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L’inéptie féministe

29/09/2024 | par Stéphane Braconnier | dans Politique | 1 commentaire

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TRIBUNE : Le féminisme constitue une idéologie qui est aujourd’hui au cœur des débats de société. Selon Stéphane Braconnier, elle repose sur une fallacieuse égalité entre l’homme et la femme que la biologie ne saurait consacrer : Outre de remettre en cause les fondements de notre société avec la promotion de l’écriture inclusive, le mouvement féministe aurait pris une ampleur à même de renverser les valeurs, les hommes devenant le sexe faible. Mais cette fausse égalité se retournerait finalement contre les femmes, ce nouveau sexe fort, avec l’émergence de la trans-identité.


Diplômé en Philosophie de l’Université Panthéon-Sorbonne et en Droit de l’Université Pascal Paoli, ancien journaliste, ancien entrepreneur, Stéphane Braconnier est professeur de Philosophie depuis 2013, en poste dans l’académie d’Ajaccio puis celle de Nantes. Il a publié trois recueils de poésie : Testostérone ; L’Évasion sensuelle et Coup de pied dans la fourmilière (éd. Amalthée).


L’écriture inclusive : un attentat féministe contre la bonne intelligence

Comment un citoyen lambda, normalement constitué au niveau mental, peut-il se soumettre et militer en faveur de l’écriture inclusive par exemple ? N’est-ce pas lui faire admettre que deux plus deux font cinq ? Au nom de quoi ? De l’égalité de genre me répondra-t-on… Cela revient à égaliser des différences car, qu’on le veuille ou non, la femme n’est pas l’homme et vice-versa. En effet, on ne saurait n’égaliser que les mêmes en qualités, lesquels diffèreraient seulement en quantité, à l’instar de l’abolition du vote censitaire en 1848 au profit du suffrage universel masculin, l’amalgame homme et citoyen étant ainsi consacré par le sceau de la nature. Entre un aristocrate et un serf, la seule différence persistante relevait du champ culturel de la caste, et non de celui de leur nature. Le sang bleu : un mythe ; comme on le constatait à l’occasion de chaque duel. Si les hommes et les femmes constituent le concept du « genre humain », ils demeurent néanmoins extrêmement différents les uns des autres et on ne peut les confondre. Au nom d’un tel concept proprement culturel – simple dénominateur commun ainsi que l’intelligence s’en fabrique perpétuellement pour éclipser la singularité de chaque être impossible pour elle à assimiler – doit-on ignorer les partitions qu’engendre la nature ?

Si ce simple moyen de gestion de l’intelligence humaine a créé le concept de « plante », il convient néanmoins de différencier le romarin du séquoia géant. La langue française a particulièrement réussi à établir un langage commun à tout un chacun, en comprenant un maximum de différenciations issues des impératifs naturels. Les humains n’ont pas vocation à se substituer aux hommes et aux femmes, de mêmes que les plantes ne sont pas censées faire disparaître le romarin et le séquoia. Imposer l’écriture inclusive sous prétexte d’établir une égalité de genre qui n’existe nullement naturellement revient à nier cette différence qualitative essentielle, à la faire disparaitre au profit d’un transhumanisme contre-nature. Il serait vain de nier que cette dérive mentale constitue un des effets secondaires du féminisme.

À l’origine, une poignée de râleuses, irritées au niveau des ovaires, ont vitupéré à l’encontre de ce masculin grammatical qui incorporait un neutre grammatical en son sein, indifférencié de la sorte. Ainsi, sous prétexte d’affirmer le féminin, ces rombières de la linguistique détruisent et le féminin et le masculin à grand coups de « iel », en espérant tout au plus une victoire à la Pyrrhus, car même en algèbre 2x xy, au point de n’être pas assimilable l’un à l’autre. Par ailleurs, il semble paradoxal que des gens de gauche, s’arrogeant le rôle d’intelligentsia publique, organisent cette annihilation de notre idiome commun, notamment certains universitaires, avec comme perspective inéluctable la destruction du lien linguistique qui nous unit et, pour tout dire celle de la bonne intelligence commune.

Les féministes supplantées par les transgenre, au nom de l’égalité : nature et culture

Mais le plus cocasse émane de la révolte des féministes à l’encontre des transgenres, lesquels, sous prétexte de l’égalité dont elles avaient fait leur cheval de bataille, ont envahi leur sphère de revendications. En effet, si les humains sont égaux entre eux à rebours de leurs caractéristiques naturelles, il n’y a aucune incidence à ce qu’un homme devienne une femme et vice-versa. Ainsi, un délinquant sexuel atteint de dysphorie de genre, s’autodéterminant du genre féminin au nom de son bien-être, se voit incarcéré dans des prisons de femmes[1]. Nombre de sportifs masculins se sont aussi auto affirmés « femme » afin de concourir sportivement dans des compétitions féminines[2]. Les féministes en poussent des cris d’orfraie, hurlent au sacrilège et, soudainement, inopinément, invoquent des différenciations naturelles. Ne reçoivent-elles pas ici la monnaie de leur pièce ? À nier les différences physiologiques afin de constituer le transhumanisme, n’est-on pas obligé d’accepter le premier humain venu tel un égal ? Ne doit-on pas lui accorder des droits ainsi que les féministes en ont toujours revendiqués ? Ce ne sont pas elles qui aujourd’hui vont nous dire que le droit à la différence n’implique pas une différence de droits. Pourtant, on le constate paradoxalement à travers les propos de la féministe Dora Moutot et de l’ex-femen Marguerite Stern : « Il existe dans le monde d’autres réponses juridiques qui nous semblent plus justes que la réponse occidentale. Il y a peu de pays où l’on voit autant d’hommes transféminins qu’en Thaïlande. Pourtant, pour ces « ladyboys » il n’est pas possible de changer juridiquement de sexe, car dans ce pays, le sexe reste une donnée biologique. Mais pour s’assurer qu’ils ne subissent pas de discriminations, en 2015, une loi est passée afin de protéger « ceux qui ont une apparence différente de leur sexe de naissance ». Ainsi la Thaïlande a trouvé une solution simple pour ne pas s’engouffrer dans la fiction légale occidentale, tout en protégeant les personnes trans. Nous sommes pour une solution à la thaïlandaise. Notre problème n’est pas l’existence des personnes trans. Notre problème est qu’une poignée d’hommes parvient à se faire passer pour une minorité vulnérable, en s’appropriant l’identité féminine et en dissimulant cela sous le terme de « progrès ». Et quand des femmes disent non, ils retournent ça en « incitation à la haine » et en « discrimination ». Et c’est en train de marcher »[3]. Avouons, c’est tordant, pour ne pas dire « tordu » ! Ne lit-on pas quelques lignes plus loin : « La culture découle de la nature. La nature préexiste face à la culture »[4]. Ainsi, la pensée féministe renie la nature au titre de ses revendications et en affirme la primauté quand il s’agit de se défendre du transgenrisme, dont elle est à l’origine quelque part. Bel exemple de sophistique, de malhonnêteté intellectuelle !

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Après avoir pris les oripeaux de la minorité sempiternellement agressée, afin de mieux déconstruire le mâle à grand coup de culpabilisation pour tout et n’importe quoi, allant jusqu’à prêcher sa mort comme Valérie Solonas dans son SCUM Manifesto[5], nos femellistes les échangent contre ceux de la majorité oppressante. Car au départ, il s’agissait bel et bien de déconstruire le mâle au nom de l’égalité, sa déconstruction n’étant permise qu’à partir du moment où la masculinité se résumait à une construction sociale, excluant toute biologie. À l’occasion, le féminisme piétinait l’ensemble des recherches neurobiologiques qui conjuguait à la fois la nature et la culture dans chaque individu, conformément à l’épigénétisme qu’avait mis en montre notamment Jean-Pierre Changeux dans son ouvrage L’Homme neuronal[6]. Cette déconstruction programmée ne date pas des élucubrations trépanées de Sandrine Rousseau et de son mouvement écologiste. Déjà en 1992, la féministe (aujourd’hui repentie) Élisabeth Badinter nous expliquait ce qu’était l’Homme, ce qui reste au demeurant particulièrement désopilant, dans la mesure où les féministes d’aujourd’hui refusent que des hommes transgenres, devenus femmes, expliquent à la gente féminine ce qu’est d’être une femme : « Sur les réseaux sociaux, des « femmes trans » (que nous appelons « hommes transféminins ») comme Robert se permettent d’expliquer à des femmes ce que c’est d’être une femme »[7].

Mais passons et revenons à Élisabeth Badinter qui, à son époque, opposait les « différencialistes » (qui misaient tout sur la biologie, ce qui implique la supériorité de l’homme), aux « constructivistes » invoquant la multiplicité masculine à travers l’ensemble des cultures pour éliminer cette notion de prééminence naturelle. Les premiers invoquaient à la fois l’évolutionnisme et l’hérédité génétique : « tous les comportements s’expliquent en termes d’hérédité génétique et de fonctionnement neuronal. Derniers héritiers de Darwin »[8]. Une théorie qui n’est pas sans conséquence : certains invoquaient à ce titre la nature pour justifier le viol : « David Barash entreprit même de prouver que le viol était naturel à l’homme[9]. (…) Il plaide même l’innocence du violeur, et fait même son éloge. Il suggère fermement que les violeurs ne sont que les outils involontaires d’une pulsion génétique aveugle. Le viol est un besoin inconscient de reproduction et par là, biologiquement parlant, à la fois avantageux et inévitable ». Inutile d’aller chercher David Barash, déjà au XVIIIe siècle, le Marquis de Sade invoquait un raisonnement analogue[10]. Les seconds pariaient sur la diversité des cultures qui conditionne très différemment les hommes et leur comportement, afin de nier tout principe effectif à la nature : « Forts des travaux de l’anthropologie sociale et culturelle, de toutes les nouvelles recherches historiques et sociologiques sur la masculinité (et la féminité), ils concluent qu’il n’y a pas un modèle masculin universel, valable en tout temps et en tout lieu. À leurs yeux, la masculinité n’est pas une essence, mais une idéologie qui tend à justifier la domination masculine »[11]. Ainsi, le genre relèverait du conditionnement culturel qu’il conviendrait de reprogrammer.

Dans ce conflit entre « différencialistes » et « constructivistes », on ne trouve personne pour marier la nature et la culture inhérentes au développement de chaque être humain ainsi que la neurobiologie (plus sérieuse et moins partiale) nous y invite. Personne pour affirmer le déterminisme naturel qu’aménage les sociétés en vue d’un vivre ensemble, quel qu’il soit. C’est sûr, avec 10% de volume cérébral en moins dès la naissance, ces dames n’ont sans doute pas eu accès à l’ouvrage Les Opinions et les croyances de Gustave Le Bon qui expliquait déjà en son temps que nous fonctionnons à l’aune de cinq logiques[12] qui se tiraillent les unes les autres. La première, d’ordre biologique, est antérieure aux quatre autres. Elle préside à notre respiration, à la multiplication de nos cellules, à nos appétits ou besoins, etc. Elle prime généralement sur les autres. La deuxième est affective ; elle détermine notre propre attachement à nous-mêmes, en d’autres termes notre égoïsme, ou l’attachement que nous vouons à notre progéniture. La troisième s’avère collective et nous fait adopter les opinions du groupe social auquel nous appartenons afin de rester intégrer à ce dernier ; question d’instinct de survie. La quatrième est d’ordre mystique et détermine notre adhésion à une religion ou à une politique ; sa force réside dans l’espoir qu’elle nous procure. La cinquième et dernière consiste dans l’art de la raison ; elle associe des représentations mentales et les scinde afin de déterminer leurs rapports tout en nous permettant d’opter pour la meilleure solution. Autant dire que cette logique rationnelle est d’exercice très mineur eu égard aux forces des quatre premières. À l’aune de ces cinq logiques, nos femellistes auraient sans doute été plus inspirées de remettre en cause l’inégalité culturelle entre les hommes et les femmes telle qu’elle est exprimée dans le Coran par exemple – « Les hommes ont autorité sur les femmes, en vertu de la préférence que Dieu leur a accordée sur elle, et à cause des dépenses qu’ils font pour assurer leur entretien. (…) Admonestez celles dont vous craignez l’infidélité ; reléguez-les dans des chambres à part et frappez-les. Mais ne leur cherchez plus querelle, si elles vous obéissent »[13] – plutôt que de nier une inégalité naturelle indéniable ; d’autant que l’Islam n’est ni cartésienne, ni spinoziste et ne saurait invoquer la formule Deus sive natura (Dieu est nature).

Prohiber la testostérone pour mieux s’accaparer le pouvoir

Dans l’incapacité de penser une telle fusion entre le naturel et le culturel, les féministes dites « constructivistes » selon Élisabeth Badinter ont pris en grippe la testostérone. Ne pouvant en disposer au début, il convenait que les hommes fassent abstraction de la leur, il convenait de les déconstruire, de les émasculer socialement, de les féminiser en quelque sorte, mais non pour égaliser les genres entre eux, mais pour que les femmes puissent au final dominer les hommes :

« Le rêve égalitaire a démantelé la masculinité traditionnelle et mis fin à son prestige. Cela s’est traduit par un rejet des valeurs masculines et l’idéalisation des valeurs féminines. La plupart des hommes se sont sentis mis au banc des accusés. Angoisse, culpabilité et agressivité furent les réactions les plus communes. (…) À côté des angoissés qui ne parviennent plus à remplir les obligations du rôle traditionnel, des sceptiques qui n’en voient que les inconvénients, certains hommes sont devenus féministes pour des raisons morales et politiques. Les militants des Droits de l’Homme, les pacifistes, rejoints par les écologistes, furent parmi les premiers à critiquer les valeurs masculines résumées en trois mots : guerre, compétition et domination. Tout naturellement, ils en appelèrent aux valeurs opposées : la vie, la compassion, le pardon, la tendresse, tout ce que les femmes sont supposées incarner dans l’idéologie traditionnelle. Ces valeurs féminines furent déclarées moralement supérieures aux valeurs masculines systématiquement dénigrées. L’équation mâle = mal s’imposa partout. Mais, ironie de l’histoire, alors que les femmes réclamaient des hommes plus doux, plus gentils, moins agressifs, elles-mêmes étaient encouragées à être des battantes et des conquérantes. Au moment même où l’on glorifiait la nouvelle guerrière, on décourageait l’homme d’en être un ! Jérôme Bernstein fait observer qu’on assista à la naissance du « héros féminin », actif, compétent, et sévère concurrent pour les hommes. Ayant réveillé ses composantes masculines, la femme s’affirme de plus en plus avec les armes bien connues. Selon Bernstein, en devenant le « héros féminin »[14], c’est elle maintenant qui met fin au besoin de dépendance à l’égard d’un homme dès que ce lien l’empêche de se réaliser. C’est elle qui est en quête de succès, d’épanouissement, de satisfaction de l’ego, même au prix de grandes difficultés et de solitude. Elle n’entend pas se conformer à la féminité rêvée par les hommes, mais n’être à l’écoute que de celle qu’elle ressent. À cette extrême vitalité féminine, les hommes contestés dans leur virilité ont réagi par la fuite, le désespoir ou l’impassibilité silencieuse. »[15]

Autrement dit, l’égalité prétextée peut se traduire en fait par la formule « pousse-toi de là que je m’y mette ». Conséquemment, la prise de pouvoir larvée impliquait l’ouverture d’une chasse à l’homme : la guerre des sexes était déclarée. Étalant médiatiquement de toute part les déceptions amoureuses qui ont fait renoncer les femmes à l’amour hétérosexuel, la gente féministe fait porter le poids de ces désillusions sentimentales uniquement sur les hommes comme en témoignent Noémie Halioua :

« L’amour et le sexe n’échapperaient pas à la domination masculine qui infuse les rapports sociaux. La violence masculine serait intrinsèque, toxique, inhérente à toute personne affublée d’un pénis et il serait temps de s’émanciper. Ces calculs sont façonnés par une déresponsabilisation autant que par une haine des hommes, comme s’ils devaient être seuls à porter le poids des échecs du couple, indépendamment de la singularité de chaque histoire amoureuse. Comme si les femmes n’étaient jamais coupables de rien, d’aucune violence, d’aucun coup bas susceptible d’avoir une part de responsabilité dans le drame que constitue l’échec amoureux. Comme si la femme, elle aussi, ne pouvait être cruelle, masochiste, dominatrice, castratrice. Dans cette vision manichéenne des sexes, qui veut qu’elle soit dénuée de toute violence et de toute diablerie, la femme est, elle aussi, essentialisée. »[16]

À défaut d’abstinence amoureuse, celles qui baisent encore s’extraient de la couche pour aller porter plainte pour viol, à l’instar de Charlotte Arnoult, après avoir fait mumuse avec Gérard Depardieu. Toutes les célébrités masculines y sont vouées, comme Jean Lasalle, Sean Connery, etc. Les féministes vont même jusqu’à les chercher dans la tombe, comme ce pauvre Abbé Pierre accusé post mortem d’avoir été un satyre, ou encore Claude François. Elles ont même fait reculer la prescription pénale à trente années après la majorité, surpassant d’un tiers celle de l’assassinat, tout en insistant pour que le viol devienne imprescriptible à l’instar des crimes contre l’humanité. Vraiment, elles sont sensibles du cul. Les faits divers de cet ordre – vrais ou faux – inondent complaisamment l’espace médiatique : « Les inquisitrices misandres sont toujours plus nombreuses à vouloir régenter ce qu’elles nomment avec mépris « hétérosexualité ». Elles se servent d’une poignée de prédateurs sexuels pour pointer la masculinité et culpabiliser le sentiment amoureux entre l’homme et la femme ».[17] Déjà en 1992, Élisabeth Badinter parlait du sexe faible à propos des hommes, invoquant l’espérance de vie, la fragilité psychique, le taux de suicide[18], etc. avant que Naomie Halioua conclut de nos jours le chapitre qui vient d’être cité par : « C’est ici une femme qui écrit, comme tant d’autres avant elle, que la condamnation de l’homme est un crime contre l’humanité » [19]. Toujours victime, la femme ne cesse de féminiser les postes à pouvoir : on ne compte plus les magistrates, les « cheffes » d’orchestre, les « cheffes » de cuisines prestigieuses, sans parler des hauts fonctionnaires, de Braun-Pivet, de Borne, de Van der Layen : toutes, elles se délectent de l’obéissance masculine, telle celle d’un toutou : sa domestication en quelque sorte. Même les maisons d’édition sont tombées sous son charme, il n’y a qu’à scruter les étals des libraires pour s’en convaincre…

Le transgenre, ou quand le Dr Frankenstein s’en prend aux enfants

Mais les temps changent et si la testostérone était inaccessible à l’époque d’Élisabeth Badinter, ce n’est plus le cas de nos jours, et cette hormone se trouve aussi aisément que son miroir genré : l’œstrogène. Parallèlement, puisqu’officiellement l’égalité providentielle confond l’homme et la femme de manière contre-nature, pourquoi ne pas pousser le bouchon davantage afin que l’homme devienne la femme et que la femme se métamorphose en homme, grâce à la mode dégénérée du transgenre.

Sauf qu’après s’en être prise aux adultes, cette égalité de genre s’en prend dorénavant aux enfants. Une heure et demi de consultation pédo-psychiatrique suffit dès à présent pour que l’enfant soit diagnostiqué victime de dysphorie de genre. Dans ce cas, et même à l’âge de trois ans, la Salpétrière entame une transition de genre ; elle est amenée à lui injecter des bloqueurs de puberté : « Les seules données dont nous disposons sont celles de l’hôpital de la Salpétrière. Entre 2012 et 2022, 239 jeunes âgés de 3 à 20 ans (avec comme âge moyen 14,5 ans) y ont été suivis, dont 68% de filles, 31% de garçons, et 1% de personnes intersexes. 6% d’entre eux sont confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE). La Pitié-Salpétrière a administré des bloqueurs de puberté à 26 de ses petits patients (soit 11%), et des hormones contraires à 105 d’entre eux (soit 44%). 30 jeunes filles âgées de plus de 16 ans y ont subi une ablation des seins. Cinq jeunes majeures ont subi une ablation de l’utérus et des ovaires. Un jeune homme a subi une vaginoplastie après sa majorité »[20]. Et s’il n’y avait que la Salpétrière ! Mais l’hôpital public dénombre au moins une dizaine de centres dans l’accueil des moins de 20 ans (Lille, Rouen, Tours, Bordeaux, Lyon, Toulouse, Marseille et 4 à Paris). La Docteur Agnès Condat déclare à ce propos : « Des enfants à partir de 10 ans viennent nous voir après avoir visionné des émissions à la télévisions. Ces dernières agissent comme un révélateur »[21].

Lire aussi : «Tu peux dire ce que tu veux, alors : ferme-la» ? (Stéphane Braconnier)

Bien entendu, on ne va pas expliquer aux bambins mal dans leur peau que les bloqueurs de puberté engendreront une fragilité osseuse dénommée ostéopénie, que leur développement cognitif sera empêché par le défaut de myélinisation des axones dans leur cerveau, ce qui leur interdira de développer toute capacité d’abstraction. Que les hormones qu’ils devront prendre par la suite leur provoqueront une embolie pulmonaire, des maux de tête, des bouffées de chaleur, une impuissance sexuelle, une infertilité, que leur voix ne muera pas. Que la leuproline ou la triptoréline qu’on leur administrera à ce titre sont normalement destinées au traitement du cancer de la prostate, la castration chimique des prédateurs sexuels, occultant de la sorte tout plaisir et toute érection[22] ? Révèlera-t-on à la fillette que l’hormonothérapie convoitée risque de lui développer une tumeur des méninges ? L’enfant saura-t-il qu’une chirurgie telle que la phalloplastie relève des pratiques du Dr Frankenstein[23] ? Les enfants sauront-ils que ces processus demeurent irréversibles ? On injecte de la testostérone aux femmes transgenres alors que cette hormone a seulement été expérimentée, puis accréditée suite à des essais sur des hommes, et idem pour les œstrogènes sur des hommes transgenres. Bien sûr, tous ces processus sont intégralement remboursés par la Sécurité Sociale, encouragés par les associations LGBT+, et accompagnés de financements de la mairie de Paris, du Conseil régional d’Île de France, du ministère de l’Éducation nationale, de celui de la Justice, de la MGEN, etc.

Dorénavant, les néo-féministes fulminent contre ces hommes transgenres qui s’incrustent dans leurs toilettes publiques, captent leurs subventions, etc. sans qu’elles puissent protester au risque d’être accusées de transphobie… Mais ne sont-elles pas à l’origine de cette confusion des genres selon laquelle XX=XY, dont au final elles subissent seulement les conséquences ? Cela dit, on s’étonne de l’engouement des écologistes pour ce contre-nature indéniable, eux qui fauchaient des champs entiers pour nous préserver des Organisme Génétiquement Modifiés (O.G.M.), alors qu’ils cautionnent sans réserve les Humains Hormonalement et Chirurgicalement Modifiés (H.H&C.M.). Comme quoi, si les hommes ne sont pas des femmes, les politiques sont des girouettes.


[1] Dora Moutot & Marguerite Stern, Transmania, Éd. Magnus, 2024, pp.68-70.

[2] Ibidem., pp.61-62.

[3] Dora Moutot & Marguerite Stern, Transmania, Éd. Magnus, 2024, pp.255-256.

[4] Ibidem., p.304.

[5] Édité en 1968 par les Éd. Olympia Press.

[6] Parut chez Fayard, coll. Pluriel en 1983.

[7] Dora Moutot & Marguerite Stern, Transmania, Éd. Magnus, 2024, p.32.

[8] Élisabeth Badinter, XY De l’Identité masculine, Éd. Odile Jacob, coll. Le Livre de Poche, Paris 1992, p.42.

[9] David Barash, The Wispering Within, Harper & Row, 1979, pp.30-31.

[10] Marquis de Sade, Justine ou les malheurs de la vertu, Éd. Au Cercle du livre précieux, Œuvres complètes, vol. III, Paris 1966, pp. 86-87 & 246 et suivants.

[11] Élisabeth Badinter, XY De l’Identité masculine, Éd. Odile Jacob, coll. Le Livre de Poche, Paris 1992, p.48.

[12] Gustave Le Bon, Les Opinions et les croyances, Éd. Ernest Flammarion, coll. Bibliothèque de philosophie scientifique, Paris 1921, pp.71-73.

[13] Le Coran, Sourate IV, verset 34, Éd. Gallimard, coll. La Pléiade, trad. D. Masson, Paris 1967, pp.98-99.

[14] Jérôme Bernstein, The Decline of Masculine Rites of Passage, in Betwixt & Between, Open Court, Illinois, 1987, p.145.

[15] Élisabeth Badinter, XY De l’Identité masculine, Éd. Odile Jacob, coll. Le Livre de Poche, Paris 1992, pp.215-216.

[16] Noémie Halioua, La Terreur jusque sous nos draps, Éd. Plon, Paris 2023, p.99.

[17] Ibidem, pp.61-62.

[18] Élisabeth Badinter, XY De l’Identité masculine, Éd. Odile Jacob, coll. Le Livre de Poche, Paris 1992, pp.58-59.

[19] Noémie Halioua, La Terreur jusque sous nos draps, Éd. Plon, Paris 2023, p.70.

[20] Dora Moutot & Marguerite Stern, Transmania, Éd. Magnus, 2024, p.186.

[21] Ibidem, p.185. & « Les enfants transgenre : l’enquête à lire dans Marianne cette semaine », Violaine des Courières, Marianne, 16 octobre 2020.

[22] Dora Moutot & Marguerite Stern, Transmania, Éd. Magnus, 2024, pp.158-160.

[23] Ibidem, pp. 131-132/

 

Stéphane Braconnier

Stéphane Braconnier fit ses études de philosophie à l’Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, avant une courte expérience dans le journalisme. Partant vivre en Corse, il fit son droit à l’Université Pascal Paoli et se lança dans l’entreprenariat. Il écrivit trois recueils de poésie intitulés respectivement Testostérone, L’Évasion sensuelle et Coup de pied dans la fourmilière, publiés aux Éditions Amalthée. Depuis 2013, a été est professeur de philosophie dans l'académie d’Ajaccio, puis de Nantes.

 

 

Commentaires

Stéphane Braconnier aime toujours autant la polémique.
Pourquoi pas ?
Je suis une vieille femme ménopausée depuis presque 20 ans, avec un déséquilibre hormonal… naturel qui voit disparaître petit à petit l’oestrogène qui m’a permis de concevoir et de mettre au monde des enfants.
Je vais commencer en faisant remarquer que ce débat nous provient de pays anglophones à l’origine, et qu’aux U.S., le mot pour en parler est le mot « gender ». Il y a eu des « gender studies » dans les facs américains. Le mot « gender » en anglais (mot qui a à voir avec le « gens » latin, en passant…) veut dire « sexe », dans le sens de différence sexuelle. « Gender », c’est ce qui a trait aux hommes et aux femmes. En aucun cas, le mot « gender » en anglais ne pouvait/peut être rendu par le mot français « genre », pour la raison que la langue anglaise n’est pas structurée pour tenir compte de la DIFFERENCE au niveau du genre grammatical. On ne peut pas dire « LA table » en anglais. « Table » en anglais n’est pas au féminin.
C’est là où on voit qu’il n’y a pas de domaine plus philosophique que la grammaire, dans sa manière de structurer notre perception du monde.
Il est vrai que le français n’a pas de neutre différencié comme le latin et le grec (je crois). L’anglais n’a pas de masculin et de féminin inscrits dans la langue.
Mais je crois que Stéphane Braconnier n’a pas vu l’enjeu de ces querelles dans la pulsion de faire en sorte que la langue devienne code, dans une pensée anti-Saussurienne, où un signifiant doit avoir un seul signifié, et se référer à un seul référent (bon… ne parlons même pas de référent, car à y regarder de près, on peut voir dans la pensée de Saussure la nature trinitaire du langage, où le référent n’est pensable que dans une configuration de transcendance, et de représentation).
Bref, Saussure ne pratiquait pas la théorie de la communication du tout, alors que notre modernité chiantifique y est acquise pour notre plus grand malheur, à mon avis.
L’écriture inclusive correspond à la volonté de « ne laisser rien, ni personne… DERRIERE », donc… dans l’ombre, hors de la sacrosainte Lumière, dans une pulsion de transparence qu’on voit à l’oeuvre partout dans nos vies. Catastrophique continuité de la Lumière, puis des Lumières…
Les voix qui crient dans le désert pour l’égalité veulent abolir la différence… sexuelle, mais toutes les différences. Aplatissement de la différence.
Ce qui nous ramène….en Grèce, le pays de l’Antiquité qui a eu le plus d’engouement pour… « HOMO », le même, et non pas « HOMO », l’Homme. La Grèce antique était friande du même… Et nous ? Nous sommes bien trop friands de la Grèce antique…
Si on ouvre L’Orestie d’Eschyle, on revient bien en arrière dans le lieu où on peut entendre des querelles qui ressemblent étonnamment aux nôtres.
Dans « Les Eumenides », au procès d’Oreste, on peut entendre de la bouche d’Apollon une théorie sexuelle assez désobligeante pour le sexe féminin, avec l’idée que la mère… PASSIVE RECEPTACLE serait le dépositaire du principe actif viril de l’homme, présent dans son sperme.
On entend énoncer une théorie binaire qui rend les sexes si.. EXCLUSIFS qu’il n’y a pas de terrain d’entente possible, et l’homme et la femme n’ont RIEN EN COMMUN. Fatal pour la société, à mon avis.
Les Grecs d’ATHENES, pays de la démocratie dont on nous gave du matin au soir, avaient-ils vraiment une opinion si désobligeante de leurs femmes ?
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’harmonie ne régnait pas dans l’Athènes démocratique entre les hommes et les femmes. On peut lire Aristophanes pour en rire, et trouver combien c’est actuel.
Après, on peut passer à Rome, la période des guerres civiles quand les riches Romaines changeaient de mari comme de chemise. Octave s’en est ému, même, à juste titre.
Un dernier petit mot : alors que, de nouveau, nous baignons dans un stupide anti-cléricalisme, les nouveaux… illuminés sont en train de pratiquer la castration, et pas pour faire des castrats. Au moins l’Eglise, à l’époque où elle avait cédé à la pulsion humaine de mutiler ce que nous avons reçu naturellement du créateur, a fait de la musique avec.
Mais nous ?
Nous ne sommes pas assez civilisés pour faire de la musique…
On a/est la barbarie qu’on peut. Mais on est bel et bien barbare.

par Debra - le 1 octobre, 2024



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