Stéphane Braconnier
Stéphane Braconnier fit ses études de philosophie à l’Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, avant une courte expérience dans le journalisme. Partant vivre en Corse, il fit son droit à l’Université Pascal Paoli et se lança dans l’entreprenariat. Il écrivit trois recueils de poésie intitulés respectivement Testostérone, L’Évasion sensuelle et Coup de pied dans la fourmilière, publiés aux Éditions Amalthée. Depuis 2013, a été est professeur de philosophie dans l'académie d’Ajaccio, puis de Nantes.
TRIBUNE : Le féminisme constitue une idéologie qui est aujourd’hui au cœur des débats de société. Selon Stéphane Braconnier, elle repose sur une fallacieuse égalité entre l’homme et la femme que la biologie ne saurait consacrer : Outre de remettre en cause les fondements de notre société avec la promotion de l’écriture inclusive, le mouvement féministe aurait pris une ampleur à même de renverser les valeurs, les hommes devenant le sexe faible. Mais cette fausse égalité se retournerait finalement contre les femmes, ce nouveau sexe fort, avec l’émergence de la trans-identité.
Le miroir aux alouettes démocratique
TRIBUNE : «La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes.». C’est cette idée, devenue poncif voire sophisme, que Stéphane Braconnier nous invite à interroger ici. Ne faut-il pas en effet reconnaître que, mis à part quelques trop rares exceptions, la grande majorité des États qui se prétendent démocratiques ne le sont guère, malgré leur propagande incessante en ce sens. D’une part, du fait même de leur constitution qui exclut les citoyens de toute gouvernance et, d’autre part, compte tenu des impérialismes qui président aux relations internationales, lesquels attentent à la notion de souveraineté des États inhérente à toute idée de démocratie.
Nahel : un assassinat consécutif à un procès d’intention
TRIBUNE : La dérive sécuritaire a introduit les procès d’intention dans notre justice pénale. De nos jours, on peut être sanctionné pour ce qu’on n’a pas commis, mais qu’on pourrait éventuellement commettre, une telle hypothèse étant laissée à l’appréciation des forces de l’ordre, en parfaite rupture de la séparation des pouvoirs. Si, selon Montesquieu, la démocratie dépend d’une telle séparation, on peut considérer que le Code de la sécurité intérieure la remet gravement en cause. C’est à cette question que Stéphane Braconnier entend nous faire réfléchir dans cette tribune, suite à la mort de Nahel et à ses répercussions.
Les professeurs de philosophie réduits au tapin intellectuel
TRIBUNE : Si l’amour est précieux, on sait combien il est rare. Or, il est au cœur même de la démarche philosophique, ne serait-ce que par son étymologie. La philosophie s’avère-t-elle aussi rare que ce sentiment exaltant ? Est-elle marchandée par des mercenaires de l’esprit et l’État ne chercherait-il pas à la prostituer ? À y regarder de plus près, peut-elle se révéler frelatée, telle une breloque dorée vendue pour un bijou en or massif ? Bref, la philosophie ne se serait-elle pas nettement B.H.Lisée, ose ici se demander Stéphane Braconnier.
Vivre ou mourir, tout est là ?
TRIBUNE : Le débat sur l’euthanasie ressurgit. Dans son rapport, le Comité Consultatif National d’Éthique contredit l’opinion publique qui y est favorable et aménage seulement la pénalisation de l’euthanasie. Aucun lien n’est établi entre l’euthanasie et le suicide, comme si la vie était belle, quand sa fin le serait moins. C'est sur ce sujet d'actualité que Stéphane Braconnier éclaire ici, à la fois socialement, politiquement et philosophiquement.
L’I.V.G. : Droit naturel ou enjeu démocratique ?
TRIBUNE : La misère pose cruellement la question de l’avortement, et c’est de ce sujet d’actualité que Stéphane Braconnier aimerait débattre. Récemment, la Cour Suprême des États-Unis vient en effet d’en restituer la légalisation aux différents États américains qui vont se départager sur la question en fonction de l’imprégnation religieuse de leur territoire. Globalement, l’Europe s’élève contre cette décision, alors même qu’elle n’a jamais garanti l’I.V.G. à sa population et que personne ne considère l’avortement comme le triomphe d’un individualisme antisocial.
Ah ! Les mauvaises langues
TRIBUNE : En cette Journée de la Francophonie, Stéphane Braconnier veut montrer qu'il existe une corrélation profonde entre l’intégrité d’une nation et son unité politico-linguistique. Sans intelligence commune dont la langue s’avère le vecteur, un pays s’achemine lentement mais sûrement vers sa désagrégation et devient la proie de ses voisins à l’unité plus affermie. En ce sens, la disparité des idiomes en son sein n'engendre-t-elle pas des inégalités de traitement et une atteinte à la cohésion nationale ? Quant au régionalisme et au communautarisme, ne favorisent-ils pas une telle déliquescence ?
ANALYSE : La technique sert à l'homme d’échasses pour toiser les autres espèces animales et ses propres congénères au mode de vie primitif, mais les techniques rudimentaires que ceux-ci utilisent assurent leur survie quand les nôtres préparent notre apocalypse. Outillé à l’excès, l’homme surnuméraire s’extermine à en faire le moins possible.
Le pass sanitaire, nouvelle étape dans l’affaiblissement de l’état de droit
ANALYSE : La sûreté constitue certes un droit naturel et imprescriptible de l’homme de valeur constitutionnelle puisqu’elle est consacrée par l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Sa reconnaissance nous préserve des abus de l’État, mais elle ne saurait perdurer sans l’état de droit qui la met en œuvre. Or, depuis plus d’une vingtaine d’années, cet état de droit se délite au gré des peurs qu’on nous suggère, estime Stéphane Braconnier, qui voit dans le pass sanitaire un nouveau signe, majeur, de cette regrettable dynamique historique.
Bobard démocratique ?
TRIBUNE : Alors que les élections départementales et régionales ont été marquées par un record absolu d'abstention, l'édifice démocratique interroge, et pas seulement en France, mais dans beaucoup de pays occidentaux. Avec son ton libre autant qu'avec ses solides références, le philosophe constate que la démocratie représentative souffre d'un vice originel : elle repose incidemment sur une propagande, qui n'est pas l'apanage des régimes totalitaires, comme le montre l'histoire démocratique des Etats-Unis.
L’«égalité», un poison contre les cultures ?
TRIBUNE : Toucher à la sacro-sainte égalité est suspect dans une société qui en a fait l'une de ses valeurs cardinales. Avec son franc-parler habituel, mais aussi la rigueur avec laquelle il fait résonner les grands textes philosophiques entre eux, Stéphane Braconnier pose une question qui fâche : et si l'égalité était une invention culturelle des plus dangereuses pour les cultures ? Et si en voulant subsumer sous des entités abstraites toute la diversité du monde, l'égalité était de cette catégorie des bonnes intentions dont est pavé l'enfer ?
Sans frontières, l’illusion du bonheur pour tous et de l’unité de tous
TRIBUNE : «Le bonheur est une idée neuve en Europe», écrivait Saint-Just. La phrase est mémorable car elle traduit cet idéal national fédérateur aux relents quelque peu matérialistes, que nous avons adopté depuis la Révolution française. Selon Stéphane Braconnier, qui cite Le Bon, Locke, Malthus, Proudhon, un tel idéal s’avère vain si les contours de l'espace dans lequel il s'inscrit ne sont pas définis.
La citoyenneté, un crime contre l’humanité ?
TRIBUNE : Stéphane Braconnier veut nous inviter à ne pas confondre l’homme et le citoyen, qui pensent différemment et dont les intérêts et les motivations s’opposent. La logique de l’un n’est pas celle de l’autre tant si bien qu’ils ne se comprennent plus. Ce qui est légitime pour l’un est illégitime pour l’autre et il convient d’appréhender ces deux logiques différentes si on veut tenter de les réconcilier au sein d’un corps social apaisé à travers la justice.
«Tu peux dire ce que tu veux, alors : ferme-la» ?
TRIBUNE : Dans un beau texte qui relate deux expériences vécues comme professeur de philosophie face à ses collègues et ses élèves, Stéphane Braconnier constate avec amertume l'affaiblissement de la liberté d'expression en France, qui recule devant une parole devenue égotiste autant que devant un culte mou du consensus.