Robert Misrahi : le bonheur à hauteur d’homme
GRAND ENTRETIEN (2/2) : C’est avec un chercheur inlassable du bonheur que Michel Juffé s’est entretenu. A 92 ans, Robert Misrahi poursuit la tâche qu’il s’est fixée au sortir de la Deuxième Guerre mondiale : développer une philosophie du bonheur dans laquelle l’homme ait toute sa place, devienne comme la cause de lui-même. Car son pouvoir intérieur est presque total, nous assure le professeur émérite à la Sorbonne.
Né en 1926 à Paris de parents turcs, naturalisé à l’âge de 10 ans, Robert Misrahi est professeur émérite à l’Université Panthéon-Sorbonne. Docteur et agrégé en philosophie, proche de Sartre et de Bachelard dans sa jeunesse, il occupera jusqu’en 1994 la chaire de philosophie morale et politique à la Sorbonne. Penseur du bonheur, pourfendeur de toutes les formes de déterminisme, il est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages. Retrouvez «ici» une partie de sa biographie.
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Robert Misrahi, naissance d’un philosophe (introduction)
Robert Misrahi contre les philosophes (entretien 1/2)
Michel JUFFE. – Et si après avoir parlé des autres philosophes, on en venait à ta doctrine générale, fondamentale et principale ?
Robert MISRAHI. – C’est une doctrine du bonheur.
Comme les livres de développement personnel dans les rayons de supermarché ?
Les livres de développement personnel à la mode disent simplement : allez-y, forcez-vous, vous y arriverez ! Vous n’avez qu’à faire des mouvements de jambes le matin, des mouvements de bras le soir. Ne mangez pas de ci, ne mangez pas de ça. Ce sont des sottises. Moi, je me refuse à me servir du mot «bonheur» comme du mot «liberté» sans expliquer et démontrer ce que j’en affirme. Il ne me suffit pas de les dire. Je veux les définir.
Vas-y, définis…
J’appellerai bonheur non pas la satisfaction immédiate de tous les désirs, mais la satisfaction complète et totale de désirs réfléchis et choisis qui permettront l’accomplissement de quelque chose que je découvre être le «grand Désir». C’est un désir d’accomplissement qui ne peut pas être la simple satisfaction des désirs quotidiens. Car ce que les gens appellent bonheur, c’est souvent tout simplement le confort, le bien-être et la consommation.
Qu’est-ce que ton grand désir ?
Avec un «d» majuscule ! C’est le Désir de tous les désirs. C’est le désir d’accéder à un état tel qu’il soit à la fois fixe et dense comme une substance, dynamique et créateur comme une conscience. Il doit être et substance et conscience, à la différence de ce que propose Jean-Paul Sartre. Sartre dit que c’est impossible. Dieu, c’est l’en-soi-et-pour-soi. Dieu, c’est la conscience et la substance. Les deux ensemble, ça ne peut pas exister, chez l’homme. Voilà pourquoi la conscience humaine est forcément conscience malheureuse, dit Sartre. Ce que je rejette. Mais cette substance-là dont je parle n’est pas une chose, c’est un dynamisme créateur. Alors, le grand Désir est un sentiment permanent d’exister soi-même, comme on l’a voulu. C’est quasiment – et je dis bien quasiment – être cause de soi. On atteint la manière de vivre à laquelle on aspirait. Mais pour ça, il faut être actif, actif dans la joie.
Et la joie, comment la définis-tu ?
J’insiste sur les joies actives pour les opposer aux joies passives. Si je lis le journal le matin et me dis : « oh, j’ai gagné à la loterie un billet aller-retour pour Tahiti. C’est formidable ça ! Jamais je n’ai été aussi heureux ». C’est une joie passive.
Mais je repère une autre joie, toute simple, celle de l’ébéniste. Je connais un ébéniste dans mon village. Il a fabriqué un buffet. Mes amis, une merveille ! D’ailleurs, il n’arrête pas d’en parler. Alors, lui, il a connu une joie active. Il a bossé pour faire son buffet. A-t-il raison de se réjouir ? Bien sûr qu’il a raison : il a créé. Il n’y avait pas de buffet avant. Il a tout créé, le gars. Donc, ne soyez pas nietzschéen, soyez créateur. Ne vous occupez pas du déterminisme, sachez que vous êtes libre. Et que vous avez à inventer vos joies actives, qui vont vous permettre d’être. Parce que l’ébéniste, c’est son métier. Ça fait trente ans qu’il travaille à son ébénisterie. Il a fait des meubles tout au long de sa vie et de ses journées. Et il n’arrête pas de se dire : » ah, ce qu’il est chouette ce meuble ! » Et il a raison. Ce meuble, c’est son travail, sa création, son œuvre. Et ce n’est pas seulement son meuble, car il l’offre. Les gens se l’arrachent. Il s’est fait des tas d’amis avec ce travail de création. Et voilà qu’il va apprendre son métier d’ébéniste à son fils. Là, vous l’avez le bonheur.
Très bel exemple…
Il peut mourir. Maintenant, sur ses vieux jours – et c’est ce qu’ils devraient tous dire –, il peut dire : » ah là, c’est bon, je peux mourir. Seulement parce que je crois avoir réalisé un désir qui est en moi ». Ce sont des histoires, j’aurais très bien pu choisir n’importe quoi d’autre.
C’est le désir particulier à travers lequel il réalise ce que tu appelles le grand Désir ?
Le grand Désir est – on a oublié le mot – jouissance. Jouissance de quoi ? Jouissance de soi, jouissance des autres, jouissance de la vie.
J’aime beaucoup ton livre Intensités, parce que tu donnes de petits exemples. Tu rends sensible le château, la conversation, la promenade, etc.
Le feu d’artifice, le départ en train…
Je ne les ai pas tous en tête. Il y en a 22 si je me souviens bien. Ce sont de petits désirs mais dont l’association est liée au grand Désir.
Je montre au lecteur qu’il y a un grand Désir, que tous ces petits désirs ne sont pas dérisoires. Ils sont beaucoup plus que ce qu’ils ont l’air d’être. Voilà pourquoi le bonheur va être, à la fin, non pas seulement le sentiment de s’être créé soi-même, mais va être la conscience effective d’être dans la joie, parce que le bonheur comme accomplissement général de sa vie va s’exprimer dans les accomplissements particuliers, dans des joies, pourvu qu’elles soient actives. Si les joies de la vie quotidienne sont actives, c’est-à-dire créatrices et réfléchies, alors on a un bonheur concret, vécu et en même temps profond. Alors, l’expérience mérite d’être appelée bonheur.
L’ébéniste est un très bel exemple. Mais, ta doctrine, peux-tu la résumer ?
Naturellement. Je vais te donner les principes qui président à toutes ces expériences enchaînées de joies actives. Il y a une ligne de conduite dans toute cette vie à la recherche du bonheur. Quels sont ces principes ? Ils sont au nombre de trois. C’est tout simple. C’est élémentaire. On ne peut pas les récuser.
Le premier, c’est l’affaire de l’autonomie. Chacun doit rechercher l’autonomie et il ne peut pas accéder à l’autonomie s’il ne se cultive pas. Certes il doit se cultiver avec les autres, grâce aux autres – c’est ce qu’on nous enseigne partout – mais il faut aussi qu’il soit capable de vivre seul sans se désoler, même si ce n’est pas recherché. Une fois qu’il est autonome, il peut aller vers l’autre.
Deuxième principe, la réciprocité. Le bonheur, c’est aussi avec un autre. C’est le fait d’être reconnu pleinement par un autre qui va être un autre même que vous. En même temps le même, et en même temps différent. Dans une réciprocité, pas dans une réversibilité. J’insiste sur la différence. Dans la réversibilité, c’est le pingpong. Tu me frappes, je te frappe, tu me trompes, je te trompe. Non, la réciprocité, c’est : tiens, je te donne, mais tu n’es pas obligé de me donner en retour. Tu es content, c’est ça qui me plaît. Je n’attends rien, tu n’attends rien. C’est le don. Alors, on a réussi à atteindre ce que j’appellerai le sentiment substantiel de l’existence. Cette réciprocité est d’autant plus sincère que l’on a affaire à deux consciences autonomes. Elles sont déjà autonomes. Ce ne sont pas des demi-consciences, haletantes, mais déjà des consciences mûres qui pourraient continuer à vivre seules mais qui se rencontrent. La vraie rencontre, totale !
Troisième principe, la jouissance. Pas seulement la jouissance dans l’amour, mais la jouissance du monde. Car le monde est beau. Les espèces, les animaux, les œuvres d’art. Il faut se réjouir de la nature et aussi de la culture, elles nous donnent du bonheur. Ah c’est formidable : on arrive à boucler la boucle car, enfin, on a commencé par la recherche de l’autonomie, on a commencé par le commencement. Mais au commencement, on a toujours dit que c’était la philosophie, la réflexion, la conscience de soi. Et voilà que l’on finit par l’une des joies que va nous donner la culture. C’est vrai, on était déjà heureux dans le commencement. Quand on fait de la philosophie, c’est la découverte d’un nouveau monde, futur. Et puis on arrive à la fin : et voilà, il est là le nouveau monde, il n’est pas futur, il est présent. Tout ça, ça mérite d’être appelé bonheur.
Sauf qu’on le découvre progressivement, le commencement…
On le retrouve, mais on l’exerce très vite. Parce qu’il faut aller très vite pour construire l’autonomie. On est très vite capable de décisions libres, uniques. On est très vite capable de comprendre ce qu’est l’autonomie. Ce qui est étonnant, c’est que tout le monde sait ce qu’est l’autonomie. Tout le monde se veut autonome. Tout le monde se veut libre. Tout le monde parle, aussi, de bonheur. Liberté, bonheur, autonomie… mais oui, tout le monde connaît !
Tu m’as parlé de la suite que tu veux écrire. Peux-tu dire quelques mots sur tes prochains livres ?
Il y en a un qui devrait être publié chez un grand éditeur, qui s’appelle L’étonnant pouvoir intérieur. C’est au fond sur la liberté. Ma thèse simple, simple, simple, c’est : le pouvoir intérieur est total. Il est beaucoup plus étendu que l’on croit. Les gens qui parlent d’obstacles, ce sont des gens qui calent avant d’essayer.
La peur, l’ignorance ?
Parfois la modestie ou son excès, qui consiste à se croire incapable de cette grande chose que serait de prendre telle décision. Il y a un autre livre, que je viens de terminer, Plaidoyer pour un autre bonheur. Tout le travail que j’ai indiqué – recherche du commencement, conscience du sujet, construction de l’autonomie, de la réciprocité, de la jouissance du monde – tous ces principes ne peuvent être mis en œuvre, qu’à une condition, qui est la plus difficile : chacun doit opérer une conversion. Une conversion philosophique. Elle est un élément essentiel de ma doctrine. Cette conversion n’est pas mystique ou religieuse. Elle consiste à s’apercevoir que c’est nous qui donnons du sens aux choses et non pas les choses qui nous imposent leur sens. Il n’est pas vrai que l’objet que l’on voit devant nous est un téléviseur.
Ce n’est pas un téléviseur ?
C’est une plaque de verre avec des bouts de fils cachés. Et c’est tout. Ma thèse est ceci : c’est nous qui créons le sens des choses.
Autrement dit, tu en fais un téléviseur ?
Oui, on en fait un téléviseur. Le gars, il ne sait pas le grec, il ne sait pas que «tele» veut dire «loin». Mais ça ne fait rien. Tout être n’est pas créateur, mais tout être peut accomplir une conversion et, ici, comprendre que le téléviseur n’est téléviseur que par moi et par tous ceux qui m’ont appris.
Il faut donc apprendre.
Exactement ! Il faut une capacité de lire, de comprendre, d’utiliser un langage. Utiliser un langage, c’est investir une activité créatrice. Alors, bien sûr, il y a les gosses qui ne veulent rien apprendre à l’école. Ce sont de petits têtus et quand un gosse ne veut pas, il n’y a rien à faire. Nietzsche, il peut aller se rhabiller avec sa volonté de puissance. Mais inversement, Mozart, quel âge avait-il quand il a commencé à composer ? C’était un moutard. Et il a écrit des symphonies qui dépassent absolument tout ce que l’on peut imaginer de beau. Mais enfin, Mozart, c’est un être humain, ce n’est pas le bon dieu. Ah bah, un être humain peut faire ça. Et le malheureux paralytique qui vient de mourir, Stephen Hawking. Il était tout paralysé, mais il a appris des tas de trucs à tout le monde. On devrait chacun se dire : moi aussi, je suis un être humain. J’ai un cerveau comme tous les autres.
Et toi, dans ta propre vie ?
Et bien, finissons-en justement avec mon livre qui s’appelle La nacre et le rocher. J’y raconte ma vie en même temps que la raison de la gestation de chacun de mes livres. Je montre que c’est en fonction de ses propres idées que l’on conduit sa vie. Et non pas comme tout le monde le croit – et notamment les psychanalystes – en fonction des événements. Comment ? Vous formez les événements ? Quand il y a la guerre, ce n’est pas vous qui faites la guerre ? Je ne dis pas ça. Je dis que, face à la guerre, que je n’ai pas voulue et que je n’ai pas lancée, ma réponse est ma liberté. Je réponds comme je veux : je fais la guerre ou je ne la fais pas. Vous ne la faites pas ? Mais vous êtes obligé ! Non ! Ce n’est pas vrai. Je ne la fais pas avec les nazis par exemple. Je déserte. Je vais en Angleterre. Mais on me dira : mais vous savez, ma femme, mes enfants… Je n’ai pas dit que c’était facile.
A ce propos, lire l’introduction de Michel Juffé sur la vie de Robert Misrahi : Robert Misrahi, naissance d’un philosophe
Pourquoi la nacre et pourquoi le rocher ?
La nacre, c’est Colette. C’est le teint du visage de mon épouse, décédée il y a dix ans. Elle est un des éléments dont j’ai décidé qu’il ferait partie de ma vie. Et réciproquement. Quant au rocher, c’est la doctrine que j’ai forgée au cours de ma vie, qui forme le soubassement de ma vie. Mais c’est moi qui l’ai construit ce rocher ! Ce n’est pas le rocher qui existe et qui nous permettrait de vivre, comme croient toutes les religions.
On est des créatures, pas des créateurs…
Dans la Bible, il y a le rocher, c’est Dieu. J’ai pris exprès le mot de rocher pour ceux qui reconnaîtraient Dieu. Mais oui, les amis, mais regardez bien de près : qui est ce Dieu ? C’est chacun ! C’est nous qui créons tout, c’est nous qui créons les guerres et la pénicilline, c’est nous qui allons sur la Lune, c’est nous qui créons les camps de concentration. Alors, essayez de voir un peu mieux tout ce que vous faites.
Puisque tu parles de Dieu. J’aimerais bien qu’on revienne un peu en arrière et que tu me parles de ce que tu as écrit sur le judaïsme et de ton propre judaïsme. En quoi te sens-tu juif, si c’est le cas ?
J’ai écrit trois livres sur la question juive. Le premier – La condition réflexive de l’homme juif – est la réponse à ta question. Le deuxième, c’est Marx et la question juive dans lequel je dénonce l’antisémitisme de Marx, qui croit que les Juifs ont un Dieu qui est le veau d’or. Et le troisième, c’est L’existence d’Israël. Je dis que le Juif contemporain n’est pas juif par une croyance religieuse – en ce cas, moi, je ne serais pas juif puisque je suis athée, sans croyance. Je suis juif par choix éthique. Tout simplement par l’affirmation d’une solidarité avec un peuple persécuté. Persécution dont moi-même et ma famille ont eu à souffrir. C’est parce que je décide mon lien avec les communautés juives et Israël que je m’affirme juif. Rien de plus, mais rien de moins. Je suis favorable à l’existence d’Israël à quelque prix que ce soit. Et je suis prêt à combattre l’antisémitisme sous toutes ses formes. Israël a le droit d’exister sans problème, à partir de la Shoah. Il faut donc une place pour ce peuple. La place est tout trouvée, c’est la sienne. Israël, un pays comme un autre, qui a une culture et qui a le droit à une terre pour vivre, tout simplement. Mais après mes trois livres sur cette question, je n’y reviens pas, car je me suis consacré, non pas à la question juive, mais à la question universelle du bonheur. Je m’adresse maintenant à tout le monde et je remarque d’ailleurs que s’il y a un endroit où je suis ignoré, c’est bien par les organisations juives, en France ou en Israël, qui ne me connaissent pas du tout, voire me rejettent. Je ne recherche rien. Je m’intéresse maintenant à la vérité universelle de l’être humain.
Né en 1926 à Paris de parents turcs, naturalisé à l’âge de 10 ans, Robert Misrahi est aujourd’hui professeur émérite à l’Université Panthéon-Sorbonne. Docteur et agrégé en philosophie, proche de Sartre et Bachelard dans sa jeunesse, il occupera jusqu’en 1994 la chaire de philosophie morale et politique à la Sorbonne. Penseur du bonheur, pourfendeur de toutes les formes de déterminisme, il est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages.
Commentaires
[…] de notre événement «Robert Misrahi» : Naissance d’un philosophe (introduction) Le bonheur à hauteur d’homme (entretien […]
par iPhilo » Robert Misrahi contre les philosophes - le 5 novembre, 2018
[…] l’ensemble de notre événement «Robert Misrahi» : Contre les philosophes (entretien 1/1) Le bonheur à hauteur d’homme (entretien […]
par iPhilo » Robert Misrahi, naissance d’un philosophe - le 5 novembre, 2018
Spinoza polissait des lentilles et Norbert Misrahi , qui le connaît bien, célèbre la joie créatrice de l’ébéniste de son village. ça coule de source, non ?
par Philippe Le Corroller - le 6 novembre, 2018
Le bonheur vient remplir la place laissée vacante par le malheur qui nous maintenait jusque là dans le manque de tout. Le malheur ressemble à une dure perte, sérieuse, qui nous interrompt à nos propres yeux. Le bonheur interrompt l’interruption, il semble rétablir une continuité interrompue par quelque perte fort triste et inattendue. Un remplissement opportun, une présence opportune suffit à faire perdre cette perte, à interrompre l’interruption, à rendre joyeuse la considération sur nous-mêmes, à ne plus endurer la question du brutal sans appui que nous sommes quand nous sommes largués, seuls brutalement. Nous sommes heureux lorsque quelque chose nous remplit, dans le moment de ce remplissement agréable. La plénitude s’accompagne du plaisir d’exister. Le même étrangement solide, ce que nous sommes alors à nos yeux, s’arrondit et ronronne. Le plaisir d’exister c’est l’heureuse surprise de voir cesser la considération qui nous maintenait jusque là avec rien qui vaille.
Qu’est-ce qui nous remplit ? Le bonheur qu’il y ait quelque chose plutôt que rien ? D’où vient cette chose ? N’importe quoi fait l’affaire ? Alors il n’y a aucune connaissance possible.
S’il s’agit d’une « chose » particulière, alors s’ouvre la question de sa nature : est-ce, dans ce ce que nous percevons ou bien dans ce que nous produisons, la chose authentique ? qu’est-ce qui rend cette chose authentique ? ….d’où vient cette certitude qui nous « remplit » ?
par gérard - le 6 novembre, 2018
Je partage beaucoup des observations de ce philosophe du bonheur.
Mais.. il est simpliste d’affirmer que « les psychanalystes » affirmeraient que nous serions conduits par les événements de nos vies, comme si l’événement aurait une « réalité » indépendante de l’interprétation que nous en faisons… activement au cours de notre existence. Freud a parlé de la réalité psychique pour parler… de nos idées, et plus précisément, de nos croyances, souvent inconscientes, qui organisent notre manière de voir notre monde, et notre place dedans.
M. Misrahi fait une philosophie du bonheur de l’Individu. Je crois, comme lui, que l’individu dispose d’une certaine liberté dans l’attitude qu’il prendra devant… les événements de sa vie, et ce qu’il sera amené à… subir ? comme individu dans le cours de sa vie.
Mais il me semble réducteur de penser l’individu seul, et autonome, à partir d’une réduction qui évacue des forces déterminantes dans nos existences.
Je vois dans sa philosophie (à partir de ce qui est présenté ici) une glorification ? de l’Actif, comme source d’autonomie et de liberté pour l’être humain. C’est… une des facettes de la liberté pour l’Homme, mais peut-être pas la seule. Y aurait-il liberté et autonomie dans la possibilité/capacité de recevoir, d’accepter certains événements ? La problématique du « pass », qui nous donne « passif », « passion », des mots que nous exécrons à l’heure actuelle, me semble… déterminante, et exige reconnaissance.
par Debra - le 8 novembre, 2018
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par iPhilo » Joseph Roth, le clairvoyant - le 6 mai, 2019
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par iPhilo » Le philosophe n’est pas un professeur de bonheur - le 25 juin, 2019
A propos de Spinoza, il est dit : « il y a une contradiction énorme … entre l’affirmation d’un déterminisme complet … et l’affirmation d’une liberté ».
Pour répondre à cette contradiction et à l’aspect contre-intuittif d’un déterminisme purement mécanique, on peut se demander si l’illusion du libre-arbitre n’est pas nécessaire à la pérennité d’une vie animale?
En effet, sans cette illusion, l’homme ou l’animal, convaincu que les choix qu’il est amené à opérer sont sans effet, laisserait faire le « destin » sans agir dans le sens de ses intérêts ou de ceux de son groupe. De même, une telle illusion et les intérêts de l’espèce expliqueraient la réponse punitive des sociétés animales aux actes considérés comme nuisibles à l’espèce.
par Graffito - le 26 juillet, 2019
Bonjour,
Je n’ai pas de site web, je suis un particulier.
J’essaie de vous joindre car depuis que je suis en retraite j’étudie la philosophie.
Je suis « tombée » par hasard sur Spinoza.
Cependant, quand vous dîtes, « je m’adresse à tout le monde »
J’aimerais rectifier, si vous le voulez bien, et je respecte votre grand âge.
Vous vous adressez à l’élite, à ceux qui ont le temps de s’interroger sur le sens de leur vie et surtout qui ont en les moyens intellectuels et même financiers .
Quelques-uns, comme moi, s’interrogent après un dur labeur professionnel et personnel où il n’etait pas question de s’interroger sur son désir mais plutôt sur sa survie.
Mais ceux-ci sont rares.
Les seniors reproduisent les mêmes contraintes en entrant dans la vie associative et ils ne s’interrogent pas du tout, ils mourront ignorants (comme dirait A. De Melo : « ils mourront endormis »)
Je rêve de pouvoir discuter avec vous.
Car j’aurais beaucoup à dire.
Alors, je vais prier. Que Dieu m’entende.
Bonne santé à vous 😁
Monique Renault
par Renault - le 21 novembre, 2022
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