Notre époque est celle de l’avènement d’une totalité surhumaine qui désormais est devenue autonome, ne fonctionne plus qu’automatiquement et en vue d’elle-même, et pour ce faire instrumentalise les hommes et se les soumet.
Seins nus ou burka ? La mondialisation à l’épreuve du féminin
New York légalise les seins nus sur la voie publique. Et les « Femen » s’exportent en Tunisie. Dans le même temps, voile, tchador et burka fleurissent sur les trottoirs des républiques islamiques, de Kaboul au Caire, et jusqu’en Europe. Nouvelle illustration des paradoxes de la mondialisation. Injonction paradoxale et tensions centrifuges : le monde s’unifie en même temps que les contraires s’écartent. Comme si les contraires se nourrissaient réciproquement dans leur escalade provocatrice.
Hyperindividualisme ou néotribalisme ? Scénarios pour le monde de demain
L’émancipation individualiste de la civilisation hellénique, réactivée par la Renaissance italienne, a transformé sans retour possible l’animal de troupeau, qui ne trouvait espérance et salut que dans son groupe d’appartenance, en un individu dont les liens avec la communauté ne cessent de se distendre. Il faudra peut-être quelques milliers d’années pour que l’individu accompli surmonte tous les obstacles qui parsèmeront sa route : mais comme le dit fort bien Nietzsche, « qu’importent quelques milliers d’années ».
Mondialisation et régionalisation des flux migratoires
La régionalisation des flux migratoires dans un contexte de mondialisation de ceux-ci est le résultat , non seulement d’une émergence des sud comme pôle d’attraction pour les nouvelles mobilités, mais aussi de l’élargissement des catégories de migrants, car si les plus pauvres ne sont pas encore partis, les migrants ne sont plus des analphabètes pris en charge comme main d’œuvre par les pays du nord, comme jadis dans le cas des travailleurs immigrés, ni une élite de réfugiés ou d’intellectuels éduqués venus pour faire des études ou des affaires, mais le fruit du vaste mouvement d’urbanisation de la planète qui met en mouvement des catégories de migrants, forcés et volontaires, de plus en plus nombreuses.
La justice transitionnelle
La justice transitionnelle est une notion encore peu connue en France, en partie parce qu’il s’agit là d’un anglicisme, traduction basique de transitional justice. Certains préfèrent à ce titre parler de « justice de transition », voire simplement de « traitement du passé ». Le problème avec « justice transitionnelle » est que l’expression insinue, à tort, que c’est la justice qui est en transition, donc qu’il s’agirait d’une forme temporaire, éphémère et exceptionnelle du Juste, alors qu’il s’agit plutôt de la justice appliquée au contexte particulier des transitions démocratiques.
La France au Mali : sa légitimité et ses intérêts
A ceux qui demandent dans quelle mesure est légitime l’intervention française au Mali, il faut répondre en distinguant, comme on le fait depuis l’antiquité, la question de la légalité de celle de la légitimité. Car une décision peut être légale mais illégitime (le droit positif peut être contesté au nom de ce qu’on a longtemps appelé le droit naturel, c’est-à-dire l’idée qu’on se fait de la justice et qui ne correspond pas forcément à la loi), ou « illégale mais légitime » comme il est d’usage de caractériser l’intervention de l’OTAN au Kosovo en 1999, par exemple.
Qui sont nos ennemis au Mali ?
Si les Français dans leur grande majorité font front pour soutenir nos soldats, gauche et droite confondues, nous avons bien du mal à imaginer la tête que peuvent avoir nos ennemis. Suivant les termes employés par la presse, notre imaginaire fait varier leur figure. Le touareg nous paraît enraciné dans la terre malienne, drapé dans un foulard. Le terroriste nous paraît bien plus dangereux. Nous l’imaginons aussi bien caché à Tombouctou que retranché dans un complexe gazier d’Algérie. Le rebelle fait lui penser aux mercenaires armés de kalachnikov, aux diamants et à la coke mélangée à de la poudre de balle. In fine, nous sommes un peu perdus pour donner un portrait-robot de notre ennemi.
Les difficultés que connaît l’Europe aujourd’hui, en particulier l’incapacité de relancer le projet d’une union qui mobiliserait les peuples, et même la résistance que ces peuples y opposent, tient bien sûr aux difficultés financières, économiques et sociales et aux politiques d’austérité qui l’affaiblissent au lieu de lui donner un nouvel élan. Mais ce n’est pas tout, il y a une autre raison : le fait que la question du sens même d’Union politique européenne a été sans cesse retardée. Comme si la dimension politique de l’Europe risquerait de compromettre le projet de construction péniblement mis en œuvre.
Un dialogue entre les cultures est-il possible ?
Lorsque nous entrons au Musée du Quai Branly, dénommé aussi, Musée des « Arts Premiers », nous lisons, « Musée du dialogue entre les cultures ». Rentrons dans le Musée, y percevons-nous les conditions d’un dialogue ?
Indifférenciation et respect des différences : l’injonction paradoxale de la mondialisation
Chacun peut en observer les effets autour de soi, que ce soit dans ses propres choix individuels ou dans l’évolution de la société. Et l’on peut se poser la question de l’issue de ce processus : une seule civilisation uniforme (victoire de la force centripète), une explosion violente des différences (victoire de la force centrifuge), ou la poursuite indéfinie d’un équilibre fragile entre ces deux forces ?
The good, the bad and the ugly and the outcome of the Greek elections (the rest)
Now that a new more stable government is formed and the fact that SYRIZA is a potential political force that can rule the country in the future make the situation different. The party will continue to be attacked for its rejection to enter the coalition and questions over its European orientation and its development strategies will remain high in the parliamentary discussions.
The good, the bad and the ugly and the outcome of the Greek elections
The recent elections in Greece divided people between the pro-bailout and the anti-bailout parties. Marginally, Greeks decided to support a coalition of three parties (the center-right New Democracy, the center-left PASOK and Democratic Left) which claimed that the bailout is the only viable (and hard) way to return to development.
Dialogue, invention grecque ?
"Mon mot préféré dans la langue française ? Un mot d'origine grecque - dialogue", répondait l'écrivain Vassili Alexakis dans un dialogue sur Canal Académie. Le dialogue est-il pour autant une invention grecque ?
La monstrueuse incompréhensibilité ou le massacre de Houla
Aujourd’hui nous ne disposons plus du recours de l’inconscience ou de l’ignorance. Mais l’impuissance demeure. Inchangée.
La dette grecque turlupine l’Europe. N’est-ce pas la chouette d’Athéna qui perdure sur la pièce de 1 Euro et sur celle de 2 Euros la belle Europe, venue du Liban ou Phénicie antique, juchée sur son taureau ? N’est-ce pas son frère Cadmos qui nous a apporté notre alphabet ? Ou notre rapport à la Grèce est-il né en partie de notre imagination comme le dénonce Georges Prévélakis (Université Paris Panthéon-Sorbonne), géographe et politologue, dans son article « Grèce : les raisons historiques de la faillite. La boîte de Pandore » (Esprit 11/2011 http://www.eurozine.com/articles/2011-12-23-prevelakis-fr.html) ?
Syrie : l’éternel retour du même
Où Bachar El-Assad veut-il en venir exactement ? A-t-il l'intention de réduire en cendres un quartier de la ville de Homs ? Ou bien la ville tout entière ? Lui semble-t-il opportun de liquider une partie de son propre peuple afin de préserver la paix sociale telle qu'il la conçoit ? Espère-t-il en finir une fois pour toutes avec ses opposants, non seulement déclarés, mais aussi potentiels ? Nul ne sait.
Les Indignés peuvent-ils changer le monde ?
A cette question, les faits semblent répondre « non » : que ce soit en Espagne, en Angleterre, aux Etats-Unis, le mouvement des indignés a marqué le pas, tandis qu'en France, comme cristallisé dans la seule figure de Stéphane Hessel, il n'a jamais mobilisé. Un tel échec intéresse forcément la philosophie : l'indignation serait-elle vouée à l'impuissance ?
Vers une communauté franco-allemande
Une échéance électorale majeure, une crise financière sans précédent et une déstabilisation de l'Union européenne, sur fond de globalisation, se conjuguent pour donner à 2012 le caractère d'une année historique. Conformément à sa vocation, la Fondation pour l'innovation politique entend contribuer au débat démocratique de l'élection présidentielle en proposant 12 idées pour 2012. Parmi celles-ci, figure l'idée de renforcer substantiellement l'axe franco-allemand, moteur de la construction européenne, en réalisant une convergence entre les deux pays dans une série de domaines, parmi lesquels la fiscalité, l'écologie et la citoyenneté.
L’Europe et ses Etats
L’Etat est né en Europe, l'Europe est une construction des Etats. C’est par eux qu’elle s’est faite tout au long des cinquante dernières années. Depuis l’origine, un débat pertinent oppose ceux qui, s’appuyant sur l’histoire des nations qui la composent, en tiennent pour une construction intergouvernementale et ceux qui, forts de l’expérience des premiers traités, croient que seule une logique fédérale peut permettre d’avancer. La réalité observée est celle d’une délicate alchimie des deux logiques que traduit parfaitement l’oxymore de Jacques Delors, qualifiant l’Union de « fédération d’Etats-nations ». Mais vient un jour - et nous y sommes - où l’alchimie, révélant ses faiblesses, doive être redynamisée par un effort politique d’invention.