Claude Obadia
Agrégé de philosophie, Claude Obadia enseigne à l'Université de Cergy-Pontoise, à l'Institut Supérieur de Commerce de Paris et dans le Second degré. Il a publié en 2011 Les Lumières en berne ? (L’Harmattan) et en 2014 Kant prophète ? Éléments pour une europhilosophie (éditions Paradigme – Ovadia). Il consacre ses recherches actuelles aux sources religieuses et métaphysiques du socialisme. Son blog : www.claudeobadia.fr.
BONNES FEUILLES : Nous proposons ici la lecture de quelques extraits de Petite philosophie du grand large, récemment paru aux Éd. Le Pommier, dans lequel Claude Obadia offre un regard nouveau sur cette expérience singulière : larguer les amarres, voir disparaître la côte, n’être plus qu'embruns, sens du vent et gestes assurés. Où vivre en mer revient à se lancer dans une aventure de la pensée, bref, à vivre philosophiquement.
L’inachèvement de l’homme est la condition de sa liberté
BONNE FEUILLES : L’homme n’est pas un être vivant comme les autres. Il est le vivant qui pense la vie. Conscient du temps, de la mort, de sa vulnérabilité, de son imperfection, cet homme inachevé n’est point désespérant. C’est parce que la nature, ou Dieu, ne lui a pas donné une puissance et une intelligence absolues, qu’il doit à chaque instant tirer de lui-même les ressorts de son salut.
France-Allemagne : un malentendu philosophique ?
ANALYSE : Kant est-il traduisible en français ? Son oeuvre est-elle un «provincialisme» ou un «universalisme» ? La philosophie est-elle allemande ? Ces questions ont vivement agité l'histoire de la philosophie.
Descartes contre Montaigne : le perroquet parle-t-il ?
ANALYSE : Voici un duel philosophique sur la question du langage animal. Selon l'auteur des "Essais", l'homme et l'animal sont différents par degré et non par nature, ce que postule au contraire l'auteur du "Discours sur la méthode". Ce duel est aussi celui qui opposa les "réalistes" aux "nominalistes" lors de la querelle médiévale des Universaux.
Luther, la société et le marché
CHRONIQUE : La religion protestante fête aujourd'hui ses 500 ans. À contre-courant de la thèse wébérienne d'un protestantisme annonçant la société de marché, les valeurs chrétiennes fondent, chez Martin Luther, une critique précoce de la logique marchande.
Vivre et mourir : Ulysse, Socrate et le Samouraï
CHRONIQUE : Si vivre sagement est non seulement accepter la mort mais embrasser celle-ci comme nous y invite Socrate, cette idée de la sophia que nous ont léguée les Grecs trouve sans doute un authentique analogon en Extrême-Orient dans la tradition du Budô au Japon.
L’autorité à l’École : relire Hannah Arendt
TRIBUNE : l'autorité du maître se perd parce que le savoir est détrôné au profit d'un enseignant-animateur. Il faut relire Hannah Arendt de toute urgence !
ANALYSE : L'oeuvre de Rousseau manifeste le souci prépondérant d'élucider la question du mal. Rousseau serait-il le fondateur des sciences de l'homme ?
Pourra-t-on jamais en finir avec la politique ?
ANALYSE : L'histoire de l'Europe moderne n'est-elle pas aussi celle de la faillite des idéaux des Lumières ? Ne serait-elle pas en revanche la victoire à craindre de la communauté sur la Nation, de l’individu sur le citoyen, et en un mot du particulier sur l’universel.
La fin des notes à l’École ?
TRIBUNE: Au lieu de fustiger les notes comme un benêt mettrait en cause le thermomètre qui mesure la fièvre du malade, ne ferait-on pas mieux de se demander pour quelles raisons les élèves souffrent de leurs mauvaises notes ?
Michel Foucault ou la loi au banc des accusés
Il y a trente ans disparaissait prématurément le philosophe Michel Foucault dont l’œuvre foisonnante nous a permis d’envisager de façon critique la médecine, l’École et l’idéal de justice, attaché à la démocratie.
L’homme de l’Universel
Dans un texte tardivement publié et fort connu, Kant définit le domaine de la philosophie à travers trois questions qui instruisent un problème générique, le problème de l’homme. Cette démarche circonscrit un faisceau de facultés qui, non seulement sont généralement considérées comme des différences spécifiques de l’homme, mais engagent, en des directions certes distinctes, une même question : l’universel.
Les animaux doivent-ils avoir des droits ?
Réfléchissons… Qu’est-ce qui nous retiendra de traiter les hommes comme des bêtes quand on se sera convaincu que les bêtes doivent être traitées comme des hommes ?
Entre métaphysique et matérialisme : de quoi le socialisme est-il le nom ?
L’année 2014 sera celle de la commémoration du centième anniversaire de la mort de Jean Jaurès, assassiné le 31 juillet 1914. Puisse-t-elle être aussi l’occasion d’une relecture critique, et non idéologique, d’une œuvre parfois ignorée des socialistes eux-mêmes.
Gardons nous donc de céder, sur cette question du genre comme sur d’autres, à l’illusion d’un fondement naturel de la société et des lois. Les femmes doivent jouir des mêmes droits que les hommes. Au nom de l’humanité et au nom de la culture, non de la nature.