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L’oubli, meilleur ennemi de la mémoire

31/10/2019 | par Pierre Dulau | dans Art & Société | 7 commentaires

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UN MOT, UN PARADOXE : Chaque mois pendant six mois, iPhilo publiera une entrée du très beau Dictionnaire paradoxal de la philosophie. En octobre, retrouvez le thème de l’oubli, dont l’entrée a été rédigée par Pierre Dulau.

Nous parlons le plus souvent des choses dans le silence des contradictions qui les animent. C’est le principe du Dictionnaire paradoxal de la Philosophie de Pierre Dulau, Guillaume Morano et Martin Steffens que de mettre en lumière plus de cent notions élucidées par l’épreuve de leur propre paradoxe. Car si la contradiction n’était pas partout, la pensée ne serait chez elle nulle part.

POUR ALLER PLUS LOIN : Dulau, Morano, Steffens, Dictionnaire paradoxal de la philosophie : penser la contradiction, éd. Lessius, 464 p., 35 euros.


Docteur ès Lettres et agrégé de philosophie, Pierre Dulau enseigne en classes préparatoires à Strasbourg. Spécialiste de Heidegger, mais aussi de Marc Aurèle et d’Aristote, il a notamment publié Heidegger, pas à pas (éd. Ellipses, 2008) et dernièrement, comme coauteur, Dictionnaire paradoxal de la philosophie (éd. Lessius, 2019).


L’oubli peut premièrement être défini comme l’événement involontaire de la perte de mémoire. Marque du caractère fini de cette dernière, il est le symptôme de sa vulnérabilité relativement au devenir qui, le temps passant, finit toujours, (en apparence du moins), par engloutir nos souvenirs. Qu’il soit vu comme accident ponctuel ou bien comme force naturelle qui constamment menace la conservation du passé, l’oubli est toujours ce phénomène dramatique par lequel ce que l’homme cherche à maintenir (souvenir-soutenir) dans l’unité d’une représentation se trouve peu à peu dénaturé, altéré, obombré, et enfin, tout à fait « effacé ».

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Comme l’indique heureusement l’étymologie du terme, l’oubli, formé sur le latin livor, livere, lividus, n’est rien d’autre qu’un « devenir livide » de la trace mémorielle ; un processus par lequel, pâlissant, elle perd ses couleurs, les empreintes vivaces qui en faisaient le charme, l’agrément, et par lequel elle devient un cadavre, une fleur fanée. L’oubli fait ainsi de la solidité du souvenir par où se conserve le passé, la ruine où la présence ne se déclare plus que par l’absence ; puis enfin, quand la ruine elle-même s’est effondrée, et que l’oubli s’est donc oublié, un pur et simple néant.

Retenir pour ne pas oublier : lutte contre l’oubli

Pour aborder le premier paradoxe de l’oubli, il faut d’abord relever combien celui-ci menace la mémoire. En effet, et même si l’on sait le combat peut-être perdu d’avance, toute mémoire est bien en lutte contre cette force qui l’aliène et la dépossède de son bien. « Retenir », se « remémorer », « commémorer », « se souvenir » sont autant de modalités mémorielles qui engagent à chaque fois un effort fait afin de « ne pas oublier », c’est-à-dire empêcher, ou du moins retarder, différer, l’inévitable corruption par laquelle nos souvenirs se fanent pour, au bout d’un certain temps, ne même plus laisser trace de leur présence. Du memento mori des vanités classiques aux cérémonies mémorielles officielles en hommage aux héros de guerre, l’acte de remémoration n’a de sens qu’à s’inscrire en opposition à la force corruptrice de l’oubli. Tout acte mémoriel est ainsi, en un premier sens, une sorte d’objection que la conscience humaine adresse à la loi du Devenir qui ravale tout dans l’indistinction du « n’être-plus », une contestation de la force d’anéantissement qui est le corrélat moral, ou psychique, de la désagrégation physique. C’est qu’en effet il y a dans l’oubli un avant goût de la mort et le « n’être-plus » du souvenir annonce le « ne plus être » du trépas. Lorsque Ulysse fait station chez les Lotophages dans son voyage [1], ces derniers jouissent du bonheur paradoxal de ne se souvenir de rien et donc de ne plus souffrir de quoi que ce soit – mais c’est pourtant précisément par-là qu’il s’avère qu’ils ne sont rien d’autres que des morts-vivants, pas bien différents de ceux qui ont bu du fleuve Léthé au royaume d’Hadès. « … Ils [les Lotophages] leur donnèrent du lotos à manger ; or, quiconque en avait mangé le fruit doux comme le miel, ne voulait plus rapporter les nouvelles ni s’en revenir, mais rester là parmi les Lotophages, à se repaître du lotos dans l’oubli sans retour.« 

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Leur félicité n’est conquise que sur un mensonge ontologique, que par l’abolition de ce qui fait d’eux des hommes. Ulysse sait bien, lui, que l’aventure de l’existence ne s’authentifie qu’en impliquant l’exercice mémoriel qui vient momentanément arracher l’être à la loi du Devenir. Que le bonheur oublieux n’est qu’un simulacre et que la vie sans conscience du passé n’est qu’une mort qui s’ignore. Aussi, en cherchant la gloire, en prêtant serment, en instituant le Mémorable, qu’il soit sacré, religieux, politique, mythique, personnel, sentimental, les hommes se dressent-ils contre l’oubli : c’est-à-dire contre l’inexorable force d’entraînement qui conduit de la présence à l’absence, et de la représentation qui fixe les empreintes de la présence dans le psychisme jusqu’à l’inconscience qu’un jour, il y eut de telles représentations. Il n’y a donc de mémoire qu’en contestation d’un oubli, qui, par après la menace, et qui, souterrainement la fragilise. Nous retenons pour ne pas oublier. Et c’est là la condition même de notre inscription humaine dans le cours du temps.

Oublier pour retenir

Toutefois, par définition, tout acte mémoriel est un acte de sélection. Dans l’ensemble formé par toutes les impressions qui continuellement nous affectent, notre mémoire représentative (nous n’évoquons pas ici la mémoire dispositionnelle ou ce que Bergson appellerait la mémoire-habitude [2]) n’opère qu’en excluant systématiquement tout ce qui ne lui sert à rien ou tout ce qui n’est pas susceptible de la « marquer » comme un sceau laisse son empreinte dans la cire [3]. Autrement dit, dans la somme de tout ce que nous éprouvons présentement et que nous pourrions retenir, notre mémoire calibre et dégrossit la matière de l’expérience pour ne sauvegarder que ce qui est susceptible de lui servir, ou au moins l' »impressionne », quelles que soient les fins déterminées. En retenant, elle choisit, en choisissant, elle élit, et en élisant, elle exclut. Cette exclusion n’est rien d’autre qu’un oubli qui se découvre ainsi comme l’ombre même de tout acte mémoriel – la converse obscure de l’acte du souvenir dans sa production effective.

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Nos souvenirs ne peuvent émerger comme rappels d’impressions distinctes que sur la masse elle-même indistincte de l’oubli qui, en ce sens, ne menace pas la mémoire, mais en constitue la condition de possibilité. Cela se peut comprendre par l’absurde. Si en effet nous nous souvenions de tout, il n’y aurait aucun souvenir au sens strict ni aucune expérience consciente et vivante possible. Comme dans les cas pathologiques d’hypermnésie [4], une mémoire hypertrophiée, c’est-à-dire incapable d’oubli finit par devenir folle et par entraver l’existence même du sujet. De même, une mémoire parfaite, totale, exhaustive comme celle d’un être divin exhausserait hors du devenir et supposerait un point de vue transcendant, émergeant d’une éternité soustraite à la chronologie historique – soit, quelque chose d’inhumain. Dans la réalité incarnée de nos vies, l’oubli par lequel les impressions et les empreintes s’effacent naturellement est une condition nécessaire de l’acte mémoriel qui, sans lui, ploierait sous le poids d’une infinité d’impressions qui finiraient par le détruire, et le sujet avec lui.

L’oubli menace ce qu’il rend possible

En résumé de ce premier développement, le paradoxe primaire de l’oubli est donc qu’il menace l’existence de ce dont il est pourtant une condition de possibilité nécessaire. Trivialement résumé sous la forme d’une impossible composition : il faut retenir pour ne pas oublier, il faut oublier pour pouvoir retenir. L’oubli est autant la nuit obscure où la lumière du souvenir s’engloutit que l’écrin nocturne où elle peut resplendir. Sans lui, l’acte de mémoire s’avérerait impossible, par lui, l’acte de mémoire est aboli. L’oubli abolit ce qu’il rend possible.

L’impossible effacement

Mais cette première contradiction en cache une seconde encore plus importante, en ce qu’elle naît de la définition même de l’oubli comme événement accidentel ou naturel de la perte de mémoire. Si en effet l’oubli est bien cet événement ou ce processus par lequel les empreintes mémorielles s’effacent, et que cet effacement est bien quelque chose de définitif, alors comment expliquer que nous puissions nous souvenir de quelque chose que nous avons oublié ? Cela signifie-t-il que lorsque nous nous souvenons de quelque chose d’oublié, nous n’avions en réalité pas vraiment oublié mais que nous avons confondu l’oubli avec un souvenir potentiel ? On voit qu’ici pointe une difficulté majeure : si l’effacement de la trace est bien un effacement authentique, c’est-à-dire un anéantissement, alors il devient impossible de comprendre comment son retour peut s’effectuer. En effet, si ce qui est oublié est réellement oublié, au sens d’un oubli « exponentiel », qui s’est oublié lui-même comme oubli [5], alors dans l’hypothèse où le souvenir reviendrait, il ne pourrait même pas être identifié par la conscience comme souvenir, soit comme empreinte revenante d’une impression passée : il serait purement et simplement équivalent à une impression nouvelle ou à une idée inédite. Si je n’ai pas conscience de la perte, je ne peux pas avoir conscience du retour de ce que j’ai perdu. Si je n’ai pas conscience de l’altération, je ne peux pas jouir de la consolation de la restauration de ce qui a été altéré. Dans ce cas, l’oubli est authentique, mais c’est alors le retour des choses oubliées qui devient inconcevable puisque par définition, un tel retour exclut l’anéantissement de la trace mnésique. L’oubli, comme l’indiquait singulièrement le texte d’Homère précité, est par définition : « sans retour ». 

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Par opposition, si j’ai bien conscience d’avoir oublié quelque chose, que l’oubli est un défaut mémoriel dont la conscience s’aperçoit et que ce quelque chose fait retour, c’est qu’alors l’oubli, seulement partiel, non « consommé », n’était rien d’autre qu’une forme de première mémoire. Sachant que j’ai oublié mon parapluie, je n’ai pas encore tout à fait oublié. Dans ce cas, l’oubli est une mémoire potentielle, virtuelle, latente, inconsciente, une réserve inapparente de souvenirs, mais bien une mémoire. Autrement dit, dans ce cas de figure, le retour des choses oubliées s’explique parfaitement, mais c’est tout simplement parce que leurs traces ne s’étaient pas vraiment effacées. Il faudra alors supposer que pour X raison, par exemple physiologique, elles nous étaient seulement rendues « indisponibles », inaccessibles, mais non pas « détruites » ou anéanties. Ainsi, on pourra expliquer que suite à une altération de telle ou telle partie du cerveau, un parcours stimulatoire correspondant à un souvenir est rendu impossible – ce qui ne signifie pas nécessairement que le souvenir lui-même a été effacé comme une ligne dans un livre, mais plutôt que son moyen d’apparition le rend inaccessible, comme un livre mis sous clef dans une bibliothèque.

Le retour du sans retour

On comprend alors qu’en ce sens, l’oubli nous conduit conceptuellement à une alternative logique impossible : soit il signifie réellement l’effacement, l’anéantissement accidentel ou naturel de la trace mnésique, mais alors il devient impossible de comprendre comment la trace peut faire retour (autant penser que du rien peut provenir quelque chose), soit il n’est pas un effacement au sens strict, mais une simple indisponibilité ponctuelle qui plonge la trace dans l’inconscience, et alors l’oubli n’existe tout simplement pas. Soit l’oubli est réel, mais le retour du souvenir oublié est impossible, soit le retour impromptu du souvenir oublié est possible, mais c’est l’oubli qui alors, n’est pas réel… En somme, l’oubli doit être un anéantissement sans retour s’il est une perte de mémoire, mais il ne peut pas être une perte de mémoire irréversible s’il n’est qu’une virtualité de souvenir.

Dépassements

Dans son immense majorité, la tradition philosophique se débarrasse de la contradiction précédente d’une manière assez simple : en faisant l’hypothèse que l’oubli n’est qu’une mémoire qui s’ignore et donc, qu’au sens strict, d’oubli, il n’y a pas. Que l’on soit avec Platon et l’anamnèse [6] par laquelle l’âme redécouvre qu’elle a toujours et déjà su ce qu’elle croyait ignorer, Freud chez qui la conscience est secrètement portée par une réserve inconsciente de souvenirs écartés par un secret mécanisme de refoulement [7], ou encore Bergson pour lequel tant la mémoire-habitude que la mémoire représentative sont portées par une mémoire pure qui les transcende [8], dans tous les cas, l’oubli n’est qu’une mémoire qui s’ignore, et donc le problème du rappel du souvenir se trouve dissout dans une théorie plus globale des strates mémorielles qui se juxtaposent avec les strates psychiques, conscientes et inconscientes. L’intérêt de cette stratégie spéculative est de rendre précisément compte de l’impression que nous avons de « perdre » quelque chose par l’oubli (une impression échappe à la conscience), tout en expliquant que cette perte ne soit pas définitive (la conscience présente n’est pas le tout de la pensée – il faut faire droit à : l’inconscient psychanalytique, la mémoire pure et totale du psychisme, l’immémoriale contemplation des essences incréées etc.).

On aperçoit toutefois que cette solution achoppe sur la question de savoir s’il n’est pas légitime de considérer un oubli authentique, qui intuitivement, semble bel et bien exister et être conforme à sa définition, c’est-à-dire : sans retour. En effet, si l’on ne peut pour soi-même jamais être le témoin de son propre oubli (dans le cas d’un oubli qui s’est oublié, et non d’un oubli partiel), puisque si nous en étions le témoin conscient cela signifierait justement que nous n’avons pas oublié, l’on peut par contre observer couramment le phénomène de l’oubli authentique chez autrui. L’effacement total d’une empreinte mnésique semble bien être un phénomène courant qui, bien qu’inobservable pour soi est constatable chez les autres dans des figures aussi bien dérisoires qu’importantes, comiques que tragiques, comme dans le cas de la maladie d’Alzheimer par exemple. Comment supposer qu’aucun oubli n’est irréversible s’il est un constat trivial que d’observer que bien des mémoires ne sont jamais retrouvées ?

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C’est donc que si l’on peut esquiver le problème d’un effacement des traces qui doit être définitif et qui pourtant ne semble pas pouvoir l’être, cela n’est toutefois possible qu’à condition de supprimer arbitrairement tout un pan de l’expérience. Si la loi du Devenir n’était pas celle que nous évoquions au commencement de cet article, les hommes n’auraient aucun intérêt à faire effort pour retenir des choses qu’ils veulent arracher à l’oubli qui, pour eux, est bien synonyme d’anéantissement définitif dans le « n’être-plus ». Aussi, à poser que ce « n’être-plus » n’est qu’une figure du « peut-être » de la virtualité du souvenir, comprend-on assez mal ce qui mobilise de tels efforts pour arracher constamment les empreintes du passé au spectre menaçant du Rien. Sans doute la difficulté tient-elle au fait que l’oubli, comme le néant ou la mort, conduit nécessairement à une impossibilité logique qui consiste pour la pensée à viser un non-être qu’elle ne peut donc objectiver qu’en lui faisant perdre sa caractéristique essentielle.

Bibliographie

  • Homère, Odyssée, chant IX, 48-49. Trad. Dufour, Raison. Paris, GF, 1965. p. 130.
  • Platon, Théétète, 191. c. ; Ménon, 81e-85c. ; Phèdre, 275. a.
  • Marc Aurèle, Pensées, VII. 21. Paris, G.F, 1964. Trad. Meunier.
  • Saint Augustin, Confessions, X, XVI. 24, p. 183.
  • Bergson, Matière et mémoire (1896). Paris, P.U.F, 1968, p. 168.
  • Freud, L’inconscient, Œuvres complètes, Paris, P.U.F, 1988. Vol. XIII. p. 206.
  • Valéry, Cahiers, éd. J. Robinson, Paris, 1973, t. I. p. 1239.
  • Borgès, Funès ou la mémoire (1942), in Fictions. Paris, Gallimard, 1951.
  • Histoire des théories de la mémoire, Cours au Collège de France, 1903-  1904. Paris, P.U.F, 2108.
  • Heidegger, Essais et conférences (1958), Paris, Gallimard, trad. Préau. p. 320.
  • Jankélévitch, L’Irréversible et la Nostalgie. Paris, Flammarion, 1974. p. 52.
  • Jean-Louis Chrétien, L’Inoubliable et l’inespéré. Paris, Desclée de Brouwer, 1991, p. 15.

[1] Homère, Odyssée. Chant IX, 48-49. Trad. Trad. Dufour, Raison. Paris, GF, 1965. p. 130.
[2] Bergson, Matière et mémoire (1896). Paris, P.U.F, 1968, p. 168.
[3] Platon, Théétète, 191. c.
[4] Borgès, Funès ou la mémoire (1942), in Fictions. Paris, Gallimard, 1951.
[5] Voir Heidegger, Essais et conférences (1958), Paris, Gallimard, trad. Préau. p. 320.
[6] Platon, Ménon, 81e-85c. Voir aussi, Phèdre, 275. a.
[7] Freud, L’inconscient, Œuvres complètes, Paris, P.U.F, 1988. Vol. XIII. p. 206.
[8] Bergson, Matière et mémoire (1896). Paris, P.U.F, 1968. Voir aussi, Histoire des théories de la mémoire, Cours au Collège de France, 1903-1904. Paris, P.U.F, 2108.

 

Pierre Dulau

Docteur ès Lettres, agrégé de philosophie, Pierre Dulau enseigne en classes préparatoires à Strasbourg. Coauteur du Dictionnaire paradoxal de la philosophie, il a également publié Heidegger, pas à pas (éd. Ellipses, 2008).

 

 

Commentaires

Magnifique texte, et très bien écrit ! Qu’est-ce que c’est agréable de pouvoir se dire qu’après quelques minutes de lecture, on est (un peu) plus intelligent ou, en tout cas, cultivé.

par Mme Michu - le 4 novembre, 2019


Je ne partage pas l’avis de Mme Michu.

Il y a sept ou huit ans, dans un élan… d’enthousiasme, j’ai déplacé les textes de Freud et Lacan dans ma petite bibliothèque associative, en les sortant de la rubrique « psychanalyse » pour les mettre dans la rubrique « philosophie ». Un an après, j’ai eu un sacré remords, et je les ai déplacés de nouveau, pour les faire retrouver leur place dans psychanalyse.
Il me semble… mal fondé de citer Freud dans cet article, comme si la position de Freud sur le statut de l’inconscient était soluble dans l’exposé de la conscience ici.
C’est vrai que la psychanalyse est un ovni, et la métapsychologie, ainsi que les textes littéraires et anthropologiques de Freud pourraient faire croire qu’elle peut devenir… un savoir universitaire, ou même philosophique, mais je crois que Freud a toujours fait preuve d’une immense ambivalence autour de ce… paradoxe, mettons. Ce paradoxe tourne autour de ce qu’on peut extrapoler, et généraliser comme savoir général et universel depuis le lieu où a lieu la psychanalyse, et ça, c’est dans la cure, qui est une relation entre deux personnes en chair et en os (principalement).
L’article ci dessus présente une théorie très générale du processus d’oubli, et une théorie où la personne/sujet n’a pas de place. Une théorie où elle a simplement disparu. Les références aux processus physiologiques font penser à un système d’équivalence entre… mémoire, et localisation cérébrale, alors que les scientifiques les plus avancés continuent de reconnaître, tout comme Freud, qu’il n’est pas possible d’expliquer les phénomènes de la conscience à partir d’un matérialisme/localisation terme à terme dans le cerveau.
Et je ne vois pas… de quel droit nous pourrions témoigner, nous, de l’oubli « authentique » de traces mnésiques chez autrui….C’est un parti pris qui ne me semble pas défendable, et qui disqualifie simplement la foi ? que nous n’oublions pas. Il faut avoir de sacrées prétentions pour arriver à certifier.. l’anéantissement.
Une démarche scientifique, me semble-t-il, rechignerait à se prononcer pour l’anéantissement, PAR PRUDENCE.
Après tout, le mot « anéantissement » contient le mot « néant » dedans, et ce n’est pas neutre.
Qu’il y ait des personnes prêtes à se prononcer pour l’anéantissement… et bien, je n’en doute pas…

par Debra - le 7 novembre, 2019


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