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Urgence écologique: et si santé et liberté étaient enfin vues comme des besoins?

10/06/2020 | par Jean-Hugues Barthélémy | dans Monde | 8 commentaires

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TRIBUNE – Nous vivons dans l’héritage anthropocentrique des Lumières et de Kant, pour qui le droit était le système de la compatibilité des «libres-arbitres» des seules «personnes morales». Pour le philosophe Jean-Hugues Barthélémy, l’écologie exige que le droit devienne le système de la compatibilité des besoins de tous les êtres capables d’en avoir. Qu’on le veuille ou non, nous appartenons à la nature et descendons du primate…


Docteur habilité à diriger des recherches en Philosophie, Jean-Hugues Barthélémy est professeur agrégé de philosophie et chercheur associé à l’Université Paris-Nanterre. Spécialiste de Gilbert Simondon, il a notamment publié Simondon ou l’encyclopédisme génétique (PUF, 2008) ; Simondon (Les Belles Lettres, 2014) et La société de l’invention. Pour une architectonique philosophique de l’âge écologique (éditions Matériologiques, 2018).


     Le recul vis-à-vis de la période de confinement que nous avons traversée est désormais suffisant pour rendre possible une réflexion qui ne soit pas précipitée. Que nous aura appris cette période ? Plutôt que de prétendre faire de la crise du Covid-19 le révélateur d’une vérité supérieure qu’il conviendrait d’appliquer à l’avenir pour rendre possible le «monde d’après», il s’agit ici de s’interroger sur la nature même des débats qui ont surgi et sur le bien-fondé de nos habitudes de pensée les plus profondément ancrées. À défaut de pouvoir faire de la crise du Covid-19 un prétendu indice d’une Vérité qui serait soudain confirmée, on peut du moins examiner la manière même dont sont posés les problèmes, car celle-ci pourrait bien se révéler inadéquate à ce que requiert l’urgence écologique. Cette dernière est évidemment impliquée par ce qui s’est passé, et il n’y a là aucune prétention à révéler une vérité d’ordre supérieur. Chacun sait que la puissance de l’activité humaine et la manière dont elle est gérée auront des conséquences toujours plus dramatiques sur la biodiversité comme sur l’équilibre écosystémique qu’elle permet. Et dans ce contexte, la question des virus et des bactéries, dont nous étions jusqu’ici plus ou moins protégés, va se poser de façon croissante. Or, l’urgence écologique qui est ainsi sous-jacente à la crise sanitaire pourrait bien appeler une critique du terrain même sur lequel se sont développés certains débats, tel celui autour du difficile équilibre entre liberté démocratique et urgence sanitaire.

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Il est sans doute bon d’être vigilant à l’égard des risques de dérive anti-démocratique en période de pandémie et de contrôle étatique renforcé au nom de la sécurité et de la santé. Il est encore meilleur de se demander si la centralité de la préoccupation écologique qui s’impose désormais ne requiert pas un au-delà des débats sur la hiérarchie des «valeurs» elles-mêmes. L’un proclame que les valeurs de liberté et de justice sont supérieures à celle de santé et craint un «ordre sanitaire» qui viendrait remplacer les anciennes menaces d’«ordre moral». L’autre répond que la vie humaine est sacrée et que la sécurité sanitaire est la priorité absolue en temps de menace pandémique. Or, il est bien possible que l’urgence écologique sous-jacente à la crise du Covid-19 appelle un véritable chambardement par rapport à la logique profonde, et commune à presque tous, qui rendait possible ce type de débat. Car enfin, est-on bien sûr que la liberté et la santé soient des valeurs plutôt que des besoins ? Et dès lors qu’on envisage la seconde option, y a-t-il encore un sens à vouloir opposer la liberté à la santé ? Acceptons deux minutes d’y réfléchir, et nous vivrons de troublantes surprises. 

D’abord, la question de la santé n’est pas une question seulement humaine, et ce qui est aujourd’hui menacé c’est l’équilibre de la biosphère elle-même en tant qu’ensemble des écosystèmes terrestres. Or, la sphère des besoins s’étend à la mesure de ce qui est nécessaire à la santé, et ne se limite absolument pas aux seuls «besoins vitaux». La différence entre les besoins et les désirs n’implique absolument pas la réduction des premiers à ce dont la satisfaction permet la survie. Les poules ont besoin de gratter le sol, et les lionceaux ont besoin de jouer, mais ils ne meurent pas d’en être privés. De même, la liberté de mouvement est un besoin chez de nombreuses espèces, qui peuvent tomber en dépression dans une cage, et l’injustice elle-même est source de souffrance psychique chez d’autres espèces que la nôtre. Nous commençons à entrevoir que la liberté et la justice sont des besoins plutôt que des valeurs, et que ces besoins, qui prennent des formes plus ou moins complexes selon les espèces, sont au service du besoin de santé. Car la santé n’est pas le «complet bien-être» dont parle l’OMS, mais elle est l’absence de souffrance. Parler de «bien-être», c’est tirer la santé vers le bonheur, de même que parler de nos «intérêts», c’est tirer les besoins vers les désirs. C’est ainsi que l’on rate la normativité du besoin, qui devrait être au cœur de notre construction du droit. Mais alors, quel bouleversement ! Nous vivons toujours dans l’héritage anthropocentrique des Lumières et de Kant, pour qui le droit était le système de la compatibilité des «libres-arbitres» des seules «personnes morales». Ce qu’exige de nous l’urgence écologique, c’est que le droit devienne le système de la compatibilité la plus grande possible des besoins en souffrance de tous les êtres capables d’en avoir.

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Admettons un instant d’envisager pareil chambardement. Que doit-on dès lors penser des débats sur la «hiérarchie des valeurs» qui opposent les partisans de la liberté aux partisans de la santé ? Que ces débats se développent sur un terrain déjà périmé, parce que l’urgence écologique appelle une révolution complète de nos habitudes de pensée les plus ancrées. La liberté et la santé ne sont pas des valeurs mais des besoins humains et non-humains, et la santé est le besoin central et auto-normatif par lequel des besoins comme celui de liberté possèdent leur propre normativité. Cette dernière, parce qu’elle est la normativité des besoins, est une normativité économique au sens profond du terme, et non pas une normativité axiologique. Les normes juridiques, ou plutôt ce qu’elles devraient être, ne sont ni des critères logiques ni des valeurs éthiques. Et chez un même individu, les besoins de santé et de liberté sont parfaitement compatibles l’un avec l’autre, puisque la liberté est nécessaire à l’absence de souffrance psychique. Supprimez durablement ma liberté de mouvement, et je tomberai en dépression. Même les gorilles en cage tombent en dépression. Ceux qui défendent la liberté contre l’«ordre sanitaire» oublient donc que la santé psychique, elle, a parmi ses conditions la liberté, qui n’est pas une valeur placée au-dessus de la santé mais un besoin au service de celui de santé. Inversement, ceux qui placent la santé et la sécurité au-dessus de la liberté au motif que «la vie humaine est sacrée» restent prisonniers d’un anthropocentrisme qui est devenu insoutenable depuis Darwin – mais qui nous incite encore aujourd’hui à ne pas vouloir savoir ce que nous savons pourtant : l’humain appartient à la nature et descend du primate. 

En définitive, et si l’on voulait vraiment établir un diagnostic sur notre époque à la faveur de la crise du Covid-19, ce qui est le plus probable, c’est que nous sommes englués dans une crise de la réflexivité qui requiert un sursaut hyper-réflexif osant questionner nos habitudes de pensée les plus ancrées. Les fanatiques Etats-Uniens – plutôt qu’«Américains» – de la liberté, ceux qui achètent des armes dès que surgit une crise sanitaire et qui refusent le confinement comme ils refusent de changer leur manière anti-écologique de vivre parce qu’ils prennent leurs Désirs pour des besoins, et sans même reconnaître à la santé d’être un droit, ceux-là sont des symptômes évidents de la crise de la réflexivité qui frappe nos sociétés de surproduction-surconsommation. Mais cette crise de la réflexivité, elle, est pluridimensionnelle et touche toutes les dimensions du sens : disparition des idéologies politico-économiques, faillite de l’exemplarité axiologique, absence de synthèse des savoirs. C’est pourquoi le «monde d’après» ne sera possible que lorsque l’intelligence humaine, au lieu de simplement s’indigner que la politique économique mondiale soit soumise aux décisions impulsives d’un imbécile hors-catégorie, aura décidé de tout repenser, vraiment. 

 

Jean-Hugues Barthélémy

Docteur habilité à diriger des recherches en Philosophie, Jean-Hugues Barthélémy est professeur agrégé de philosophie et chercheur associé à l’Université Paris-Nanterre. Spécialiste de Gilbert Simondon, il a notamment publié Simondon ou l’encyclopédisme génétique (PUF, 2008) ; Simondon (Les Belles Lettres, 2014) et La société de l’invention. Pour une architectonique philosophique de l’âge écologique (éditions Matériologiques, 2018).

 

 

Commentaires

Il y a quelque chose que je ne comprends pas là.
1) Il y a eu une épidémie d’un virus qui a touché des personnes un peu partout sur la planète. Evidemment, l’épidémie, et le virus ont pucirculer d’autant plus rapidement que nos moyens de transports sont très rapides, et que beaucoup de personnes ont les moyens de se déplacer un peu partout sur la planète, pour leur travail, et/ou leurs loisirs. En plus, l’envoi de marchandises par voie de mer, etc, était une autre occasion de faire circuler le virus, et le disséminer.
Ce n’est pas la première fois que l’Homme (occidental ou pas) s’est trouvé confronté à ce cas de figure. Lors de conquêtes lointaines, les Romains sont revenus avec la peste. Les Athéniens au moment de la guerre du Péloponnèse, à un moment critique, ont rencontré une épidémie de peste, maladie beaucoup plus terrible que le Corona Virus. D’autre virus ont circulé même au 20ème siècle sans nous mettre collectivement dans cet état d’ébullition et.. indignation/révolte. Ils ont même tué plus de personnes.
Que l’épidémie de Corona Virus soit terrible, soit. Mais de là à agir… en bon prophète, et la proclamer une conséquence de notre manière de spolier la planète, et donc… UNE PUNITION pour nos méfaits collectifs… je maintiens qu’il s’agit d’une forme de pensée… religieuse, et j’ai toujours appris que la méthode scientifique s’efforçait de prendre ses distances avec le fait d’inférer des preuves depuis des circonstances qui n’en étaient pas… forcément. J’ai appris qu’il y avait une rigueur de la pensée scientifique qui s’opposait à… la superstition, par exemple.
Je précise bien : j’ai la mort dans l’âme en voyant la manière dont les zones INDUSTRIELLES des grandes villes poussent comme des champignons de bombe atomique, dévorant des parcelles de vert qui sont… nécessaires à mon sentiment de faire partie de la nature, MAIS, ça ne me permet pas de faire le saut de… foi que fait M. Barthélemy.
Et il y a des choses que je ne comprends pas plus haut : je ne comprends pas la distinction entre « valeurs » et « besoins ». Ça voudrait donc dire que les valeurs seraient… des cerises sur le gâteau ? alors que les besoins, c’est.. du sérieux, bien pudding ?
Pour les gorilles en cage : oui, il s’agit d’un emprisonnement physique et littéral, mais que dire des « barrières » (littérales ou figuratives) omniprésentes dans nos vies quotidiennes, ainsi que les effets du sentiment d’un « tout connecté » qui évacue la possibilité d’un extérieur à l’activité humaine, et fait du monde un grand… parc d’attraction, ou « jardin », pour l’Homme occidental ? Que dire du sentiment de vivre dans un grand.. zoo, où l’espace est balisée pour tous, à presque tout moment ?

Ce que je vois devant moi, avec beaucoup de consternation, c’est l’avènement (que je crains plus que tout), d’un énième avatar d’un projet… COLONIALISTE, FORCEMENT COLONIALISTE d’amour.. universel et total(religieux…) sur la planète, pour rétablie… « le jardin ». Les droits de l’Homme s’appuient sur l’amour chrétien, tel qu’il paraît dans les évangiles, et ce désir d’arriver à encore et toujours… plus d’amour pour tous maintenant, animaux fait l’impasse de toute la destruction dont l’amour est capable. Si, si. Je sais qu’on ne me croira pas, ici, ou ailleurs, mais, l’amour est bel et bien destructeur. Et l’amour.. total ? ça me donne des frissons dans le dos.
M. Barthélmy a de bonnes intentions. Il est… un prophète qui s’ignore comme tel. Le drame de la pensée des Lumières est d’avoir déplacé le religieux de telle manière que ses acteurs ne puissent pas se reconnaître comme participant à… une religion…tout en ignorant, d’ailleurs les liens occultes entre la pensée des Lumières, et l’héritage judéo-chrétien.

Le droit est incompatible avec l’urgence. Cela devrait nous alerter sur les dispositifs que nous mettons en place en ce moment, et depuis pas mal de temps. L’urgence… est très mauvais conseiller, et elle est grandement incompatible avec… la réflexivité aussi.
Mais… avons-nous vraiment le désir de réfléchir en ce moment ? Devant la perspective d’une grande plongée dans les délices (!!!) de l’amour universel, j’en doute…

par Debra - le 11 juin, 2020


On reconnaît ici le simondonien qu’est Jean-Hughes Barthélémy ; distinction est faite d’entrée entre ensemble et système :  » La théorie de la forme n’établit pas la distinction essentielle entre un ensemble, dont l’unité n’est que structurale, non énergétique, et un système, unité métastable faite d’une pluralité d’ensembles entre lesquels existent une relation d’analogie, et un potentiel énergétique. L’ensemble ne possède pas d’information. Son devenir ne peut être que celui d’une dégradation, d’une augmentation de l’entropie. Le système peut au contraire se maintenir en son être de métastabilité grâce à l’activité d’information qui caractérise son état de système. La théorie de la forme a pris pour une vertu des totalités, c’est-à-dire des ensembles, ce qui en fait est une propriété que seuls possèdent les systèmes ; or les systèmes ne peuvent pas être totalisés, car le fait de les considérer comme somme de leurs éléments ruine la conscience de ce qui en fait des systèmes : séparation relative des ensembles qu’ils contiennent, structure analogique, disparation et en général activité relationnelle d’information. Ce qui fait la nature d’un système est le type d’information qu’il recèle : or l’information, activité relationnelle, ne peut être quantifiée abstraitement, mais seulement caractérisée par référence aux structures et aux schèmes du système où elle existe ; on ne doit pas confondre l’information avec les signaux d’information, qui peuvent être quantifiés, mais qui ne sauraient exister sans une situation d’information, c’est-à- dire sans un système. »

Le droit dans sa forme actuelle n’est qu’un ensemble de règles qui gèrent les relations entre les hommes et qui ignore superbement l’écologie constitué de la nature et de sa biodiversité. Parler de Liberté, d’Économie, de Justice et de Santé, c’est penser en terme d’ensembles, c’est dans une large mesure ignorer leurs implications mutuelles ; c’est ignorer le milieu où vit l’homme. Penser écologie, c’est passer d’une multitudes d’ensembles séparés à des ensembles qui font système. C’est ce qu’a révélé la crise du covid-19. Toutes nos formes de pensée ensemblistes devront donc être revues à l’aune de la théorie des systèmes et particulièrement le droit qui devra faire système avec l’écologie.

par Georges Robreau - le 11 juin, 2020


Le propos est intéressant, la démonstration forte et le constat alarmant : l’anthropocentrisme des systèmes politiques et juridiques apparaît clairement comme une faiblesse de notre temps. Mais la philosophie que vous faîtes apparaître, c’est-à-dire la prise en compte de l’homme comme faisant partie de systèmes naturels complexes dépassant son libre-arbitre me fait peur. Je pense que politiquement cette forme d’écologisme peut vite déboucher sur un nouveau totalitarisme. Critiquons le libéralisme hérité du 18e mais en n’oubliant pas que pour l’instant nous n’avons pas fait mieux. Il ne faut pas enterrer l’individualisme trop vite… Dans la même idée, tout ramener à la notion de « besoin » me paraît par ailleurs une idée réductrice. Le champ du désir ne doit pas être écarté d’un revers de main.

par Champo - le 11 juin, 2020


Hormis la réflexion inutile sur les « fanatiques Etats-Uniens » (on pourrait tout aussi bien se focaliser sur ce qu’il y a d’admirable aux USA), le questionnement utile sur l’articulation entre santé et liberté est bienvenu: on pourrait peut-être faciliter ce questionnement en utilisant le concept de « responsabilité » (voir Jonas), et ses diverses facettes (souci des autres, financement personnel, etc)

par Binh - le 11 juin, 2020


Cet article est passionnant, merci beaucoup.

par Bull - le 12 juin, 2020


Je remercie Georges Robreau pour son commentaire instruit de ma filiation simondonienne, filiation que je tâche de transformer aujourd’hui en une pensée qui soit plus globale que celle de Simondon et qui, dans les trois dimensions (épistémo-ontologique, politico-économique, pédagogico-axiologique) du sens, réinvente le discours philosophique tout en le soumettant aux savoirs scientifiques, aux décisions du collectif humain et à la cohérence axiologique entre le discours et les actes de l’individu philosophant lui-même. Pour ce qui concerne les malentendus, parfois très profonds, dont relèvent certains autres commentaires, je me permets de donner ci-dessous les liens vers les deux parties de l’entretien en ligne qui concernait mon ouvrage La Société de l’invention. Pour une architectonique philosophique de l’âge écologique (Matériologiques, 2018). Cet entretien est certes parfois très technique comme l’était l’ouvrage, mais j’ai pris soin, depuis, d’écrire un livre pour le grand public cultivé, que je viens d’achever. J’espère qu’il répondra aux nombreuses questions qui se posent depuis la parution de La Société de l’invention. J’ai conscience que publier des tribunes ne suffit pas à la vulgarisation d’une pensée, s’il est vrai qu’une tribune est par définition très brève et ne dit rien sur de nombreux aspects que comporte nécessairement une philosophie. C’est pourquoi ce livre à paraître était nécessaire, et sans doute faudra-t-il que d’autres ouvrages du même type accompagnent mes ouvrages plus techniques.
Bien cordialement,
JHB

https://www.implications-philosophiques.org/varia/entretien-jean-hugues-barthelemy/
http://www.implications-philosophiques.org/varia/entretien-jean-hugues-barthelemy-2-2/

par JHB - le 14 juin, 2020


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par iPhilo » Gilbert Simondon et le malentendu de l’encyclopédisme - le 17 novembre, 2020



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