GRAND ENTRETIEN : Auteur de "L'insécurité culturelle", Laurent Bouvet analyse pourquoi les partis politiques n’arrivent plus aujourd’hui à mettre des mots sur le malaise français, sinon le FN, qui en profite.
Olympe de Gouges et la journée de la femme
BONNES FEUILLES : "Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnois tes droits. Le puissant empire de la nature n’est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges".
Désir de démocratie
TRIBUNE : Nos idéaux de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité sont des idéaux justes, mais leur charge de générosité, d’humanité et d’universalité a fini par s’émousser, sous l’action térébrante du consumérisme et du capitalisme triomphants.
Ne parlons plus d’union sacrée
TRIBUNE : Penser la violence à travers le religieux, en comprenant qu’il fut longtemps la seule réponse possible à la violence, c’est découvrir aussi que la violence n’est pas originaire, qu’elle est une trahison de la relation morale. Il nous faut ressaisir cette relation que la violence a profanée ; il nous faut la réinventer.
Pourquoi Dieudonné ne nous fait pas rire
TRIBUNE : L'(ex)humoriste est l'illustration d'un nouvel antisémitisme qui s'allie aux théories complotistes pour jouer de la mauvaise foi : ils seraient victimes du système et des mains qui le tiennent. Pour Jean-Sébastien Philippart, l'argument ne tient pas : Dieudonné est antisémite et ne fait pas rire !
Urgence, oubli et politique
ANALYSE : S’il y aura un avant et un après, le quotidien de nombreux Français n’est pas favorable à l’entretien durable de l’élan citoyen du 11 janvier. Derrière la foule de défis sociaux, économiques et sécuritaires que le pays va devoir relever, se cache celui, politique et moral, du rôle concret du citoyen dans la mécanique démocratique et de l’épreuve des valeurs communes autrement que sur le mode des circonstances extraordinaires.
Etat et liberté
ANALYSE : Au lendemain de l’immense marche républicaine, il semble nécessaire de réfléchir, avec Spinoza, à ce qui constitue les fondements de l’Etat de droit. Car de houleux débats se sont engagés partout pour savoir comment il convient d’organiser une riposte contre ces attaques ignobles.
TRIBUNE : Sous le coup de l’événement, la sagesse exhorte un peu partout à ne pas céder à l’émotion. Mais dès l’instant où surgit l’émotion, on y a d’ores et déjà cédé. L’émotion, c’est tout le poids incommensurable de la fatalité événementielle qui hurle en nous et auquel nous ne pouvons pas nous soustraire.
La liberté d’expression ne se tronçonne pas
TRIBUNE : Dans une lettre adressée à Dalil Boubakeur, le philosophe Philippe Granarolo rappelle que la liberté d’expression est absolue ou qu’elle n’est pas. Il regrette que le principal représentant de l’Islam de France ait par le passé attaqué devant les tribunaux les dessinateurs de Charlie Hebdo pour leurs caricatures.
Charlie Hebdo : Ultimi barbarorum !
TRIBUNE : En 1672, Spinoza, scandalisé par un assassinat politique, décide de placarder sur les murs de La Haye une affiche sur laquelle sont écrits : Ultimi barbarorum ! (les derniers des barbares)
Charlie Hebdo : Voltaire et le fanatisme
BREVE : Devant l’horreur et la barbarie qui a touché le journal Charlie Hebdo, on pourra lire la définition du fanatisme que donne Voltaire dans son "Dictionnaire philosophique". Tristement d'actualité #JeSuisCharlie
« Attentats » : Le principe irresponsabilité
TRIBUNE : On a vu récemment ressurgir ce « principe irresponsabilité » à l’occasion des attentats de la veille de Noël dans plusieurs villes françaises : présentés d’abord comme des attentats islamistes commis au cri d’ « Allah Akbar », ces actes ont été vite attribués à des « personnes déséquilibrées », à la folie, à l’alcool (Dijon et Nantes), voire à une crise cardiaque (Glasgow). Bref, la faute à « pas de chance », et à de regrettables « coïncidences ». Le tour de passe-passe n’a trompé que ceux qui le voulaient bien.
L’urgence de la tolérance : du pluralisme religieux au multiculturalisme
Dans un contexte où l’État manifeste une partialité culturelle qu’il est difficile et parfois impossible de surmonter, il convient d’offrir aux minorités discriminées des exemptions et des services spécifiques qu’on appelle aussi accommodements raisonnables.
Laïcité et liberté de religion
La laïcité a pu être hier un instrument de combat contre les religions, elle ne devrait plus l’être aujourd’hui. L’homme est tout un. Comment pourrait-il se priver dans l’exercice de sa liberté de citoyen du soutien que lui donne ses convictions philosophiques ou religieuses ? C’est sagesse pour chacun dans un État démocratique de ne pas s’enfermer dans une communauté de pensée ou de foi et de mettre à l’épreuve ses convictions dans le débat public.
Un an après qu'une adolescente de 12 a tendu une banane à la Ministre de Justice en s’écriant « Une banane pour la guenon », le philosophe Jean-Claude Bourdin, professeur émérite à l’Université de Poitiers, revient sur cette affaire et écrit une lettre à la jeune fille.
Gauche, droite et souveraineté
La souveraineté ne se décline pas, si l’on suit Jean Bodin, en une souveraineté « de droite » ou « de gauche ». Rappelons ses formules : c’est la souveraineté de la Nation dont il s’agit. Cette Nation peut s’incarner dans un homme ou dans un groupe d’hommes ; elle peut être représentée aussi bien par un Prince que par le Peuple.
Est-il besoin d’une Déclaration des droits pour le règne animal?
Dans la bataille des idées, la philosophie des droits des animaux l’emporte, ses critiques perdent. Il reste à voir de quel côté émerge la victoire dans la bataille politique en cours entre ce qui est juste et ce qui ne l'est pas.
Vite, Benjamin Constant ministre des transports !
Les grèves ubuesques qui paralysent les moyens de transport français sont le signe d’une exception française, celle d’une imperméabilité viscérale à la logique libérale sinon dans une forme caricaturale qu’elle rejette logiquement. A ce rythme là, nous continuerons à subir les caprices d’Ancien-Régime des cheminots et des taxis.
Diaboliser et être diabolisé : le cercle de la haine
Nul homme ne devrait pouvoir être dit « de trop » parce ce qu’il serait l’incarnation d’une figure satanique ou d’une « sous-humanité ». Ce serait congédier enfin la diabolisation comme mode d’exclusion de certaines catégories d’humains et comme méthode de non résolution des problèmes de société.
La démocratie sera numérique !
Les réseaux numériques ont joué un rôle décisif dans les « révolutions arabes ». Le numérique doit passer de la révolution au fonctionnement ordinaire d’une démocratie. La démocratie sera numérique ou ne sera plus.
Mythes antirépublicains, laïcité et communautarisme
Le personnage du républicain « laïcard franchouillard » est un grand classique du roman antirépublicain. Ce mythe n'a aucun fondement conceptuel, mais il s'incarne dans une caricature et donne naissance à des fantasmes dont les effets sont bien réels. Le franchouillard et le multiculturaliste se confortent l'un l'autre en construisant de toutes pièces leur objet fantasmatique commun que les uns révèrent et que les autres abhorrent.
La politique de l’individu
Entretien avec la philosophe Fabienne Brugère. Comment mobiliser aujourd’hui une société civile qui n’écoute plus la classe politique et dont une partie, certes minoritaire mais bien organisée, se réfugie dans différentes formes d’extrémismes et de sectarismes ?
Feu le front républicain
Si 2002 a marqué l’apogée de l’idée de front républicain tout en en soulignant cruellement les limites, la victoire du « non » au référendum de 2005 a créé une nouvelle constellation dont le FN tire profit à long terme, malgré son éclipse de 2007.
Entre métaphysique et matérialisme : de quoi le socialisme est-il le nom ?
L’année 2014 sera celle de la commémoration du centième anniversaire de la mort de Jean Jaurès, assassiné le 31 juillet 1914. Puisse-t-elle être aussi l’occasion d’une relecture critique, et non idéologique, d’une œuvre parfois ignorée des socialistes eux-mêmes.
Indivisibilité et pragmatisme : le droit de vote des étrangers
Le combat pour le droit de vote des étrangers non-communautaires aux élections locales n'est pas toujours animé par des vœux pieux ou des bons sentiments. Il peut aussi relever d'une volonté pragmatique : il faudrait en finir avec la rigidité du bloc citoyenneté-nationalité-droit de vote.
Qu’est-ce que l’action politique ?
L'action politique renvoie à la fois à l’exercice du pouvoir et à la résolution des problèmes par la discussion. La question est de savoir dans quelle mesure la « vie politique » peut donner lieu à l’action politique, dans quelle mesure les rapports de pouvoir peuvent faire place à l’action par la discussion.
Des inévitables limites du clivage gauche/droite
Combien avons-nous entendu présenter de grandes alternatives, de belles phrases où l’on met le couteau sous la gorge de l’Histoire : « Ou bien… ou alors… ». Les prédictions des catastrophes futures pourraient toutes être introduites par un : « De deux choses l’une… ».
Que signifient les « chiffres de la délinquance » ?
Ces dernières semaines ont vu la traditionnelle présentation des statistiques des crimes et délits par Manuel Valls, ainsi que par le Préfet de Police Bernard Boucault pour Paris et la petite couronne. Mais de quoi s’agit-il au juste ?
Contre la peur
Non, il n’est pas possible d’apporter la preuve d’une absence de risque, mais ayant pris conscience du risque potentiel, on peut – on doit – faire l’effort intellectuel et physique indispensable non seulement pour l’avérer (ou non) mais pour le contourner.
A la recherche d’un nouvel Abbé Sieyès
La bonne nouvelle, c’est que la crise de la représentation politique est due à un regain de démocratie, ce qui est une cause plaisante. Mais cette démocratie directe qui ébranle le politique est fondamentalement courtermiste.
Pour une politique du care
Une éthique et une politique du care relèvent plus d’une philosophie de la puissance au sens spinoziste du terme que d’une démarche purement compassionnelle qui maintiendrait les personnes dans la faiblesse et la sujétion.
Dieudonné n’aura donc pas commis ce pour quoi on l’a condamné
Le Conseil d’Etat a validé le principe selon lequel quelqu’un pourrait être condamné pour un crime qu’il commettrait dans l’avenir et qu’il ne commettra pas dans la mesure où il aura été préventivement condamné. Le raisonnement juridique ne tient que dans la mesure où le contrefactuel « S’il n’avait pas été condamné, il aurait commis ce crime » est strictement valide.
Le déchaînement des passions démocratiques
Si la philosophie, comme le disait Hegel, est « l’intelligence de l’époque », il est tout à fait pertinent philosophiquement de tenter d’identifier et de nommer correctement les passions démocratiques qui traversent nos sociétés laïques : l'indignation, la peur, la jalousie, la colère.
Nelson Mandela ou le retour des hommes dans la fabrique de l’Histoire
Personne n’a expliqué que la politique ne servait à rien, que l’on avait le choix qu’entre la décevante action révolutionnaire et le conservatisme de la politique institutionnalisée. Finalement, avec Nelson Mandela, nous nous retrouvons face à la problématique du « grand homme ».
Qu’avons-nous fait de la fraternité ?
Rien n’est venu remplacer cette fraternité du sang versé pour la patrie.
Critique et idéal du chef politique, de Philon d’Alexandrie à la Ve République
De l’attitude ostentatoire voire “bling-bling” de l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, au mode de vie controversé de la “gauche caviar”, la distance entre l'attitude vertueuse de Moïse et la critique philonienne du chef d’état résonne de manière très actuelle.
Faut-il aimer l’Etat ?
L’Etat de droit, fruit des conquêtes politiques et sociales de la longue histoire, nous devons l’aimer parce qu’il nous protège. L’un des malheurs de notre Etat réside dans la maxime « chacun pour soi, l’Etat pour tous » que la drogue de la dépense publique a réussi depuis cinquante ans à installer dans les esprits.
De l’utopie républicaine rétrospective
Nous vivons depuis une trentaine d’années une dépression collective. Elle ne touche pas les Français dans l’ensemble de leur vie, mais pour ce qui touche l’espace public.
Comparaison n’est pas raison : la « reductio ad Judaïcum »
Aujourd'hui, l'on voit hommes politiques et intellectuels expliquer qu’une chaise laissée vide dans une classe par une élève expulsée, c’est le retour de la chasse aux Juifs sous Vichy ; ou qu’une loi qui contrôle les immigrants clandestins, c’est le retour des persécutions de Hitler et Pétain.
Le monastique et le politique
Le sage bouddhiste gravit les sommets pour s’installer dans une grotte himalayenne ; Socrate quitte sa demeure pour arpenter l’agora d’Athènes. Si l’on pense qu’une guerre des universels n’est pas notre destin, ne convient-il pas de redonner tout son souffle au modèle monastique ?
Peut-on rendre altruistes les contribuables ?
Une meilleure connaissance par les contribuables de l’impact de la redistribution de leurs impôts les pousse à être beaucoup plus altruistes.
A propos du travail dominical : « Que l’autorité se borne à être juste » !
Les lois ne sont pas intangibles. Le monde bouge. Mais surtout : laissez moi décider si je veux travailler ou pas, et consommer ou pas, et à quel moment de la semaine !