TRIBUNE : Je suis né sous le ciel bleu d’Athènes, au pied de l’Acropole, il y a deux mille six cents ans de cela. J’ai grandi ensuite à Rome, sous le règne de l’empereur Hadrien.
Grotte Chauvet : petite contre-allégorie de la caverne
TRIBUNE : Regardons ces animaux comme ils sont : des sillons dans la roche, les traces du désir naissant de capturer quelque chose du monde, une première aspiration à la métaphysique.
Il faut qu’une jupe soit ouverte ou fermée
TRIBUNE : Deux collèges, l'un à Charleville-Mézières, l'autre à Montpellier, ont exclu récemment une jeune fille à la robe trop longue. "Causette" en fait le sujet d'une article amusant qui pose au fond un problème philosophique : quel habit fait donc le moine dans un pays déchiré entre le string et le voile ?
Humanités : touche pas mon Socrate, ma chouette et ma louve
TRIBUNE : Elizabeth Antébi, fondatrice du Festival Européen Latin Grec, défend dans iPhilo l'enseignement des humanités, qui sont le creuset de la culture européenne. Et de dénoncer au passage toutes les tentatives de ces dernières semaines destinées à noyer le latin et le grec dans des enseignements vagues, indéfinis et pluridisciplinaires.
La jalousie : une passion inavouable
GRAND ENTRETIEN : La jalousie fait l’objet d’un blâme aussi créatif qu’obstiné. Pour Giulia Sissa, elle est pourtant la vérité inconfortable de l'amour. La rejeter, c'est mettre en péril le désir. Il faut donc la réhabiliter !
Jean Baudrillard. Quand l’événementiel l’emporte
ANALYSE : L’objet, la valeur, la séduction, le virtuel sont quelques-uns des « mots de passe » qu’emprunte Jean Baudrillard pour départager le réel et le virtuel, l’illusion et le simulacre, la réalité et son double l’hyperréalité. En bref, pour démasquer l’avènement généralisé du régime de la simulation sous l’emprise du numérique et des technologies de l’information.
De l’autorité à l’École
ANALYSE : Mesurer l’ampleur de la crise de l'École consisterait à comprendre qu’il y va de son sens même, ruiné par une vision pédagogiste qui a réduit le savoir à l’acquisition de compétences. Si l’autorité constitue la condition de l’éducation, elle devrait être en effet, au premier chef, l’autorité d’un savoir qui précède infiniment l’élève et dont devrait témoigner l’enseignant.
ANALYSE : L’impact de la philosophie sur les enfants pourrait ne pas être immédiatement apprécié. Mais l’impact sur les adultes de demain pourrait être tellement considérable qu’il nous amènerait à nous étonner d’avoir refusé la philosophie aux enfants jusqu’à ce jour.
L’alimentation carnée et ses conséquences écologiques
ANALYSE : La question du traitement industriel des animaux d’élevage résume les trois principaux objectifs de l’écologie décroissante que nous promouvons, à savoir : La remise en question du modèle consumériste ; la nécessité d’une ré-appropriation, par le sujet, de son pouvoir d’opposition face à des choix de société pseudo-rationnels, technocratiques et anti-démocratiques, faits pour lui (au double sens de « à sa place » et prétendument « dans son intérêt »), par le triumvirat économie-technologie-politique.
Le jugement, le discernement et l’amour : de l’entêtement à l’abandon
ANALYSE : L’entêtement trouve sa sublimation dans l’abandon. Il est inutile de combattre. S’entêter n’est qu’une bataille perdue d’avance ; et tous y perdent. Ce qu’on refuse d’admettre dans l’éducation est l’inanité de toute confrontation. Combien de débats débouchent-ils sur le sens véritable d’une position et non la simple opposition de thèses, fussent-elles pertinentes ?
Je suis la crise de l’école républicaine
TRIBUNE : Parler de la perte d’autorité des enseignants, c’est parler de la perte de l’autorité du savoir lui-même qui, dans un système républicain, constitue le fondement de l’ascenseur social. Dès lors que l’école est devenue un « lieu de vie » perdant son privilège de « lieu de transmission de savoir » qui lui était traditionnellement dévolu, on voit mal comment elle pourrait encore résister aux attaques du dehors.
La fin des notes à l’École ?
TRIBUNE: Au lieu de fustiger les notes comme un benêt mettrait en cause le thermomètre qui mesure la fièvre du malade, ne ferait-on pas mieux de se demander pour quelles raisons les élèves souffrent de leurs mauvaises notes ?
Quand le progressisme sert de justification à l’exclusion
TRIBUNE : Le discours postmoderne, en tant que rhétorique contre-institutionnelle, n’en demeure donc pas moins une institution mais une institution désormais fatiguée d’elle-même. À force de ressasser l’impossibilité de penser le « réel », ses membres engourdis forcent le trait de la répétition et la grossière caricature qui se dégage alors du vide ne prête plus qu’au sourire, au mépris ou encore à la mélancolie chez ceux qui avaient cru y voir, il y a quelques temps déjà, entre les lignes des prédécesseurs, les germes d’un renouveau philosophique. Ne s’est contractée que la mauvaise habitude de déconstruire au lieu d’analyser.
Nouvel an : attendre ou favoriser le bonheur à venir ?
ANALYSE : Que nous réserve l'année qui vient ? Telle est la question récurrente que chacun d’entre nous se pose en son for intérieur à cet instant crucial où une année s’efface pour céder la place à une autre. Nous espérons bien sûr la venue de la joie, du plaisir, du succès, de l'amour, de l'argent et nous redoutons la survenue du malheur, du chagrin, de la maladie, de la souffrance.
ANALYSE : A l’approche des célébrations de fin d’année qui sont normalement une période de réjouissances, de partage et de compassion, force est de constater que des milliards d’êtres seront exclus de la fête et même plus, qu’ils seront le prix (moral) fort à payer pour nos parties de plaisir culinaires et le sacrifice exigé pour notre convivialité artificiellement retrouvée.
L’argent et ses deux spectacles : le sport et la crise
Le monde du sport décalque celui de l’argent, joue au caméléon avec lui, prend la couleur et le goût de l’argent fou. C’est un argent qui, en amont comme en aval, ne renvoie à aucune valeur d’usage. C’est un argent sans rapport avec le monde réel, un argent en apesanteur. L’argent du sport atteint de telles sommes qu’il n’est que pure abstraction.
La GPA : éléments philosophiques
Philippe Granarolo revient sur iPhilo sur les implications philosophiques de la GPA. Qu'y-a-t-il donc derrière cette question de société qui montre autant le progrès de la science que le doute face au souci bioéthique ?
Marcel Gauchet et la nouvelle trahison des clercs
En 1927, Julien dénonçait la politisation des intellectuels dans son essai "La Trahison des clercs". La fronde contre Gauchet, dont les instigateurs reproche à l'historien de ne pas pouvoir s'exprimer sur la rébellion au motif qu'il ne serait pas un authentique rebelle n'illustre-t-elle pas une nouvelle trahison des clercs ?
Lâcher la selle : faire confiance
Si le père ne lâche pas la selle, le fils n’arrivera jamais à faire du vélo. Si il la lâche, ne va-t-il pas tomber, se faire mal, se décourager ? Il y a quelque chose d’illogique dans la confiance.
La culture n’est-elle qu’un masque ?
La culture originelle dépend d’abord du masque comme condition de sa survie face à une nature encore trop proche. Puis, la culture vivante s’affirme et le masque devient une seconde nature. Sa véritable origine est alors invisible aux hommes, de même que sa fin pourtant inévitable. Finalement, la culture amorce son déclin, et le masque devient son unique raison d’être. Elle existe par et pour le jeu. Le masque comme stratégie : notre époque.
Souffrant de phobie intersubjective, il ne reconnaissait pas autrui
Thomas Nouthévède souffre d’un mal rarissime, la "phobie intersubjective", qui l’handicape depuis de nombreuses années. C’est à la lecture de Kant, Husserl, Levinas, Jorge Luis Borges et René Girard qu’il parvient peu à peu à revenir à une vie normale. Il nous a raconté son histoire, celle d’un cas-limite qui ébranle l’édifice du moi tel que conçu depuis des siècles par les philosophes. Il va mieux aujourd’hui, reconnaît autrui sans difficulté et compte même se lancer en politique. Témoignage d’une phobie dépassée par les lectures.
Les sans-dents : ma hantise !
Si j’avais à défendre le droit qui est le mien de mépriser les sans-dents, voici ce que je dirais : « Pendant des décennies, mes ancêtres socialistes ont tout comme moi méprisé la classe populaire. Mais les temps étaient autres. Les sans-dents étaient aussi stupides qu’ils le sont aujourd’hui, mais ils étaient dociles et respectueux de l’élite socialiste qui prétendait les défendre. Il suffisait de les haranguer du haut d’une tribune pour qu’ils se mettent en marche et nous portent au pouvoir.
De l’urgence de la lenteur
De l’urgence de la lenteur ? « J’ai lu Guerre et Paix en vingt minutes, dit Woody Allen. Ça parle de la Russie. » Finement observé. Le temps est le mal du siècle, le lieu du manque universel, la cascade où nous propulse brutalement l’urgence. Tout le monde doit manquer de temps et s’en plaindre bruyamment. On peut se demander cependant si se plaindre du manque de temps est digne d’un esprit correctement structuré.
L’innovation destructrice
Le capitalisme mondialisé, par-delà les effets de l’innovation destructrice, nous interroge : comment reprendre la main sur un cours du monde qui, parce qu’il est désormais globalisé, nous échappe chaque jour davantage ?
La philosophie, méditation de la mort ou de la vie ?
Quelle place accorder à la vie et à la mort en philosophie ? Eric Delassus met en parallèle Pascal qui voit dans le divertissement un échappatoire à la mort et Spinoza qui voit dans la philosophie une méditation non de la mort, mais de la vie.
Descartes et le rap ego cogito
Les Bonnes feuilles du livre "Rap'n Philo" de Francis Métivier ! Le rap egotrip est une sorte très spéciale d’ego cogito trip, de cogito ergo sum de Descartes. Il est, dans un premier temps, affirmation du « je », du sujet pensant-rappant.
Les droits des animaux participent à la reconnaissance d’un droit à la vie !
Il ne suffit donc pas d’avoir des « devoirs indirects » envers les animaux comme le recommande Kant ; mais il est nécessaire de reconnaître une valeur intrinsèque aux animaux afin de leur attribuer des droits. Il faut de ce fait traiter les animaux pour eux-mêmes, comme des êtres qui ont des buts.
La voie de la violence est-elle sans issue ? A propos du film « Night moves »
Parce que la liberté entraîne la double possibilité de nous sauver – en posant des fins non pas idéologiques, mais politiques – et de nous perdre – en cédant au vertige d’un usage illimité de notre pouvoir d’action comme destruction, elle demeure, selon l’ heureuse formule de Cioran, un « principe éthique d’essence démoniaque » (Précis de décomposition).
Les animaux doivent-ils avoir des droits ?
Réfléchissons… Qu’est-ce qui nous retiendra de traiter les hommes comme des bêtes quand on se sera convaincu que les bêtes doivent être traitées comme des hommes ?
Vive la culture générale !
De la culture générale nous sommes passés à la culture généralisée. Or, c’est une véritable passerelle entre les choses qu’il faut établir pour savoir ce qui les relie entre elles, à la différence du spécialiste qui ne peut le faire que sur un objet restreint dans un domaine bien précis.
Deux sexes : est-ce bien naturel ?
Luce Irigaray ne nie nullement la dualité des sexes : elle conteste la fausse dualité qui a été imposée par le sexisme phallocrate. Les deux sexes se trouvent désormais égaux devant une merveilleuse aventure : celle qui consiste à se découvrir réellement, à apprendre qui ils sont, dans le respect mutuel, dans la recherche de différences non hiérarchisantes et dans la quête d’une authentique complémentarité.
Hamlet et la question du moi futur
Hamlet est prisonnier d'un savoir qu'il est le seul à connaître. Face au passé qui nous empêche, n'est-ce pas l'avenir et le chemin de la responsabilité qui permet de dépasser le dilemme entre "savoir" et "faire". S'il s'était plus intéressé aux Danois et moins à son père, Hamlet s'en serait peut-être sorti !
Théorie du genre : d’une confusion l’autre …
Gardons nous donc de céder, sur cette question du genre comme sur d’autres, à l’illusion d’un fondement naturel de la société et des lois. Les femmes doivent jouir des mêmes droits que les hommes. Au nom de l’humanité et au nom de la culture, non de la nature.
Du droit de préférer
L’égalitarisme forcené qui a gagné nos élites (il n’a pénétré que très superficiellement les masses) entraîne une conséquence trop rarement dénoncée : l’affirmation d’une préférence, sur les plans culturels, religieux, esthétiques, est immédiatement perçue comme une atteinte à la dignité humaine, comme une discrimination.
Dekhar(tes) ou la nécessité d’un doute radical médiatique
Nous assistons non plus au travail des Médias, mais à celui des Immédias. La médiation entre l’actualité et ceux qui la présentent se réduit à petit feu. Réintroduisons la pratique du doute méthodique, car le doute vanté par Descartes n’est pas la marque d’un échec, il est une méthode lucide pour déjouer les tours du réel et de ses illusions.
Le Gode n’est pas mort !
Trois révolutions industrielles, superposées à trois vagues de féminismes, pour que « faire jouir » une femme demeure une affaire de temps et de technique. Dans le nouvel ordre économique et sexuel, la clitocratie est une phallocratie comme toutes les autres.
La mort et la maladie, des accidents inévitables
Notre corps est un jeu de forces qui s'affrontent chacune à des niveaux de complexité différents en n'ayant qu'un seul but : subsister aussi longtemps qu'il est possible.
Le sexe indéterminé : un nouveau droit de l’homme ?
La nouvelle a fait le buzz des gazettes en cette fin d'été 2013 : on a inventé en Allemagne un troisième sexe. Et ce, sous la haute autorité du Bundestag et de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe.
Soin, guérison, société, histoire
le soin complet et pas seulement dans les situations extrêmes de fin de vie, consiste à partir des relations entre les vivants humains, avec ce qu’elles comportent d’une liberté et d’une égalité que les abus mêmes de pouvoir révèleront et confirmeront toujours.
Musique et interprétation (3) : vers une approche relativiste et pragmatique
Et si les pratiques musicales pouvaient mieux interpréter l’humanité que celle-ci n’interprète la musique?
Musique et interprétation (2) : vers une approche herméneutique
S’il est donc vrai que la musique est l’art du temps, elle est d’abord l’art des sons réalisables dans le temps, nécessairement et prioritairement, un art des expériences sonores interprétables plusieurs fois dans un continuum spatiotemporel précis.
Musique et interprétation (1) : vers une approche morphogénétique
Partons de la question à la fois faussement naïve et vraiment fondamentale : qu’est-ce que la musique ?