La philosophie : une histoire grecque, vraiment ?
ANALYSE : Il y a bien sûr Socrate, ainsi que quelques pré-socratiques, mais est-ce tout ? Le doctorant Alban Alloix nous emmène dans un voyage en Perse et en Inde à la découverte de Zarathoustra et de Brahman dont les spéculations ne sont pas sans rappeler les théories platoniciennes.
Doctorant en Philosophie à l’Université de Grenoble, Alban Alloix prépare une thèse sur «le problème du Mal chez Philon d’Alexandrie». Il étudie tout particulièrement la philosophie antique et l’histoire des religions, et a animé des ateliers dans des collèges et des lycées sur la question de la laïcité.
Nous pensons souvent que la philosophie, science des sciences et recherche de la cause première pour Aristote, ou encore, littéralement, amour de la sagesse, est née en Grèce durant l’Antiquité et tout particulièrement sous l’impulsion d’un homme, Socrate. Nous trouvons bien sûr des origines plus anciennes à cette discipline avec les présocratiques, qui n’étaient pas appelés philosophes mais physiologues, puisqu’ils s’intéressaient à la nature (phusis, en grec). Ils étaient alors des mathématiciens, des géomètres à l’instar de Thalès ou Pythagore, que la postérité aura retenus seulement pour leurs théorèmes, ou encore des astronomes scrutant le ciel et contemplant la course des astres. Deux grandes écoles verront d’ailleurs le jour au VIème siècle av. J-C. : l’une, fondée par Thalès à Milet en Ionie, région de l’actuelle Turquie, prenant le nom d’école Ionienne ; l’autre fondée par Parménide à Élée, colonie grecque dans le sud de l’Italie. Les deux pôles verront naître de grands esprits comme Héraclite chez les ioniens, reprenant l’obsédante question «qu’est ce qui persiste malgré les changements ?» répondra : le changement lui-même, menant alors l’idée du mobilisme de la matière. Ce changement permanent de la matière tient au fait que tout ce qui existe n’existe que grâce à son contraire. Le vide n’existe que relativement au plein, l’être relativement au non-être, le mal relativement au bien. Nous pouvons même dire que la condition d’existence d’une chose est son opposé ontologique. Nous pouvons d’ailleurs constater ce fait au quotidien : je vois un homme grand mais je ne le juge grand qu’en comparaison à ma taille, il ne peut être grand que relativement à ma petitesse et réciproquement, pour lui, je suis petit que relativement à sa grandeur. Nous sommes donc tous le petit d’un grand et le grand d’un petit. Cette combinaison des contraires permet l’existence.
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Ces contraires sont cependant en affrontement permanent, «c’est la tension entre les contraires qui engendre l’existence», précise Jeanne Hersch [1]. Le réel est donc en perpétuel mouvement dans une lutte constante. Il change constamment au grès de l’affrontement des oppositions. Parménide, pour l’école éléatique, s’oppose catégoriquement à la pensé d’Héraclite. Pour lui la logique est la condition d’existence de l’être. Nous ne pouvons donc affirmer que «le non-être est» [2] parce que c’est une impossibilité logique et donc ontologique. Si nous n’avons malheureusement pas retrouvé l’entièreté de leurs enseignements, ces penseurs antiques posent là les bases de ce qui deviendra la philosophie. Il faut attendre un siècle de plus pour voir naître l’âge d’or de la sagesse grecque sous l’impulsion de Socrate dont nous n’avons connaissance que par son disciple, Platon. Socrate est plus qu’un simple personnage, il est un mythe, un archétype, le modèle même du sage, il est ce que nous pourrions appeler l’éthos philosophique, c’est à dire le caractère ou la manière d’être du sage. Il est le premier à poser la question de la vérité et à la questionner. Ce qui est important n’est donc pas ce qui semble vrai et qui semblait suffisant, il faut creuser au plus profond de cette affirmation, jusqu’au point où elle ne devient pas seulement vraie mais se transfigure en vérité absolue.
Son intérêt est surtout pédagogique. Socrate n’est pas un homme qui cherche à convaincre son interlocuteur mais à l’emmener au plus profond de lui-même, comme le montrait Pierre Hadot dans ses très célèbres Exercices spirituelles et philosophie antique. Socrate c’est aussi l’homme qui placera le souci de la Vérité et du Bien au-dessus de la vie jusqu’au sacrifice ultime. «Mourir pour des idées, l’idée est excellente», comme le chantait Brassens, semble parfaitement convenir à la figure de Socrate. En lui l’histoire de la philosophie trouve un encrage spectaculaire, couvert de sainteté et d’héroïsme. Choisir ce fait admirable comme vérité est en réalité une insulte à Socrate. Si le philosophe flamboyant a toujours préféré le vrai au vraisemblable, il ne lui est pas fidèle d’occulter une origine encore plus lointaine à la philosophie. Il serait hypocrite, donc, de choisir comme point de départ un événement qui fait honneur à la discipline mais qui n’aurait que l’apparence du vrai à un événement moins impressionnant mais fidèle à la vérité historique. Il faut donc admettre que la pensée grecque, même celle des présocratiques, n’a pas vu le jour ex nihilo. Loin de nous l’idée de prétendre avoir trouvé l’origine de la philosophie, mais nous pouvons, toutefois, relever deux influences majeures. L’une en ancienne Perse, actuel Iran, l’autre, plus éloignée dans le temps et dans l’espace, en Inde.
Ainsi naissait Zarathoustra
Un grand débat s’est trouvé, le siècle dernier entre les défenseurs d’une influence extérieure sur la pensée grecque et ceux qui affirment une originalité absolue de la philosophie hellénistique. Il ne s’agit pas ici d’apporter la réponse vraie et intangible mais de montrer que recevoir des influences n’implique pas un manque de singularité et d’originalité et, par ailleurs, que les Grecs n’étaient pas les seuls, de par le monde, à chercher la vérité et la sagesse et à se questionner sur le monde qui les entoure. Déjà à Sumer, entre le IIIème et le IIème millénaire avant notre ère, l’on retrouve, avec l’apparition de l’écriture et des premières cités-Etats les prémisses d’un système de pensée coordonné et organisé. «Les Sumériens n’ont pas réussi à élaborer une véritable philosophie dans le sens où nous entendons aujourd’hui ce mot», précise Samuel Noah Kramer dans son œuvre L’Histoire commence à Sumer [3]. Ils n’ont en effet jamais cherché à questionner la connaissance que nous tirons du réel, ni même ce qu’est la connaissance en soi et l’importance qu’elle renferme, comme l’ont fait les Grecs, mais ils ont, tout de même, spéculé et établi une cosmogonie propre, admettant une certaine origine du monde, justifiant son organisation et son fonctionnement. Même s’ils ne disposaient pas du système logique auquel les hellènes nous ont habitués, ils ont quand même le mérite d’avoir cherché une cause première à l’univers. En ce sens, ils ont fait de la philosophie.
Il faudra cependant attendre le XIème siècle av. J-C, avec l’enseignement de Zarathoustra, considéré comme un prophète, pour percevoir les premières questions ontologiques, morales, éthiques et épistémologiques dans cette partie du monde. En effet, c’est à travers les Gathas que cet homme a transmis son enseignement qui comporte bien des similarités avec le système platonicien. Il y a notamment transmis l’idée d’un dieu unique, Ahura Mazda, littéralement sagesse infinie, créateur du monde au moyen de sa pensée, Spenta Mainyu, que Khosro Khazai Pardis traduit par «pensée qui fait progresser» [4], puisque le monde, selon le zoroastrisme, n’est pas parfait mais est en constant mouvement vers son perfectionnement grâce à la pensée bienveillante d’Ahura Mazda. Ce dieu peut s’apparenter au démiurge que Platon présente dans le Timée puisqu’il crée, lui aussi, le monde en le concevant d’abord dans sa pensée ou son logos, avant d’impliquer cette idée dans la matière. Ce qui implique aussi que Zarathoustra, à l’instar de Platon, va appuyer sa théorie sur un dualisme entre un monde intelligible ou spirituel et un monde matériel ou physique. Comme nous le lisons dans Gatha I, 3 : «Tu me révèles la félicité des deux mondes, le matériel et le spirituel».
De plus, les deux reconnaissent la présence d’une âme au monde, elle est principe féminin dans les Gathas ou appelée âme de la terre et sera de nature divine chez Platon, beaucoup plus complexe puisque composée de trois essences, le Même, l’Autre et la dernière, mélange des deux, mélange d’intelligible et inchangeant et de matériel et soumis au devenir. Constater des similarités entre deux systèmes de pensée ne suffit pas à dire que l’une est héritière de l’autre mais permet du moins d’amener l’hypothèse d’une rencontre entre des idées venant de deux mondes différents. C’est pour le moment simplement la preuve que Grecs et Perses se sont rencontrés ailleurs que sur des champs de bataille. Cependant, d’après Aristote, «son maître Platon tirait de lui [Zarathoustra] toutes ses connaissances» [5]. Pythagore aussi prétendait avoir été son élève. Il semble que; durant l’Antiquité grecque, se réclamer de Zarathoustra symbolisait un certain prestige. Le seul fait que son nom ait été évoqué en grec sous la forme de Zoroastre suffit à admettre que les philosophes connaissaient sans doute à la fois le personnage prophétique et son enseignement.
Les premiers philosophes venaient-ils d’Inde ?
L’Hindouisme est sans nul doute la première et la plus ancienne religion monothéiste de l’histoire, car, oui, l’Hindouisme est un monothéisme. La pluralité de divinités et de cultes que nous pouvons admirer sont à la fois dus à des évolutions au cours des âges et à la popularité de certains dieux vis à vis d’autres, comme le Shivaïsme qui adore Shiva ou le Vishnouisme dont le culte à Vishnou constitue le centre névralgique. Toutefois ces divinités ne sont pas réellement des dieux autonomes mais des avatars, c’est-à-dire des images correspondant à certains attributs d’un dieu plus important. Nous pourrions même dire de Dieu. Unique, absolu et transcendant : il s’agit de Brahman.
Bien avant le Timée de Platon ou même avant les récits cosmogoniques des Sumériens, les Hindous ont cherché à expliquer l’origine du monde et ont établi une philosophie recherchant la cause première de toute chose. C’est dans le Veda, texte sacré de l’Hindouisme, composé à partir du XVème siècle avant J-C. mais sans doute plus ancien puisque la transmission se faisait originellement par voie orale, que nous retrouvons les premières tentatives de réponses à ce qu’est le monde, d’où il vient et comment il a été créé. Ce qui implique de répondre aux questions existentielles de l’origine de l’humanité et du but de son apparition. En parcourant les lignes du texte sacré vieux de plus de 3000 ans, il est étonnant de voir la proximité idéologique, parfois très précise, avec Platon rapportant la pensée socratique. Pour ce dernier le monde a été créé par un Démiurge (δημιουργός / demiourgos, en grec, c’est à dire l’artisan) qui est un dieu unique, en harmonie avec lui-même et éternel.
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Ce démiurge avait la bonté pour essence et se trouvait confronté au chaos originel. Une matière inerte et amorphe, en bref, le désordre. L’artisan originel est donc en proie à une dualité entre son caractère bon et beau d’un côté et l’état chaotique de l’autre. Il fut alors pris du désir que tout soit semblable à lui. Se prenant alors pour exemple, contemplant ses qualités, il entreprit d’organiser les choses et d’instaurer l’ordre à l’image de sa propre nature. Nous avons là une première idée chère à Platon : le monde est une copie matérielle d’un principe idéal et intelligible, autrement dit non matériel. Mais la matière est rebelle, elle ne se laisse pas facilement conduire, alors pour la dompter, le démiurge lui imposa l’intellect (νοῦς, en grec) au moyen de l’âme, garante de son harmonie. Le monde devait être un comme le démiurge est Un. Enfin, pour que le monde soit visible et tangible, il était nécessaire qu’il soit créé sensible, donc avec la matière ou l’élément terre d’une part, mais aussi avec un deuxième élément, le feu. Ainsi pour Platon comme pour les présocratiques avant lui, l’origine du monde devait aussi se trouver dans les éléments naturels. Ceux que nous avons cités n’étant pas suffisants, le créateur les unifia en plaçant entre eux l’air et l’eau. Le monde atteignant son autonomie, il devint un dieu.
Bien évidemment, si nous avons évoqué la cosmogonie platonicienne, c’est pour montrer que le récit qu’en font le Veda et, plus tardivement, les Upanishads, qui forment le corpus philosophique éclairant ou expliquant le corpus théologique, est très similaire à presque un millénaire d’écart. La figure du démiurge peut en effet être apparentée à celle de Brahman, l’un des noms de la force créatrice, aussi nommée Prajapati, le créateur, ou Mrityu, la mort. Dans un souci de clarté, nous garderons le premier nom. Cet architecte originel va engendrer le même processus de création. Il faut noter qu’au départ, Brahman est Un. Puis se désirant et se contemplant lui-même, il opéra une différenciation de son être. Si tôt qu’il se mit à se penser lui-même, il devint à la fois sujet qui pense et objet de pensée. Autrement dit, l’Un bascula vers le multiple. De son intense adoration sortirent le feu et l’eau, dont l’écume forma la terre. Nous avons là aussi le feu comme premier élément physique responsable de la naissance du monde. Ce feu était l’essence même de l’Un et prit le relais de la création alors que tout n’était qu’indéterminisme et sans forme, comme dans la vision platonicienne.
Il s’agit d’une création que la pensée contemplative de Brahman a initié et qui a provoqué une séparation entre les natures contraires présentes lors de cette genèse. Ce dualisme, qui ne l’est qu’en apparence, oppose deux forces. En haut la semence ou le sperme portant la graine de l’existence et en bas le réceptacle, force féminine et instinctive qui permet la germination. La naissance du monde et de tout ce qui s’y trouve provient alors non seulement d’une création, mais plus précisément d’une procréation. Enfin, Brahman a créé une âme qui doit à la fois être universelle et régir le monde, et particulière en devenant le souffle de vie de chaque individu, l’Âtman. Qui est, d’une certaine façon, comparable à l’âme du monde évoquée par Platon. Toutefois, il faut évoquer une idée fondamentale de l’Hindouisme que nous ne trouvons pas dans la philosophie grecque, c’est que le Brahman forme une trinité principielle. Il est principe de vie et de mort, à la fois origine et retour de toute chose. Jusque là, nous pouvons voir un certain lien avec l’idée grecque de l’ ἀρχή (arkhè), mais il est aussi condition du maintien de l’univers. Pour cette raison il est souvent représenté sous l’iconographie de trois avatars : Brahman le créateur, Vishnou le conservateur et Shiva le destructeur. Toutefois cette interprétation est postérieure à la rédaction du Veda et des Upanishads dans lesquels Brahman est désigné comme celui qui est en toute chose et en lequel toute chose se retrouve. Il est donc tout à la fois ces trois attributs. A l’inverse, on ne retrouve pas dans le Védisme l’idée de πρόνοια (pronoia), la providence telle que Platon la conçoit comme l’action législative et organisatrice d’un dieu qui est allié de sa création. Il l’accompagne et la conserve. La différence majeure avec l’Hindouisme vient qu’une telle idée implique une entité divine séparée de la création. Or, comme dit plus haut, Brahman est en toute chose, autrement dit il est dans chaque espèce constituant sa création, et est donc tout à la fois l’universel et le particulier.
Toutefois, ne nous méprenons pas, l’intérêt de cette étude comparative est simplement de mettre en lumière les lieux communs entre les différentes cultures philosophiques et les traditions cosmogoniques. En aucun cas, il ne s’agit de montrer que Platon a été totalement influencé par les cultures indiennes ou sumériennes ni, à l’inverse, de prétendre qu’il n’y a pas de philosophie avant l’apogée de la pensée grecque. En premier parce qu’il n’est pas possible de démontrer absolument qu’il y ait réellement eu des contacts appuyés entres ces différentes sociétés. Même s’il y en avait, cela ne suffirait pas pour valider l’idée que tout le savoir platonicien dépend des découvertes d’autres savants. Ce serait refuser l’originalité du système grec et minimiser son apport théorétique.
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D’un autre côté, on ne peut non plus prétendre qu’il n’y a de philosophie que grecque, ce qui serait un non-sens agressif et très subjectif. Il est même très probable, au regard de ce que nous avons dit, que les premiers élans spéculatifs aient ancré leurs racines dans la culture védique. L’idée selon laquelle la Grèce est le centre de la philosophie constitue donc un européocentrisme qui ne s’appuie que sur des suppositions invérifiées. Il n’est pas non plus possible de comprendre une pensée en y apportant ses propres biais nés de ce que l’on croit savoir. En ce sens, l’approche de l’hindouisme ne doit pas être une projection de fantasmes, mais doit consister en un détachement de ce que l’on sait déjà. En se rappelant, à l’instar de Socrate, que nous ne savons rien, nous pouvons nous diriger vers une étude objective qui se laisse toucher par un enseignement multimillénaire. Il faut donc bien comprendre que chaque système a sa propre originalité et que, s’il n’est pas nécessairement imperméable aux autres systèmes, il n’en est pas moins authentique et sincère. Il est peut-être nécessaire de rappeler cette pensée du philosophe arabo-musulman Ibn Sînâ (Avicenne en latin) que la science des anciens combinée à celle de son temps formerait un bon taux de vérité. Il faut donc avoir, semble-t-il, beaucoup de reconnaissance pour ceux qui se sont penchés, avant nous, sur ces questions existentielles dans lesquelles nous n’avons qu’à tendre la main pour piocher des réponses et ne pas être trop tenter de leur imposer nos propres schémas.
Il faut enfin, aussi, beaucoup d’humilité et ne pas toujours chercher à tout faire entrer de force dans une vérité absolue. La vérité est sans doute multiple, à l’image des systèmes philosophiques. L’essentiel se trouve dans la sincérité avec laquelle ces chercheurs ont mené leur entreprise et ne pas oublier qu’ils ont avant tout proposé un art de vivre en vue du bonheur et non une pensée seulement spéculative.
[1] Jeanne Hersch, L’Étonnement philosophique, une histoire de la philosophie, Éd. Gallimard, Paris, 1997, p.17.
[2] Idem., p.18.
[3] Samuel Noah Kramer, l’Histoire commence à Sumer, Éd. Flammarion, Paris, 1994, p.
[4] Khosro Khazai Pardis, Les Gathas, Éd. Albin Michel, Paris, 2011, p.46.
[5] Idem. p.24.
Alban Alloix a suivi des études de philosophie à Grenoble, et est actuellement doctorant («Le problème du Mal chez Philon d’Alexandrie»). Il étudie tout particulièrement la philosophie antique et l’histoire des religions, et a animé des ateliers en collège et lycée sur les questions liées à la laïcité.
Commentaires
Bon, un détail, mais un détail important, tout de même…
Brassens a chanté « mourons pour les idées, mais de mort lente ». C’est une bonne illustration du fait qu’il ne faut pas tronquer les citations.
Je ne sais pas ce que Brassens aurait pensé de la mort de Socrate, ou de la mort de Jésus, pendant qu’on y est, parce qu’on peut bien dire que ce dernier est bien mort pour ses idées. De mort lente, également, mais pas comme Brassens l’entendait, tout de même. Brassens… était peut-être UN BON VIVANT ?
Mes connaissances de l’histoire sont très parcellaires, mais il me semble que, peu de temps avant que l’Allemagne ne sombre complètement dans la barbarie et le chaos, ses couches intellectuelles et scientifiques (sophistiquées…) étaient occupées à vouloir remonter le temps jusqu’aux origines. C’est une occupation hasardeuse, et l’Allemagne en a payé le prix. Voir le chemin que notre époque prend en ce moment m’inquiète au plus haut point.
Pour revenir aux bons vivants, j’ai mes doutes sur notre héritage venant de l’Inde, qui ne me semble pas le pays où on vit bien, et depuis des lustres. J’ai du mal à m’exciter devant l’engouement de mes contemporains pour le relatif.. nihilisme ? de notre héritage venant de l’Inde. En tout cas, j’y décèle une sacrée haine de notre être corporel qui ne fait pas du bien à l’Homme.
Peut-être que les Grecs ont été tiraillés, même très loin dans le temps, entre l’influence nihiliste orientale et… quelques aspirations pour être bon vivant ?
L’exposé ci-dessus me permet de voir à quel point nous vivons dans un monde grec en ce moment en Occident, avec nos aspirations préchrétiennes, et cela ne me plaît guère. Je n’idolâtre pas notre héritage grec. Il ne me semble pas non plus le comble de la… SOPHISTICATION… mot qui nous arrive de là où on sait…et qui devrait nous alerter, si nous avions des oreilles pour entendre.
Ce qui m’amuse, c’est de voir à quel point les vaines querelles qui nous agitent sont identiques aux querelles qu’Aristophanes met en scène dans ses comédies. C’est même hallucinant de ressemblance.
Serait-ce l’éternel retour (mais pas d’un même identique) ?
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