Emmanuel Macron renonce-t-il à la philosophie?
BONNES FEUILLES : Avec l’aimable autorisation de son auteur et de son éditeur, nous publions des extraits du potrait d’Emmanuel Macron tiré du livre numérique Mythologie des présidentiables de Francis Métivier paru aux éditions Pygmalion-Flammarion.
Docteur en philosophie, Francis Métivier enseigne la philosophie au lycée Duplessis-Mornay de Saumur, ainsi que l’esthétique et l’éthique à l’Université de Tours. En tant que chanteur et guitariste, il présente, seul ou en power trio, le Rock’n philo live, une interprétation philosophique de morceaux de rock repris sur scène. Auteur de plusieurs essais, il a notamment publié : Liberté inconditionnelle (éd. Flammarion, 2016) ; Rock’n philo (rééd. Flammarion, 2 volumes, 2016) et dernièrement Mythologie des présidentiables (éd. Pygmalion-Flammarion, 2017). Vous pouvez aussi retrouver son site personnel.
Macron a eu un maître en philosophie, et il semblerait intéressant de confronter Macron politique et son vide hystérique à l’un des contenus de la philosophie de ce maître, Paul Ricœur. Dans son livre De l’interprétation. Essai sur Freud (1) – tiens, Freud… quand on parle d’hystérie, on en voit le bout –, Ricœur parle des « maîtres du soupçon », Marx, Nietzsche et Freud. Les trois Attila de la philosophie dont on pourrait dire familièrement qu’après leur passage ils nous ont laissé un sacré chantier. Et même une terre en friche de laquelle ont poussé des plantes pour le moins étranges, ou encore l’expression culturelle du vide devenue parfois l’impression du vide culturel. Un nihilisme sans suite.
Alors qu’un bon programme politique devrait consister à recoller les morceaux, à faire corps et à donner à un peuple la perspective d’une unité citoyenne, à réaliser une « récollection du sens », pour citer Ricœur, tout discours politique, à commencer par celui de Macron, se fait en trop grande partie par un « exercice du soupçon », c’est-à-dire la recherche de la faute cachée de l’autre – sans le siffler, bien sûr – , son trauma, réduction de sa conscience à ses mensonges et aux illusions qu’il engendre. En politique, on parle pour chercher la faute chez l’autre et la mettre en scène. Même s’il n’y a rien. Surtout s’il n’y a rien – l’honnêteté est la pire des concurrences. Quitte à tout mettre en pièces dans la vie de l’autre et dans son œuvre. « De la vérité comme mensonge » écrit Ricœur. Ne jamais croire un politique… dit le politique.
Faire de la politique, c’est soupçonner l’autre avant qu’il ne vous soupçonne, c’est comme, au sens de Ricœur, procéder à l’« arrachement du masque », à « une interprétation réductrice des déguisements », le déguisement étant le costume de la mythologie politique. Cela n’est pas sans rappeler ce catcheur masqué des années 1950, que ses adversaires étaient à deux doigts de révéler sous les « vas-y ! » du public en délire. Mais en politique, on démasque, même s’il n’y a rien à voir. On arrache la peau, on écorche, on dépèce, on désosse. Pillage de l’intime, dépouillage de l’adversaire. Jusqu’à trouver la chose compromettante. Il n’y a rien ? Alors on invente.
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Macron ne fait que soupçonner et, en ce sens, il trahit intellectuellement son maître de philosophie. Il rappelle aussi une certaine pédagogie des années 1970, le prof qui n’a rien préparé et qui, après quelques minutes de discours pour asseoir son aura, lâche un : « Alors ? de quoi voulez-vous parler aujourd’hui ? » Et c’est parti pour deux heures de bla-bla. De la même manière, la méthode Macron consiste à aller en avant, vers les gens, à demander aux gens ce qu’ils veulent : quand on n’a pas d’idées, on interroge les autres. Ou alors, on s’invente une mystique, et on finit par l’affirmer : « La politique, c’est mystique. » Il est déjà l’élu – d’une force transcendante : qui peut le plus peut le moins, qui peut le mystique médiatique peut le politique. Tout l’art de la communication politique est de paraître beaucoup pour, une fois au pouvoir, être peu.
Macron a-t-il une philosophie ? Hmmm… Macron et son mouvement n’ont même pas de couleur. Le logo est un « En Marche ! » à l’écriture plutôt enfantine, à perfectionner, à mûrir, comme son programme. Philosophiquement, il n’y a rien de rationnel chez Macron : pour l’heure, il est mystique et, s’il est élu, son action sera empirique. Voyez-moi et on verra. Tout est détruit mais rien n’est pensé. Son projet ? Être président.
Macron est le dernier des postmodernes.
« En marche »… sur un tapis roulant
Notre vierge politique est un anti-président normal
De quel point de vue Macron rompt-il avec le « moi, président normal » ? Du point de vue de la vivacité formelle. Il double les candidats, par la gauche, par la droite. Vers quoi ? On verra. Pour l’instant, il s’agit d’être le premier.
« En marche », mais quelle est la direction ? Macron est une intention sans but. Il dit que s’il est élu, il nommera dans ses ministères des politiciens de gauche et de droite. Bien, mais… pour quoi faire ? Manu Macron, c’est un peu le sketch des Inconnus.
— Manu, tu descends ?
— Mais pour quoi faire ?
— Bah, je sais pas, moi, descends.
— Et pour quoi faire ?
— Écoute, je sais pas, on va voir, viens, descends.
— Et pour quoi faire ?
Finalement, Manu est descendu et il est « en marche » – mais pour quoi faire ? Il y a deux sortes de marche. Celle qui se fait sur la route, à plusieurs, et celle qui se fait seul, sur un tapis roulant. Sur un tapis roulant, on ne va nulle part. Macron ne fait pas de théâtre mais du one-man-show. Il y a beaucoup de monde aux meetings de Macron, soit. Mais qui est autour de lui ? Il y a lui et les autres. Entre les deux, Macron n’a aucune tête d’affiche. Quelques têtes, il est vrai, mais alors vraiment en arrière-fond. Désir de valse de ceux qui font banquette. C’est vrai, en politique, on s’entoure des têtes qu’on peut – regardez Fillon et Mélenchon.
Pourquoi Macron marche-t-il alors qu’il n’y a rien devant lui ? Pour être en marche. Du moins pour dire qu’il est en marche. Cela lui fait quelque chose à dire. Disons que cela met un discours en marche. Est-ce l’idée de la marche qui marche ? Allusion mégalomane aux grandes marches, aux grandes causes ? Être dans le sens de l’histoire ? Le public suit, prend le vent en marche et devient lui-même le vent qui pousse Macron. Le public a une attirance pour le mouvement. Le changement. Comme un changement qui ne serait pas décidé par un humain – le changement, c’est maintenant, le changement, c’est moi, président –, mais viendrait d’ailleurs, d’un vent inspiré, divin. Macron l’élu. Macron le « déjà élu » : il lui faut bien des prophètes. Mais comme il ne s’agit pas non plus de religion, le désir de changement se traduit aussi en ivresse de l’inconnu. Ils sont saouls de l’idée de changement, de l’idée d’un changement qui ne changera rien, puisque cette idée est vide. C’est juste pour donner le sentiment du changement. En fait, c’est un grand classique.
Le « en marche » n’est que la nouvelle formulation d’un changement dont le désir est affirmé à chaque élection, par toute opposition. Sauf que Macron représente une nouvelle opposition. Ou, disons, l’autre opposition, une autre opposition que l’opposition d’en face, frontale, d’équerre. L’opposition de Macron est l’opposition en diagonale, de trois quarts, de travers. La stratégie de Macron ne consiste pas à aller une fois à droite et l’autre fois à gauche, mais à aller à droite et à gauche en même temps, à élargir le champ de passage des deux côtés simultanément, sans attendre les occasions d’alliances électorales. Macron n’en a pas besoin. Pour le premier tour, les alliances sont à éviter, pour le second elles sont inutiles. Si Macron ne marche pas beaucoup, il réfléchit un peu.
Macron est le Moïse de la présidentielle 2017, qui ouvre la mer pour s’offrir un boulevard aux trottoirs sans cesse repoussés par les fautes des uns et des autres. Il a aussi ses fautes, mais que sont-elles par rapport à celles de ses adversaires ? Rien. Macron joue avec le rien. Et les prophètes, plus ou moins connus, s’engouffrent dans la mer Rouge de la politique, espérant voir se transformer leur activité prophétique en portefeuille ministériel. Là aussi, la stratégie n’est pas « en marche » mais vieille comme le monde. Macron ouvre la mer et la foule suit : moutons de Panurge du pouvoir. Le « en marche » est suivi d’un « allons-y » naïf et intéressé à la fois. En cas d’échec, ceux qui sont déjà installés – comme Gérard Collomb, le maire de Lyon – n’y perdront rien, et les autres n’ont rien à y perdre.
(1) RICOEUR (Paul), De l’interprétation. Essai sur Freud, éd. Le Seuil, 2014.
Docteur en philosophie, Francis Métivier enseigne la philosophie au lycée Duplessis-Mornay de Saumur, ainsi que l'esthétique et l'éthique à l'Université de Tours. En tant que chanteur et guitariste, il présente depuis, seul ou en power trio, la performance du Rock'n philo live, interprétations philosophiques de morceaux rock repris sur scène. Auteur de nombreux essais, il a notamment publié : Liberté inconditionnelle (éd. Flammarion, 2016) et Rock'n philo (rééd. Flammarion, 2 volumes, 2016). Vous pouvez aussi retrouver son site personnel : www.francismetivier.com.
Commentaires
Excellent texte qui résume parfaitement le vide sidéral d’Emmanuel Hollande. Mais en face de lui, que dire … sinon non ! La France est un pays ingouvernable qui vote pour des hystrions.
par Mme Michû - le 28 avril, 2017
Intéressant mais ne contribue pas à donner le moral.
En bref:aucunes perspectives.
par MIGDAL - le 29 avril, 2017
aucune perspective
par MIGDAL - le 29 avril, 2017
…encore un LR pas remis !
par ed - le 29 avril, 2017
Francis Métivier en rhétoricien confirmé est plus à son aise dans maniement des formules que dans la création de concepts et la restitution fidèle de la pensée de Paul Ricœur. L’habile feint de penser en recopiant des poncifs : « Marx, Nietzsche et Freud. Les trois Attila de la philosophie »
Indigence voire misère de sa philosophie, Métivier n’est pas plus un intempestif qu’un annaliste des âmes, il débite des platitudes : « Dire qu’après leur passage (des 3 Attila) ils nous ont laissé un sacré chantier » …..Reprendre qu’ « Un nihilisme sans suite ou encore l’expression culturelle du vide devenue parfois l’impression du vide culturel », n’apporte aucune réelle pertinence à son propos. Ces banalités honnêtes mais pas étranges ne font que reprendre le triste leitmotiv du ressentiment.
le Tao Te King en affirmant que le vide est la racine du mouvement, permet de dégager une fonctionnalité propre à chaque objet, c’est parce que le vase d’argile est vide qu’il peut servir, pareil pour la maison, c’est son vide qui la rend habitable. A ce propos, serait-ce que parce que la pensée de Métivier est creuse qu’il s’autorise dire n’importe quoi ? à porter des jugements dépréciatifs et à dire d’autorité ce que devrait être un bon programme politique ? Plus grave il embrouille les esprits en confondant recollage et récollection, de quoi pour le coup s’autoriser à soupçonner de fausseté. Ce philosophe titré apparaît plus habile qu’honnête en tous cas irrespectueux.
J’en appelle à Paul Ricœur qui explique en quoi le respect est un « sentiment moral » qui « s’éprouve ». Il le définit également comme un « sentiment normatif » et déploie ainsi tout son paradoxe. Il y voit une situation « éminemment conflictuelle » que nous eussions aimé retrouver dans le papier polémique de Métivier.
Et c’est toujours la lecture de Paul Ricœur qui nous apprend que « Nous appartenons à d’innombrables groupes […] et donc est-ce-que ce ne serait pas ces appartenances multiples qui devraient trouver une certaine représentation politique ? Peut-être comme à un moment donné, mais ça n’avait pas eu de suite, l’idée d’une seconde chambre, comme un Sénat qui nous représenterait à travers tous les corps intermédiaires auxquels nous appartenons. La Révolution Française a tellement détruit les corps intermédiaires que nous sommes seuls un à un devant un pouvoir lointain. Le journaliste-philosophe aurait pu se référer à cette pensée pour mieux « sourcer » le mouvement En Marche.
par PITDEPIT - le 29 avril, 2017
S’il est aussi évident qu’il semble n’y avoir aucun but dans ce paquet de lessive à l’emballage nouveau mais au contenu bien trop connu, c’est bien pour masquer le fait qu’il y en a un, mais inavouable. Le brassage de l’air par moulinet des bras et cordes vocales adolescentes a déjà fait ses preuves. C’est bien pour ça qu’il fût adoubé par l’Empire économique unanime. Les lois Macron 1 et Macron 2 (El-Kohmri) étaient la vitrine de publicité de ce qu’il ferait au pouvoir. La capacité avec les moyens de l’Etat, de commencer à vendre par exemple aux américains une entreprise stratégique invendable constitutionnellement car justement stratégique (Alsthom), car c’est important de montrer à ses employeurs qu’on est capable d’enfreindre la Constitution pour enrichir des intérêts privés, ça fait bien dans le CV ; ou encore de commencer à détruire le Code du Travail en faisant descendre un million de gens dans la rue, réussir à passer en force et gagner la séquence politique, ça fait une deuxième perle dans le CV du Monsieur.
Aussi brillant soit votre texte, et je comprends que, vu du lieu philosophique, on est bien dans l’absence de philosophie chez Macron, ou plutôt celle du vide, ou que sais-je, mais ses stratèges en communication, les meilleurs sur la place, car ce sont ceux qui travaillent pour les plus grands groupes, comme on prête ses snippers au jeune échevelé qui va prendre le haut de la colline avec quelques mercenaires, savent parfaitement et ont justement choisi la stratégie du vide. Parce que derrière, c’est de l’artillerie lourde. C’est la doctrine de Milton Friedman et son ultra libéralisme commencé sous Nixon, puis continué sous Reagan, Tatcher, Blair, Schröder, de casse des retraites, de la sécurité sociale, du statut de fonctionnaire, du Code du Travail, du salariat, avec prescription médicale du FMI gouroutisé par des thèses économiques dangereuses, qui se cachent de plus en plus mal derrière un vide parfaitement construit. On n’est plus que dans la philosophie. On n’est plus que dans la propagande. On est dans la fabrication d’un monde global totalisant et complet. Sans issue et sans idée. Le totalitarisme brut et violent du vide. Le désert pour tous. La fin de l’Histoire des civilisations. Aurions-nous parcouru 10.000 ans de philosophie, de sciences et d’art, pour mourir d’une lobotomie des idées d’émancipation ? Cela ressemble au désert de la pensée. Dans trois générations, nous n’aurons même plus de pensée pour penser que c’est triste.
par Julien Sorel - le 30 avril, 2017
Pour le dire clairement, c’est selon ce que je pense toujours Spinoza qui donne le ton de l’impératif philosophique qui parait aux antipodes de la démarche Métivier. Il tient en une formule qui devrait être évidente pour tout philosophe ou prétendu tel :
« Ni rire, ni pleurer mais comprendre » La philo est intéressante et actuelle, elle invite sans cesse à ne pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre.
Effet de levier ou effet de souffle, Benoit Pellistrandi apporte sans esprit partisan à la Métivier des vrais éléments de réflexion. A consulter sur Télos :
http://www.telos-eu.com/fr/vie-politique/effet-de-levier-ou-effet-de-souffle.html
par PITDEPIT - le 30 avril, 2017
En lisant ce papier et les commentaires qui l’accompagnent – tous courageusement anonymes – je constate , une fois de plus…qu’on peut être un as de la dissertation et, au fond , manquer du bon sens le plus élémentaire . Je le sais depuis très longtemps, en fait depuis la lecture de L’opium des intellectuels , de Raymond Aron . Il y expliquait magnifiquement pourquoi la majorité de l’intelligentsia française avait refusé avec acharnement de voir la réalité du totalitarisme marxiste : la culture ne met pas à l’abri du manque de réflexion véritable, lequel fait le lit du fanatisme . A l’heure où Marine Le Pen est aux portes du pouvoir, peut-on se permettre d’être futile , à force de se vouloir subtil ? Dois-je préciser qu’électeur de Fillon au premier tour, je voterai Macron au deuxième ? Je vous souhaite de ne pas avoir la gueule de bois dimanche soir.
par Philippe Le Corroller - le 1 mai, 2017
Cher Monsieur Le Corroller ,
Depuis Descartes il est difficile, (sans être pour autant un intellectuel opiomane), d’ignorer que « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » ni que « ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais (que) le principal est de l‘appliquer bien »
La grille de lecture de Raymond Aron (1953) est très datée notamment lorsqu’il distingue trois sortes d’intellectuels « les communistes de Moscou, les communistes et progressistes d’Europe et les anticommunistes de Londres Paris ou New York » mais assez actuelle lorsqu’il interroge « Sur quoi sera fondée la morale commune ? Comment sera sauvegardée ou restaurée, entre les membres de la collectivité, l’unité de croyance, faute de laquelle la civilisation elle-même est en péril ? » A cette aune, il n’est pas infondé de considérer cet intellectuel de droite comme le lointain et magnifique inspirateur des discours de peur des extrémistes politiques assez faciles à cibler.
Aron reste un écrivain de ressentiment qu’il suffit de citer pour s’en convaincre :
« On ne cesse pas d’aimer Dieu quand on renonce à convertir les païens ou les juifs par les armes et qu’on ne répète plus : « Hors de l’Église point de salut. » Cessera-t-on de vouloir une société moins injuste et un sort commun moins cruel si l’on refuse de transfigurer une classe, une technique d’action, un système idéologique ? »
Enfin si votre lecture d’Aron vous amène à écrire « que la culture ne met pas à l’abri du manque de réflexion véritable », elle montre à l’évidence que vous ne distinguez pas entre ce que Paul Ricœur a pourtant bien défini : l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité, dont j’ai parlé plus haut.
Descartes nous avait pourtant mis en garde sur la bonne application de nos facultés intellectuelles. Cet intellectuel de génie avait insisté sur la nécessité de douter, en politique comme ailleurs, pour se forger son propre jugement désaliéné de tout dogme. Voilà me semble-t-il une subtilité qu’il me semble nécessaire de rappeler.
Enfin pour conclure, mon cher Philippe Le Corroler, je vous prie de m’excuser de ne pas m’exposer comme vous sans pudeur et de rester sous pseudo mais non anonyme. Je m’interroge sur ce qui vous autorise à porter un jugement sur mon choix éclairé et délibéré.
L’Opium des intellectuels, 1955, p.333 (Paris : Calmann-Lévy, 1955)
par PITDEPIT - le 1 mai, 2017
Cher Monsieur Pitdepit,
Vous invoquez le Descartes qui ironisait sur le « bon sens » ? C’est de bonne guerre. ( A votre place, j’aurais même fait appel à Monsieur Homais ou à Bouvard et Pécuchet.) Mais les philosophes sont comme tout le monde : ils ont leurs limites. Ainsi le Descartes du » Je pense donc je suis » m’a toujours paru bien arrogant : on ne pense pas seul, vous le savez bien, Descartes à, d’évidence, raté l’intersubjectivité . Aron, un « écrivain du ressentiment » ? Franchement, je ne peux pas vous laisser dire ça. Ce que l’intelligentsia ne lui a pas pardonné – il valait mieux » se tromper avec Sartre qu’avoir raison avec Aron « – c’est sa lucidité : il a compris le nazisme, le stalinisme, le maoïsme, le castrisme avant tout le monde. Pendant qu’une bonne partie du monde intellectuel français s’aveuglait – à l’exception de François Furet , de Jean-François Revel et de quelques autres – il a gardé les yeux ouverts. Quant à bien distinguer l’éthique de conviction de l’éthique de responsabilité , là j’adhère absolument à votre propos. D’où mon rejet des finasseries de l’entre-deux tours , dont cet article m’a paru un exemple. Je voterai Macron par souci de rester dans « le cercle de la raison ». Bien décidé, ensuite, aux législatives, à me joindre à tous ces Français qui veulent de solides réformes pour arracher le pays à son déclin.
Bien à vous.
par Philippe Le Corroller - le 2 mai, 2017
[…] Lire aussi : Emmanuel Macron renonce-t-il à la philosophie ? […]
par iPhilo » Le ni-ni, une option révolutionnaire ? - le 2 mai, 2017
je ne sais pas, je ne sais plus quoi penser….Ce qui veut peut-être dire que je savais, avant….. Que s’est-il donc passé?
Que s’est-il donc passé, qui puisse me faire comprendre cet « événement », ce vide, cette impuissance?
Je mets des guillemets à événement car ce mot n’a pas de sens bien défini, pas encore…… Je suis « en train » de réfléchir, et je ne sais pas nettement, ou/et clairement ce qui va en sortir…
Pourtant, une chose est sure : ce dont je veux parler, c’est de moi, de ce qui s’est passé en moi, et temporellement défini par la lecture de tous les textes. Cet objet ne me semble pas clairement défini, mis à part son lieu d’existence, ma pensée. Ne devrais-je pas en conclure immédiatement sur l’absence d’intérêt de mon projet ( la réflexion sur cet événement personnel)?
Au fond, non! je pense que cet événement (personnel) éclaire ces textes: il en montre leurs effets possibles sur les consciences, et sur le « trouble » qu’ils engendrent. Ce qui serait sans doute intéressant (universellement intéressant), ce serait de comprendre comment cette « dispute » entre intellectuels chevronnés peut produire cet effet….
Cet effet peut apparaitre comme la conséquence prévisible de discours à forte teneur intellectuelle sur des consciences insuffisamment armées.
Mais ici, le débat porte en partie sur le « vide » de certains discours….Un « vide » qui caractériserait de vrais discours ou pensées philosophiques. Il pourrait donc exister plusieurs sortes de « vide », des vides engendrés ou structurés par des pensées cultivées, et les vides repérés par les consciences plus pauvres, plus frustres.
Une 1ère conclusion serait de retenir cette classification sociale produite par le degré et la nature des connaissances acquises
Une autre conclusion pourrait être retenue: le vide ne caractériserait pas essentiellement les consciences fragiles, « troublées » ( comme la mienne après mes lectures), mais essentiellement certains projets, ici, des projets politiques.
Et on pourrait même dessiner les contours de ce vide, en nommant les projets humanistes et en annonçant les intentions cachées de les vider de leurs contenus, ce que fait le commentateur qui signe julien Sorel.
La parole savante, en créant le trouble dans les consciences, peut être sous-tendue par l’intention de cacher les problèmes, elle cesse alors d’être philosophique
par schneider georges - le 28 mai, 2017
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