Robert Redeker
Robert Redeker est un philosophe et écrivain français né en 1954. Agrégé en philosophie, il est chercheur au CNRS. Il est membre du comité de rédaction de la revue Les Temps modernes et de la revue Des lois et des hommes. Parmi ses ouvrages, nous vous conseillons Egobody : La fabrique de l'homme nouveau aux éditions Fayard (2010) et L'Emprise sportive aux éditions François Bourin (2012). Suivre sur Twitter : @epicurelucrece
ENTRETIEN : Pour libérer l’école de l’ambition prométhéenne de fabrication d’un homme nouveau, il faut que celle-ci retrouve sa mission première, enseigner la langue, transmettre l’héritage de la haute culture, conduire au pays de la pensée.
Les trois combats d’un Parfait cathare : Georges Canguilhem
TRIBUNE : Robert Redeker livre ses réflexions sur les combats de la vie de Georges Canguilhem, entres autres la Résistance, ses engagements politiques, l'enseignement de la philosophie et ses travaux sur la biologie.
Le Progrès ? Point final.
BONNES FEUILLES : L’échec du progrès éclate dans toute sa manifesteté sur un triple plan : le monde, la société, l’homme, ne se sont pas hissés, à la faveur du progrès, à un statut d’être satisfaisant.
Onfray, ce pelé, ce galeux, ce Phénix matérialiste
TRIBUNE : Tout Onfray se déploie dans Cosmos : l’homme et sa pensée. Loin des postmodernes ou de la French Theory, des penseurs germanolâtres et germanopratins, Michel Onfray est ce qu’on appelait au XVIIIème siècle, dans une acception typiquement française, « un philosophe ». Préférant la campagne aux villes, il souhaite philosopher « hors des clous ».
L’argent et ses deux spectacles : le sport et la crise
Le monde du sport décalque celui de l’argent, joue au caméléon avec lui, prend la couleur et le goût de l’argent fou. C’est un argent qui, en amont comme en aval, ne renvoie à aucune valeur d’usage. C’est un argent sans rapport avec le monde réel, un argent en apesanteur. L’argent du sport atteint de telles sommes qu’il n’est que pure abstraction.
Le Discours sur l’inégalité, berceau et sépulture de l’anthropologie philosophique
Rousseau ouvre un champ nouveau à la philosophie – la connaissance philosophique de l’homme, l’anthropologie philosophique. Mais ce qu’il aura rendu possible creusera en retour son tombeau : la science s’empare de l’objet qu'est l’homme. Le moment Rousseau est donc suspendu entre deux époques : celle qui le prépare (Montaigne, Descartes, Malebranche) et celle qu’il prépare à son insu (l’approche scientifique de l’homme).
Michel Foucault, ou la théorie comme un roman
Il y a trente ans, Michel Foucault quittait ce monde. Entre ce décès et aujourd'hui, une grande partie de ses cours au Collège de France ont été publiés. La bibliothèque Foucault constitue un vaste ensemble qui conduit à la question suivante : comment lire ce philosophe, selon quel fil conducteur?
Le bruit contemporain exige de la positivité des sciences qu'elle dissolve la question de la pensée dans des résultats exprimables en termes mathématiques. L'affirmation inaugurale de Mattéi troue le mur de la bêtise ambiante en posant la pensée non comme un résultat mais comme une énigme.
Vivons-nous les temps de la fin du soldat ?
Le soldat ne fait plus rêver, il n’est plus un modèle pour la jeunesse. Notre époque – dans ce cap de l’Asie qu’est l’extrême ouest européen – se singularise par rapport à toutes les autres époques et à la plupart des civilisations par ce trait : le soldat n’y occupe plus une place centrale, sacrée, vénérable, dans l’imaginaire collectif.
L’individu moderne entre sa Madre philosophique, Thérèse, et son père intellectuel, Descartes
L’invention philosophique de Descartes consiste à importer dans la philosophie un dispositif efficace dans la mystique.L’égorévolution fonde le sujet tout en faisant de lui le seul sol solide, le centre de gravité des Temps modernes, leur fondement métaphysique.
Le corps entre le sport et la mystique
Le sport repose sur la haine du corps. Haine du corps : le corps n’est pas comme il devrait être pour permettre la performance ; pis : le corps intervient intempestivement pendant l’accomplissement de la performance, se rappelant au bon souvenir du compétiteur, par des refus, par des blessures.
Tönnies, prophète du règne de l’Opinion publique
Il est des livres d’un éclatant génie qui attendent près d’un siècle avant d’obtenir une traduction française. Tel est le sort de la Critique de l’Opinion publique, dont l’auteur, Ferdinand Tönnies (1855-1936) est connu de tout étudiant en sciences politiques et en philosophie, qui parut en Allemagne en 1922. Les éditions Gallimard viennent de réparer ce sidérant oubli en publiant cette œuvre dans une traduction de Pierre Osmo.
Le temps de la substitution du sexe à la race
Comment expliquer la polarisation du débat politique sur la question sexuelle ? Il y a 30 ans d’ici on eût jugé futile de se quereller au parlement et de manifester dans la rue autour du mariage homosexuel. Au cœur de l'imaginaire collectif le sexe et la race ont depuis des siècles partie liée. Longtemps, cette union perdura sous le signe à la fois symbolique et mythique du sang. Qu'était le sang sinon la race se transmettant par le sexe ? Il n’est pas anodin que l’on songe conjointement à instaurer le mariage homosexuel, à modifier la filiation et à effacer le mot « race » de la constitution. Notre temps n'est-il pas celui d'une reconfiguration du doublet race-sexe ?
Régis Debray, écrivain à idées
Quelle sorte d’auteur est donc Régis Debray ? Romancier-biographe et chroniqueur, au sens noble du terme, comme il le fut dans Loués soient nos seigneurs où il maniait une plume stendhalienne ? Philosophe – et des meilleurs – dans tous ses ouvrages ? Médiologue – autrement dit : scrutateur attentif des instruments assurant le voyage dans le temps, la transmission, de cultures, de croyances, d’idées ? Homme d’action ? La question se pose à la lecture de son dernier ouvrage, un recueil d’essais dispersés dans lequel tous ces aspects se croisent : Modernes Catacombes.
S’échapper d’où, demandera-t-on ? Du moule sportif – moule pour le corps et l’esprit, moule tout ensemble social, sociétal et anthropologique. Dans ce contexte une affirmation se justifie : le sport est la matrice de l’inhumain.
Luc Ferry et la Bohème triomphante
Ce livre d’art, d’histoire et de philosophie, est une sorte de roman des origines de l’individu « révolutionnaire » contemporain. Luc Ferry y plonge au cœur d’un secret longtemps occulté – celui de la première fabrique, bien artisanale, de nos racines, à nous autres humains du XXIème siècle. Humains du temps de la Bohème triomphante.