La morale peut-elle me nuire ?
A VOUS DE JOUER – Nous terminons notre série d’été après une petite d’exercices et autres tests extraits de l’ouvrage Petites distractions philosophiques du philosophe allemand Robert Zimmer, qui vient d’être publié par la Librairie Vuibert. Cette dernière semaine, nous vous demandons de vous transformer en moraliste.
Robert Zimmer est un philosophe et essayiste allemand né en 1953, auteur d’une thèse de doctorat en Philosophie sur Edmund Burke et de biographies et d’introductions à la philosophie particulièrement populaires outre-Rhin. Une partie de son oeuvre est traduite en français, notamment Le Grand Livre des philosophes (éd. Fayard, 2012) et Petites distractions philosophiques (éd. Vuibert, 2017).
Enoncé
On trouve dans les Réflexions ou sentences et maximes morales de La Rochefoucauld la phrase suivante : «L’intention de ne jamais tromper nous expose à être souvent trompés».
➦ Si cette proposition est juste, quelles conséquences en tirer ? Divergent-elles selon que je privilégie la morale ou la prudence ? Si oui, pourquoi ?
Réponse dans 48 heures !
Nous publierons dans deux jours la réponse de Robert Zimmer à cette interrogation morale. D’ici là, n’hésitez pas à publier vos éléments de réponse en commentaires de cet article.
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Robert Zimmer est un philosophe et essayiste allemand né en 1953, auteur d'une thèse de doctorat en Philosophie sur Edmund Burke et de biographies et d'introductions à la philosophie particulièrement populaires outre-Rhin. Une partie de son oeuvre est traduite en français, notamment Le Grand Livre des philosophes (éd. Fayard, 2012) et Petites distractions philosophiques (éd. Vuibert, 2017).
Commentaires
Si je privilégie la morale à la prudence alors j’accepte d’être trompé en continuant à nourrir l’intention de ne jamais tromper. Les autres, croyant en ma naïveté, n’hésiteront pas à vouloir me duper mais cela n’a pas d’importance car moralement, mieux vaux être victime de la malignité des autres que d’en faire preuve à leurs égards.Au contraire, si je privilégie la prudence, alors je peux en venir à renoncer à l’intention de ne pas tromper car cela peux être contraire à mes intérêts. Donc oui les conséquences divergent selon que l’on privilégie notre intention morale ou la poursuite de notre intérêt. La morale et l’intérêt ne sont pas toujours compatibles.
par Geslot - le 4 septembre, 2017
D’accord avec Geslot, et je peux être prudente et avoir une morale, Caut Caut Caut, voir la prudence selon Spinoza: tout homme relève de son propre droit, il peut donc résister à tout ce qui est contraire à son effort de persévérance dans son être, cette persévérance inclut et la vie et la morale en tant qu’elle relève de l’entendement. Ne pas se nuire et ne pas nuire à autrui. La prudence confère au discernement, ainsi, si ma vie (ou la vie d’autrui) est en danger par la cause d’une autre, je peux la tromper afin de persévérer dans mon être.
Sauf à être un Saint auquel cas, on en devient un martyre…
tine
par chiarappa - le 4 septembre, 2017
Si la morale freine mon désir et que mon désir me semble juste ou tout simplement l’expression possible d’un truc rigolo alors je vais certainement pas me casser les couilles avec une connerie pareille. La morale, non mais ça suffit.
par Rouxel - le 5 septembre, 2017
A mon humble avis, et pour faire court, la Morale est différente selon les groupes ethniques ; elle est donc civilisationnelle. Donc, une morale peut me nuire à partir du moment ou c’est la morale d’un autre, d’une autre ethnie, d’une autre civilisation, d’une autre idéologie, d’une autre foi, etc. Et donc, si je délaisse la morale dans laquelle je suis née parce qu’elle me demande à suivre des règles qui m’obligent à faire des efforts, j’ai le grand risque que la morale d’un autre, bien pire que la mienne, vienne me bouffer.
« Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. »
Si je devais définir par un terme l’universalité du « bon » ou du « bien » nécessaire à l’homme , je donnerais le mot « Raison ».
par Patricia - le 5 septembre, 2017
En ce qui concerne la réponse à la question posée, je partage entièrement celle de Geslot ci-dessus.
Merci à vous, Geslot, vous m’avez agréablement facilité la tâche.
par Patricia - le 6 septembre, 2017
Il est vrai qu’être entièrement moral peut être inconciliable avec la volonté de persévérer dans son être et de conduire à se sacrifier pour d’autres qui n’en valent vraiment pas la peine. Et il est vrai que l’éthique de Spinoza peut être morale car la prudence qu’il préconise est entièrement conforme à la raison. Cependant la morale peut ne pas se contenter de la raison et de la prudence car comme le disait Pascal: « la raison ne sait pas donner du prix (de la valeur) aux choses. »
par geslot - le 6 septembre, 2017
Très bonne remarque, Geslot, et une bonne sortie avec Pascal. Ne serait-ce pas ici le drame de l’homme ?
par Patricia - le 6 septembre, 2017
La phrase exacte de Pascal :
« La raison a beau crier, elle ne peut mettre le prix aux choses… »
par Patricia - le 6 septembre, 2017
la question présuppose l’existence d’un moi et d’intérêts spécifiques à ce moi. Spinoza postule cette essence et du même coup il réunit la morale et l’intérêt à l’intérieur du champ de la connaissance rationnelle, connaissance de notre nature.
Par contre, si je distingue des champs de connaissances différents, je rends possible des « conflits » entre les objets présentés par ces champs. Non seulement des conflits épistémologiques, lorsque je devrai choisir un mode de connaissance plutôt qu’un autre, mais des conflits dans mon activité de réflexion, morale ou non. La distinction entre ces deux réflexions n’est que formelle, car la réalité d’une recherche authentique de la vérité englobe ces deux questionnements.
par schneider georges - le 7 septembre, 2017
@ schneider georges
Mais « la réalité d’une recherche authentique de la vérité » ne peut être amenée que par la raison, non ? Et dans ce cas, nous tournons en rond, non ?
par Patricia - le 7 septembre, 2017
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