Philippe Granarolo
Docteur d'Etat ès Lettres et agrégé en philosophie, Philippe Granarolo est professeur honoraire de Khâgne au lycée Dumont d'Urville de Toulon et membre de l'Académie du Var. Spécialiste de Nietzsche, il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment Nietzsche : cinq scénarios pour le futur (Les Belles Lettres, 2014) . Nous vous conseillons son site internet : http://www.granarolo.fr/. Suivre surTwitter : @PGranarolo
LECTURE : Avec la physicienne Virginie Langlois et l'illustratrice Cécile Decorte, le philosophe bien connu des lecteurs d'iPhilo publie un livre inclassable mais très réussi illustrant (au sens propre et figuré) les implications paradoxales de la mécanique quantique sur notre vie quotidienne.
Pourquoi Nietzsche et les nazis étaient vraiment incompatibles
BONNES FEUILLES : «Les plus acrobatiques contorsions intellectuelles ne pourront jamais réconcilier» l’individualisme de Nietzsche avec l’anti-individualisme totalitaire, martèle Philippe Granarolo. Nous publions un extrait de son dernier ouvrage, En chemin avec Nietzsche.
Halte au végano-fascisme
TRIBUNE : Le philosophe Philippe Granarolo s'insurge dans iPhilo contre la radicalisation de l'idéologie animaliste et ses multiples variantes, toutes tendant à effacer le statut particulier de l'homme parmi les animaux. Le spécialiste de Nieztsche y décèle toutes les caractéristiques des idéologies qui ont fait tant de ravages au cours du XXe siècle.
Clément Rosset plus réel que jamais
HOMMAGE : L'auteur de l'essai Le Réel et son double est mort le 27 mars dernier à l'âge de 78 ans. Dans la lignée de Nietzsche et de Parménide notamment, celui qui fut longtemps professeur à l'Université de Nice prodiguait une joie débordante, mais dans l'acceptation du réel. Philippe Granarolo se souvient de quelques anecdotes vécues avec ce philosophe qui faisait profession de "dénonciateur des illusions".
Nietzsche, philosophe de la Méditerranée
BONNES FEUILLES : Nous publions un extrait du nouveau livre de notre chroniqueur Philippe Granarolo, Les carnets méditerranéens de Friedrich Nietzsche. Dans ce texte imaginaire, cet ancien professeur de Khâgne à Toulon fait l'éloge tant de son philosophe préféré que de sa région, qu'il aime tant. C'est au fond l'histoire d'une belle rencontre transformée en récit philosophique de voyage.
Philippe Granarolo : « Nous sommes tombés dans le piège du terrorisme »
ENTRETIEN - Dans un essai publié cette année, "Le manifeste des esprits libres", le philosophe nietzschéen explique comment le danger djihadiste a façonné un monde qui n'est pas vraiment le nôtre. Ce monde où le religieux serait omniprésent serait la "victoire posthume d'Oussama Ben Laden".
Menace numérique : Big Mother is watching you
ANALYSE : Les choses sont allées peut-être trop vite pour nos capacités humaines d’adaptation si bien que la pensée est en retard sur la réalité et que nous manquons encore d’une critique de la raison numérique.
TRIBUNE : La haine n’est autre chose qu’une tristesse qu’accompagne l'idée d'une cause extérieure, explique Baruch Spinoza. Il faut dès lors apprendre à vivre avec le réel tel qu'il est, faute de quoi la politique sera dominée par des tristesses individuelles mues en haines collectives.
La nouvelle conscience de notre fragilité
ANALYSE : Nous nous sommes tous sentis fragiles à certains moments de notre vie. Mais depuis Hiroshima, ce sentiment individuel a pris la forme d’un ressenti collectif.
De quoi André Glucksmann est-il le nom ?
HOMMAGE : Un philosophe essentiel pour notre génération vient de tirer sa révérence. Rappeler les grandes étapes de l’itinéraire d’André Glucksmann relève sans doute d’un devoir de mémoire, mais aussi du bilan d’un moment charnière de notre histoire.
Au-delà du progressisme ?
TRIBUNE : La civilisation occidentale si longtemps dominante a imposé les cadres de son finalisme au reste de la planète, et l’on doit se demander si ce que Robert Redeker nomme « définalisation » peut prendre une autre tournure que l’effondrement tragique que Nietzsche baptisa du nom de « nihilisme ».
La guerre des immortalités
TRIBUNE : Le philosophe Philippe Granarolo s'interroge sur la résurgence d'un fanatisme islamiste, où l'immortalité joue un rôle essentiel, et l'apparition d'un nouveau rêve d'immortalité occidental venu des biotechnologies et des technosciences. Vers une nouvelle guerre ?
La liberté d’expression ne se tronçonne pas
TRIBUNE : Dans une lettre adressée à Dalil Boubakeur, le philosophe Philippe Granarolo rappelle que la liberté d’expression est absolue ou qu’elle n’est pas. Il regrette que le principal représentant de l’Islam de France ait par le passé attaqué devant les tribunaux les dessinateurs de Charlie Hebdo pour leurs caricatures.
La GPA : éléments philosophiques
Philippe Granarolo revient sur iPhilo sur les implications philosophiques de la GPA. Qu'y-a-t-il donc derrière cette question de société qui montre autant le progrès de la science que le doute face au souci bioéthique ?
La culture originelle dépend d’abord du masque comme condition de sa survie face à une nature encore trop proche. Puis, la culture vivante s’affirme et le masque devient une seconde nature. Sa véritable origine est alors invisible aux hommes, de même que sa fin pourtant inévitable. Finalement, la culture amorce son déclin, et le masque devient son unique raison d’être. Elle existe par et pour le jeu. Le masque comme stratégie : notre époque.
Les sans-dents : ma hantise !
Si j’avais à défendre le droit qui est le mien de mépriser les sans-dents, voici ce que je dirais : « Pendant des décennies, mes ancêtres socialistes ont tout comme moi méprisé la classe populaire. Mais les temps étaient autres. Les sans-dents étaient aussi stupides qu’ils le sont aujourd’hui, mais ils étaient dociles et respectueux de l’élite socialiste qui prétendait les défendre. Il suffisait de les haranguer du haut d’une tribune pour qu’ils se mettent en marche et nous portent au pouvoir.
Cet imaginaire qui construit la « réalité »
Quelque chose en nous imagine, quelque chose en nous combine, invente, crée : une « faculté du possible » qui est non pas le double affadi de nos perceptions et de nos concepts, mais la matrice dont sont issus perceptions et concepts.
Jean-François Mattéi a rejoint le ciel platonicien
Ainsi ton âme a-t-elle décidé, sans prévenir aucun d’entre nous, de rejoindre précipitamment le ciel platonicien : tu avais la conviction que ce lieu t’attendait, pour cette « vie après la vie » qui est notre sort commun, quelle que soit la façon dont on se la représente.
Nietzsche : le premier des futurologues
Mettant sans cesse en conjonction l'archaïque qui survit en nous et l'avenir lointain dont nous portons déjà le filigrane, il a jeté sur le présent un regard si perçant qu'un peu plus d’un siècle après lui aucune analyse approfondie de notre époque n'a pu être conduite qui ne soit la répétition, ou du moins qui ne s'inscrive dans le prolongement direct, de son herméneutique.
Deux sexes : est-ce bien naturel ?
Luce Irigaray ne nie nullement la dualité des sexes : elle conteste la fausse dualité qui a été imposée par le sexisme phallocrate. Les deux sexes se trouvent désormais égaux devant une merveilleuse aventure : celle qui consiste à se découvrir réellement, à apprendre qui ils sont, dans le respect mutuel, dans la recherche de différences non hiérarchisantes et dans la quête d’une authentique complémentarité.
Du droit de préférer
L’égalitarisme forcené qui a gagné nos élites (il n’a pénétré que très superficiellement les masses) entraîne une conséquence trop rarement dénoncée : l’affirmation d’une préférence, sur les plans culturels, religieux, esthétiques, est immédiatement perçue comme une atteinte à la dignité humaine, comme une discrimination.
Platon et les simulacres
N’est-il pas absurde de vouloir relire Platon pour mieux asseoir notre réflexion sur le virtuel qui gagne chaque jour du terrain ? Revenir vingt-cinq siècles en arrière, est-ce une démarche sensée quand il s’agit de soumettre à l’analyse des réalités inouïes qui ne semblent pas avoir eu leur équivalent dans l’histoire humaine ?
Le monastique et le politique
Le sage bouddhiste gravit les sommets pour s’installer dans une grotte himalayenne ; Socrate quitte sa demeure pour arpenter l’agora d’Athènes. Si l’on pense qu’une guerre des universels n’est pas notre destin, ne convient-il pas de redonner tout son souffle au modèle monastique ?
La beauté est-elle féminine ?
La division masculin/féminin, que ce soit sous la forme animale d’une beauté masculine et d’une laideur plutôt féminine, ou sous la forme humaine et beaucoup plus récente dans le temps d’une beauté féminine et d’une laideur masculine, perdra insensiblement de sa pertinence.
Création, procréation, autocréation
Il existe d’étranges chassés-croisés métaphoriques entre la création artistique et l’enfantement. S’agit-il de simples métaphores ? Et n’y aurait-il pas un troisième degré, auquel parviendrait un être supérieur sculptant son individualité afin de devenir lui-même « œuvre d’art » ? S’il en est bien ainsi, artiste créant une œuvre, femme procréant un enfant, et être supérieur se créant lui-même, ne constitueraient-ils pas les trois degrés d’une création allant vers sa perfection ?
Hyperindividualisme ou néotribalisme ? Scénarios pour le monde de demain
L’émancipation individualiste de la civilisation hellénique, réactivée par la Renaissance italienne, a transformé sans retour possible l’animal de troupeau, qui ne trouvait espérance et salut que dans son groupe d’appartenance, en un individu dont les liens avec la communauté ne cessent de se distendre. Il faudra peut-être quelques milliers d’années pour que l’individu accompli surmonte tous les obstacles qui parsèmeront sa route : mais comme le dit fort bien Nietzsche, « qu’importent quelques milliers d’années ».
La repentance : tous perdants
Qu’est-ce que la « repentance » ? Incontestablement la forme laïcisée du mea culpa chrétien. La repentance enfonce ses racines dans un remords collectif, dans une culpabilité sautant d’une génération à l’autre. Que le repentant n’ait pas commis lui-même les fautes pour lesquelles il se frappe la poitrine cesse de nous étonner sitôt que l’on prend en compte cette origine. Qu’est-ce en effet que le péché originel, sinon la culpabilité que la désobéissance d’Adam et d’Eve a fait peser sur tous leurs descendants punis jusqu’à la fin des temps pour l’acte qu’ont commis leurs très lointains ancêtres. La repentance ? Quelque chose de très religieux, donc.
L’art de vieillir
Au moment où je suis entré dans ma septième décennie, il m’est apparu fondamental de porter mon regard de philosophe sur ce qui est désormais la pente inéluctable de ma vie : le vieillissement. Les pistes que je vais présenter sont très librement inspirées de la lecture d’un livre de 1944 de John Cowper Powys, The Art of Growing Old, dont le titre, dans la traduction française, est L’art de vieillir.