la différence entre l’homme et les bêtes ; en revanche, la fin du texte pose le problème politique de l’inégalité parmi les hommes. Se pourrait-il que la perfectibilité soit aussi « la source de tous les malheurs de l’homme » ? Rousseau semble ne pas vouloir se résoudre à une telle idée : « Il serait triste pour nous d’être forcés de convenir…». Pourtant les faits sont là… Dès lors, comment en rendre compte ? Et qui faut-il incriminer ? La nature qui donne aux hommes la perfectibilité, ou la société qui institue ente eux l’inégalité? Examinons les deux hypothèses.

Première hypothèse. N’eût-il pas mieux valu que la civilisation ne voie jamais le jour, et que l’homme demeure dans « cette condition originaire dans laquelle il coulerait des jours tranquilles et innocents» ? Car n’est-ce pas ainsi que l’on se plaît à dépeindre l’état de nature ? Un âge d‘or où les hommes vécurent heureux, avant de devoir s’unir et s’organiser pour vivre en société. Or, rendre la perfectibilité responsable des inégalités sociales reviendrait à dire que ces dernières sont autorisées par la loi naturelle ; il y a des hommes riches et des hommes pauvres, des maîtres et des esclaves, de la même façon que, dans la nature sauvage, il y a des forts et des faibles, des dominants et des dominés. Indéniablement, nous dit Rousseau, force est de reconnaître que la perfectibilité comporte des aspects positifs et négatifs. Sur le plan de la connaissance et de  la technique, le progrès « a fait éclore des lumières et des erreurs », notamment dans les arts, les sciences et les techniques (les transports, la médecine…) ; elle l’a fait passer du stade de la brute à celui de civilisé. Du point de vue moral, le progrès a également engendré « des vices et des vertus »: en bonne part, la conscience morale, les préceptes de la religion ; en mauvaise part, l’esclavage, le vol, la propriété privée…

Reste donc la seconde hypothèse, celle d’une corruption de l’homme par la société. Puisque Rousseau vient d’établir que la perfectibilité est la marque distinctive entre l’homme et l’animal, la source du progrès et la condition de toute éducation, n’y aurait-il donc pas une inconséquence de sa part à vouloir détruire la thèse qu’il a présentée comme incontestable ? La réponse de Rousseau est très claire : c’est la société qui, en instituant la propriété privée, autorise les inégalités sociales et le pillage de la nature… Du fait de l’institution de la propriété privée, l’homme a fini par devenir « à la longue, le tyran de lui-même et de la nature ».

Car telle est la thèse centrale du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes : l’institution de la propriété privée a introduit un véritable point de rupture dans l’histoire des hommes ; elle est la cause de l’inégalité qui règne parmi eux :

« Le premier qui ayant enclos un terrain s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : “Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est à personne!” Mais il y a grande apparence qu’alors les choses en étaient déjà venues au point de ne plus pouvoir durer comme elles étaient : car cette idée de propriété, dépendant de beaucoup d’idées antérieures qui n’ont pu naître que successivement, ne se forma pas tout d’un coup dans l’esprit humain : il fallut faire bien des progrès, acquérir bien de l’industrie et des lumières, les transmettre et les augmenter d’âge en âge, avant que d’arriver à ce dernier terme de l’état de nature. […] La métallurgie et l’agriculture furent les deux arts dont l’invention produisit cette grande révolution. Pour le poète, c’est l’or et l’argent, mais pour le philosophe ce sont le fer et le blé qui ont civilisé les hommes, et perdu le genre humain ».

Pour Rousseau, il ne fait aucun doute que l’institutionnalisation de la propriété privée est la véritable cause de l’inégalité entre les hommes. Rousseau n’est pas anarchiste comme Bakounine, ni socialiste comme Proudhon. Il ne dit pas que « La propriété, c’est le vol » ; il dit (et c’est bien sûr très différent) que l’institutionnalisation de la propriété privée, par le travail et l’oppression qui en découle, est à l’origine de l’inégalité parmi les hommes. Certains passent leur vie à travailler et ne récoltent que la misère, tandis que d’autres vivent dans l’oisiveté et jouissent de richesses et de privilèges exorbitants. Ce n’est donc pas la nature qu’il faut incriminer, c’est la société qu’il faut réformer :

« Il est manifestement contraire à la Loi de Nature, de quelque manière qu’on la définisse, qu’un enfant commande à un vieillard, qu’un imbécile conduise un homme sage, et qu’une poignée de gens regorge de superfluités, tandis que la multitude affamée manque du nécessaire ».

La critique de Rousseau résonne d’une étrange actualité, si l’on songe que la fortune des quatre-vingt-cinq plus riches milliardaires équivaut à celle de la moitié de l’humanité… Ou encore à ces millions d’hommes et de femmes qui n’ont pas accès à l’eau potable, à la nourriture, aux médicaments ni à l’éducation… Ou encore aux enfants esclaves dans les usines de textile et d’informatique, ou ceux que l’on enrôle de force pour faire la guerre… Ou encore aux violences infligées aux femmes partout dans le monde… Hélas, la liste des maux qui accable l’humanité du fait de l’inégalité est immense ! Elle met en évidence le fait que les progrès indéniables de la civilisation sur le plan matériel n’impliquent pas nécessairement un progrès de l’humanité sur le plan moralNotre engouement pour les innovations technologiques vaut à proportion de notre indifférence pour la souffrance de nos frères humains.

 

D. Guillon-Legeay

Professeur agrégé de philosophie, Daniel Guillon-Legeay a enseigné la philosophie en lycée durant vingt-cinq années en lycée. Il tient le blog Chemins de Philosophie. Suivre sur Twitter: @dguillonlegeay

 

 

Commentaires

Rousseau, un des plus grands penseurs des Lumières…
Darwin et Freud ont suivi Rousseau. Lorenz, aussi, comme j’aime le dire.
Rousseau s’appuie sur son héritage religieux dans son opposition « homme »/ »bête », et « nature/culture(civilisation ».
D’autres penseurs ont révolutionné notre manière de voir le monde, et fait trembler notre opposition « homme=intelligence, culture », « bête=instinct », ce qui nous a donné en français… « la bête est bête ».
Darwin nous a dit que l’Homme était un animal parmi d’autres animaux, et qu’en tant que tel, il est… SOUMIS aux lois naturelles qui régissent la vie ensemble sur la planète terre. On peut refuser d’entendre Darwin, ou même vouloir avoir son gâteau et le manger aussi, en acceptant Darwin sur un plan, tout en le refusant ailleurs, mais je préfère accepter Darwin, et faire avec maintenant. En essayant de trouver une place pour l’homme qui est dans la juste moyenne ? ni trop haut, ni trop bas. Ce serait dommage de suivre le trajet d’Icare, tout de même.
Cette fameuse néotonie, plasticité dont s’enorgueille l’homme, lui est moins réservée exclusivement qu’il n’a pu le penser par le passé.
D’autres espèces… évoluent (devrait-on dire « progressent » ?).
D’autres espèces pensent, observent, ont des conduites… réfléchies.
D’autres espèces ont même des consciences, bien qu’en France, nous nous refusions à l’admettre, par grand orgueil. (Un peu de péché originelle sous forme de la crainte de Dieu ne nous ferait pas de mal, je trouve.)
La lecture de Lorenz dans ses années d’observation des oies cendrées nous fait entrevoir des… sujets ? oies capables de s’engager avec le jars de leur choix pendant une quarantaine d’années, quand les circonstances s’y prêtent… Car, les circonstances y sont pour quelque chose dans le parcours de tout sujet singulier.
Pour les inégalités…
Beaucoup de réflexion m’amène à m’interroger de cette manière :
1) comment saurions-nous déterminer avec certitude que l’évolution de notre civilisation occidentale est le fait de nos choix volontaires et conscientes, et pas le résultat d’un ensemble de déterminismes… NATURELS, découlant d’impératifs biologiques s’exprimant dans un contexte, un environnement donné ? (Par exemple, concentrer un grand nombre d’hommes et de femmes dans des mégapoles à l’heure actuelle produit déjà le résultat que quand vous déambulez dans la rue, vous ne dites pas « bonjour » à chaque passant. Une chose aussi mineure chez un.. individu ? sujet ? peut, quand il s’agit de millions d’individus, avoir des conséquences importantes.)
2) Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, l’inégalité, tout en étant source de souffrance, est source de relations, de contacts, d’échanges. Pourquoi entrer en contact avec autrui si « on » est indépendant/autonome, si on n’a besoin de rien, ni de personne ? L’individu autonome, indépendant, qui n’a besoin de rien, ni de personne est fondamentalement.. égoïste, non ? Pourrait-il être autre ?
3) Une des failles les plus grandes de la société française républicaine est son incapacité d’imaginer que la richesse puisse avoir des inconvénients (entendre, donc, que la richesse est une valeur absolue). C’est pourtant le cas, et il en a toujours été ainsi. L’incapacité de pouvoir l’imaginer est grave, pour la société française (et pas seulement). Cette incapacité est une indication subtile de l’étendu de l’idolâtrie de la mesure argent pour donner de la valeur aux choses…. et aux personnes…par le biais du salaire.
4) Pour la propriété privée, quiconque a vu un petit enfant de 18 mois en collectivité avec d’autres verra ce qu’est la propriété privée. On pourrait dire, pour abonder dans le sens de Darwin, que c’est une forme que prend la territorialité, qui est une conduite qu’on peut observer chez les animaux, mais je n’emploierai pas le mot « instinct », car je ne suis pas sûre qu’il soit pertinent.

Eliminer la propriété privée, éroder la différence des sexes, et l’exclusion comme manière de déterminer l’appartenance à un groupe, cela finit par porter atteinte à ce qui permet de faire des différences entre. Comme je dis souvent ici (mea culpa), là où l’individu gagne, le sujet perd, il me semble.
Il y a bel et bien des lieux psychiques et physiques, d’ailleurs, où on ne peut pas avoir son gâteau et le manger aussi. C’est bien la preuve que l’exclusion a de beaux jours devant elle.
Pour conclure… là où certains semblent mettre en question le fait que l’homme soit soumis à un ordre naturel, je me demande dans quelle mesure l’Homme fait autre chose qu’exprimer SA nature (ses natures ?) dans ses productions et institutions sociales ?
Là où Lui se voit… civilisé, ne voit-on pas sa nature, spécifique à lui-même en tant qu’animal différent (mais semblable aussi) à d’autres animaux ?

par Debra - le 24 février, 2016


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Bonjour,

L’homme et la femme, pour s’en éloigner plus, et le plus vite possible,

Quittent définitivement le monde animal;
Mais,l’espèce humaine,
Appartiendrait bien,
A la nature terrienne !

par philo'ofser - le 3 mars, 2016


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