L. Hansen-Löve
Professeur agrégée de philosophie, Laurence Hansen-Love a enseigné en terminale et en classes préparatoires littéraires. Aujourd'hui professeur à l'Ipesup, elle est l'auteur de plusieurs manuels de philosophie chez Hatier et Belin. Nous vous conseillons son excellent blog hansen-love.com ainsi que ses contributions au site lewebpedagogique.com. Chroniqueuse à iPhilo, elle a coordonné la réalisation de l'application iPhilo Bac, disponible sur l'Apple Store pour tous les futurs bacheliers.
BONNES FEUILLES : Nous publions avec plaisir un extrait de 'Planète en ébullition' (éd. Ecosociété, 2022), le nouvel essai de notre chroniqueuse, qui revient notamment dans ce chapitre sur la différence, mais aussi la porosité entre écologue et écologiste. Le mythe de Gaïa repris par les écologistes aujourd'hui n'est-il justement qu'un mythe ? Ou ne dit-il pas quelque chose de plus scientifique et philosophique sur notre rapport au vivant ?
Vladimir Poutine, le «fou de Moscou»
BILLET : «Le pouvoir corrompt inévitablement le libre usage de la raison», disait Kant. Peut-on appliquer ce jugement à Vladimir Poutine qui a décidé d'envahir l'Ukraine. La philosophe Laurence Hansen-Löve s'interroge : est-il fou, ou est-il devenu fou ?
Se faire vacciner ou non : un droit, un devoir, une responsabilité ?
BILLET : Les propos d'Emmanuel Macron qui veut «emmerder» les Français non vaccinés n'en finit pas de choquer. D'aucuns estiment qu'il a seulement eu tort sur la forme, mais qu'il a raison sur le fond, quand d'autres considèrent que cette sentence révèle une dérive liberticide plus substantielle. Qu'en penser ? La philosophe Laurence Hansen-Löve a convoqué Emmanuel Kant, Vladimir Jankélévitch et Jean-Paul Sartre.
Face à la violence, faut-il désespérer de l’humanité?
BONNES FEUILLES : Peut-on réellement considérer que la violence dans le monde a régressé au cours des siècles ? Où se cache encore la violence dans notre modernité prise de doute ? Peut-on la conjurer autrement que par elle-même ?
Peur sur la ville
BILLET : En quelques mots, la philosophe Laurence Hansen-Löve s'interroge sur ce qui se cache derrière le masque. N'est-il pas le signe du passage d'une société ouverte à une société fermée ? Le vecteur d'une révolution existentielle ?
«Seule la violence paie» : anatomie d’un mensonge
TRIBUNE : En parcourant le monde de 2019, Laurence Hansen-Löve observe la place toujours centrale de la violence, comme si celle-ci devait éternellement l'emporter, à rebours de l'idée d'un progrès moral de l'humanité.
Les écologistes sont-ils les ennemis du peuple ?
BILLET : L'écologie n'est pas une nouvelle idéologie au service d'un futur totalitarisme. Au contraire, les écologistes doivent se méfier de leur pessimisme car le désespoir ne fait jamais recette en politique.
TRIBUNE : Laurence Hansen-Löve soutient les jeunes qui souhaitent manifester pour le climat, le 24 mai. La philosophe rappelle que l’exigence de vérité comporte une dimension éthique. On aurait tort de stigmatiser les jeunes qui sont en réalité à la hauteur de l'«angoissante mais indéfectible responsabilité des hommes».
Mieux vaut préserver l’humanité que l’améliorer
BONNES FEUILLES : Dans son nouvel essai "Simplement humains", la philosophe critique sévèrement les prophètes de la posthumanité comme Yuval Noah Harari. Face à la crise écologique et à la révolution technologique, elle plaide pour une responsabilité partagée qui prenne en compte le risque tragique de franchir en matière de catastrophe le seuil de l'inéluctable.
Le ni-ni, une option révolutionnaire ?
TRIBUNE - Favorable à la morale de responsabilité, la philosophe renverse la maxime de La Boétie : «Pour ne plus être libre, il suffit de ne plus rien attendre ni espérer et de laisser faire les autres».
Comment vaincre les passions tristes en politique ?
TRIBUNE - Une politique inspirée par Spinoza devrait d'abord combattre les passions tristes véhiculées par le national-populisme planétaire. Mais les partis sont pris dans un "narcissisme des petites différences" qui leur empêchent d'être clairvoyants, ce qu'illustrent les primaires du PS.
Alep : quel est ton camp ?
TRIBUNE - Notre chroniqueuse était présente au rassemblement parisien en hommage aux victimes d'Alep. Dans le jugement moral que nous portons, elle en appelle à ne pas oublier la raison du cœur qui ne peut être supplantée par la raison calculatrice.
Les catégories de Bien et de Mal se sont lentement mais sûrement estompées
BONNES FEUILLES : la science du Bien et du Mal n’a jamais existé et nous avons cessé, nous les Modernes, de nous en offusquer.
Daech : le totalitarisme est d’abord un langage
ANALYSE : Daech obéit aux catégories d'un totalitarisme, notamment par l'analyse de son langage. Ce sont des théoriciens dont le projet est extrêmement élaboré, réfléchi, construit, « rationnel », programmatique et même « révolutionnaire ».
TRIBUNE : Le barbare, c’est celui qui croit en la barbarie. La formule de Claude Lévi-Strauss signifie que la notion de « barbarie » qualifie une représentation du monde conduisant à dénier à l’Autre, c’est-à-dire à celui qui n’appartient pas à ma tribu, son appartenance à l’espèce humaine.
Vaincre la peur
BILLET : pour Laurence Hansen-Löve, vaincre la peur est un dessein philosophique et un impératif moral et politique. Relisons à cet effet La Boétie, Spinoza et Descartes.
Islam, religion et totalitarisme
TRIBUNE : La religion peut rendre fou. En l’occurrence, une certaine interprétation d’une certaine religion. La religion en question doit-elle incriminée pour autant ?
La philosophie comme un roman. Nouveau dialogue avec Socrate !
Dans "La philosophie comme un roman", LHL interviewe les philosophes, de Socrate à Hannah Arendt. En voici un exemple, avec Socrate ! Propos "recueillis" par Laurence Hansen-Löve.
La voie de la violence est-elle sans issue ? A propos du film « Night moves »
Parce que la liberté entraîne la double possibilité de nous sauver – en posant des fins non pas idéologiques, mais politiques – et de nous perdre – en cédant au vertige d’un usage illimité de notre pouvoir d’action comme destruction, elle demeure, selon l’ heureuse formule de Cioran, un « principe éthique d’essence démoniaque » (Précis de décomposition).
A propos du travail dominical : « Que l’autorité se borne à être juste » !
Les lois ne sont pas intangibles. Le monde bouge. Mais surtout : laissez moi décider si je veux travailler ou pas, et consommer ou pas, et à quel moment de la semaine !
Malaise dans la civilisation
C’est à Freud qu’il revient d’avoir montré en quel sens la civilisation qui, en principe, nous libère et nous humanise, est en même tant la plus constante et la plus sévère de nos « ennemies ».
Que reste-t-il du propre de l’homme ?
Un enfant de 4 ans est malgré tout bien plus inventif qu’un robot qui sait jouer aux échecs mais qui n’est pas en mesure de nous surprendre vraiment (« le robot qui battra mon gamin au foot n’est pas né »), ni de nous amuser. En revanche, les chimpanzés, les perroquets et les chats, par exemple, ont le sens de l’humour. Inutile de consulter les plus grands experts en la matière (qui le confirment) pour s’en convaincre. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les abondantes vidéos de chats farceurs ou de perroquets hâbleurs ; ces infatigables humoristes nous font oublier une minute notre dérisoire outrecuidance.
En démocratie, le lieu du pouvoir est vide
Les élections ne font pas la démocratie. Il existe aujourd’hui dans le monde de nombreux régimes qui se disent démocratiques. Pour une raison toute simple et qui peut sembler probante : leurs dirigeants ont été élus, puis reconduits, parfois même à plusieurs reprises. De plus, les institutions de ces pays comportent, quoique dans des proportions variables, des formes démocratiques. On parlera même, dans certains cas, de « démocratie participative », notamment au niveau local. C’est le cas, par exemple, au Venezuela. Hugo Chavez a été jusqu’à instaurer, en 2004 le « référendum révocatoire à mi-mandat », et il se l’est appliqué à lui-même. Impressionné, J.L. Mélenchon, de retour du Venezuela, a déclaré en août 2012, que ce pays « était plus démocratique que la France ».
La monstrueuse incompréhensibilité ou le massacre de Houla
Aujourd’hui nous ne disposons plus du recours de l’inconscience ou de l’ignorance. Mais l’impuissance demeure. Inchangée.
Laure Manaudou, le retour héroïque
Certains protesteront : la notion d’ « héroïsme » n’est-elle pas ici décalée, voire dérisoire ? Il y a loin entre la personnalité aux multiples facettes de notre épatante championne et l’idée que l’on se fait habituellement du « héros », ce quasi surhomme que le peuple adule et auquel la patrie rend légitimement un culte.
Syrie : l’éternel retour du même
Où Bachar El-Assad veut-il en venir exactement ? A-t-il l'intention de réduire en cendres un quartier de la ville de Homs ? Ou bien la ville tout entière ? Lui semble-t-il opportun de liquider une partie de son propre peuple afin de préserver la paix sociale telle qu'il la conçoit ? Espère-t-il en finir une fois pour toutes avec ses opposants, non seulement déclarés, mais aussi potentiels ? Nul ne sait.
Le chef de gare
« Aucune société n'est foncièrement bonne ; mais aucune n'est foncièrement mauvaise ; toutes offrent certains avantages à leurs membres, compte tenu d'une iniquité dont l'importance paraît approximativement constante » écrivait Claude Lévi-Strauss (Tristes tropiques, p 347). Par conséquent, poursuivait-il : « Ceux qui ne pensent pas ainsi versent dans l'absurdité qu'il y a à déclarer une culture supérieure à une autre » (Anthropologie structurale deux, p 413).